Deux voleurs d'autos arrêtés sur les… toits
Le Petit-Parisien — 19 août 1931
Pourchassés et étant entré en collision avec un taxi, ils avaient
abandonné la voiture et leur compagne et s'étaient réfugiés dans un immeuble
de la rue Poliveau.
Les voleurs d'automobiles jouent de malchance depuis quelques semaines.
Traqués, surveillés, dépistés, lorsqu'ils échappent à la police, un accident
vient généralement mettre fin à leurs déplorables agissements.
Tel est le cas des jeunes voleurs : Roger Bartel, né le 28 juin 1912 à
Choisy-le-Roi, plombier, sana domicile fixe; Maurice Goujaud, né le 7
décembre 1910 à Paris, également sans domicile, et Jeanne Importe, femme de
mœurs légères, née le 22 mars 1899 à Paris, et demeurant 102, avenue d'Ivry.
Ce trio de malfaiteurs, sorti indemne d'une collision au cours de laquelle
un chauffeur de taxi fut blessé, a été heureusement « cueilli » grâce à la
prompte intervention de la police, après les péripéties d'une chasse à
l'homme qui ne laissa pas d'être émouvante. Il était 13 heures et quart,
hier. L'agent Jolicierc, en service au carrefour Tolbiac, fut interpellé
d'une voiture conduite par M. Poitreau, garagiste, 2, rue Gambetta, au
Kremlin-Bicètre
— Montez avec moi. dit le conducteur. Vite, je suis une voiture volée
hier; nous allons tâcher de la rejoindre. Le gardien de la paix prit
aussitôt place à côté de M. Poitreau, et les deux automobilistes ne
tardèrent pas à rejoindre une conduite intérieure bleue la 735-E-44, où
trois occupants, deux hommes et une femme, semblaient en proie à une vive
inquiétude. Arrivé par le travers de la voiture, l'agent siffla et intima
l'ordre de stopper aux malfaiteurs; mais ceux-ci, accélérant l'allure,
poursuivirent leur route boulevard de l'Hôpital.
Dans leur course, ils heurtèrent durement le taxi 3743-G-7 qui fut
bousculé sur le trottoir gauche et sérieusement endommagé. Le chauffeur, M.
Raoul Depardieu, vingt-trois ans, domicilié 24, rue Michal, blessé, eut de
la peine à se dégager de sa voiture, dont une des roues avait été arrachée.
Tandis qu'on s'empressait autour de la victime, qui fut pansée à l'hôpital
de la Pitié, les deux malfaiteurs prenaient la fuite, abandonnant leur
compagne. Celle-ci tenta, à son tour, de fuir mais elle fut vite rejointe
par l'agent Joliclerc, qui la conduisit au poste de police de la rue
Geoffroy-Saint-Hilaire. Dans le même temps, le poste de police-secours de la
mairie d'Italie était alerté et le brigadier Huvey, accompagné de gardiens,
arrivait sur les lieux de l'accident.
Les fuyards, aux dires des témoins, s'étaient engagés dans un immeuble
portant le numéro 25 de la rue Poliveau et avaient gagné les toits.
L'immeuble fut immédiatement cerné, tandis que les agents Specen, Leduc et
Le Gars réussissaient à atteindre les malfaiteurs après mille acrobaties
dangereuses et d'audacieuses décisions.
Au moment où ils se rendirent, les jeunes voleurs se débarrassèrent
furtivement d'une lourde clé à molette, qu'ils jetèrent dans une cheminée.
Peut-être avaient-ils fait disparaître ainsi, auparavant, une arme, car on
n'en trouva point sur eux.
Conduits au commissariat du Jardin-des-Plantes, les malfaiteurs, qui y
ont retrouvé leur complice, la femme Laporte, déclinèrent leur identité.
L'un, Bartel, avoua avoir volé la veille, vers 20 heures, l'automobile bleue
à la porte d'un cinéma de Bicêtre.
— J'étais sans travail depuis longtemps, a-t-il expliqué je pensais
vendre la « bagnole » et tout au moins en faire mon domicile d'une nuit
(sic). J'ai rencontré Goujaud et sa compagne vers midi, le lendemain, à la
poterne des Peupliers, je leur proposai une promenade en auto et nous nous
dirigions vers la Pitié dans l'intention de rendre visite à des camarades
hospitalisés lorsque nous nous sommes aperçus qu'on était « filés ».
Il a été établi, en effet, que le jeune vaurien avait passé la nuit dans
la voiture qu'il avait « garée » dans un terrain vague de Villejuif.
Les vérifications faites ont permis d'établir que le véhicule appartenait
à M. Paul Blasier, 44, rue de Paris, à Bicêtre.