Sur la zone du XIIIè arrondissement un ivrogne blesse grièvement sa
femme d'un coup de couteau
Le Petit-Parisien — 30 août 1933
Au numéro 1 de la villa Sainte-Hélène, tout près de la
poterne des Peupliers, sur la zone annexée du XIIIè arrondissement, la
famille Nesler occupe une baraque de trois pièces, au fond d'un petit
terrain clos dont elle est locataire. Le mari, Émile, trente-sept ans,
chaudronnier, est bon travailleur mais sujet à des mouvements de
violence souvent provoqués par la boisson. Sa femme Mathilde, née Lehay,
trente-trois ans, est fleuriste place d'Italie. Ils ont deux enfants, un
garçon de dix-sept ans, né d'un premier lit, et une fillette de trois ans,
la petite Jeannine.
Mariés depuis dix ans, les époux ne s'entendent guère. Les discussions
sont fréquentes et les coups pleuvent. Souvent les voisins doivent
intervenir pour calmer l'homme menaçant.
Il y a environ six jours, Émile Nesler disparaissait, laissant les
enfants aux soins de sa femme et l'on n'avait plus entendu parler de lui
depuis ce temps lorsqu'il revint dans la maisonnette dimanche dernier.
― Je viens chercher mes affaires, dit-il.
De fait, Il prit son linge, ses vêtements et s'en fut de nouveau.
Hier, vers 17 h.30, alors que la fleuriste lavait dans une lessiveuse
qu'elle avait installée sur une table de cuisine dans la courette, il surgit
soudainement devant elle.
― Que veux-tu, lui demanda la femme, qui vit tout de suite qu'il avait bu
plus que de raison.
― Je viens pour te tuer, répondit l'ivrogne.
Et, ouvrant le tiroir de la table, il saisit un des trois couteaux
de cuisine qui s'y trouvaient et en plongea la lame dans le dos de la
malheureuse qui poussa un grand cri et s'affaissa. L'homme hébété se laissa
arrêter par les voisins qui le remirent aux mains des agents, cependant que
la blessée était transportée à la Salpêtrière un poumon perforé. On espère
cependant la sauver.
M. Barnabé, commissaire par intérim de la Maison-Blanche, qui a pu
interroger la blessée dans la soirée et a connu ainsi les circonstances du
drame, a envoyé le mari au dépôt. La petite Jeanine a été confiée à la sœur
de la victime.

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