La barrière de la Glacière
Elle n’avait qu’un seul bâtiment à deux péristyles, chacun de trois
colonnes, — ce qui était suffisant. Son nom lui venait de ce qu’on la
traversait pour aller au village de la Glacière, autrefois célèbre,
aujourd’hui délaissé. Autrefois, dans l’espace compris entre la ruelle
Barrot et la poterne des Peupliers, il y avait une succession de près
qu’inondaient chaque année les deux bras de la Bièvre et aussi la
Fontaine-à-Mulard, où j’ai souvent polissonné avec de petits faubouriens de
mon âge—des échantillons de la nombreuse tribu des Beni-Mouffetard. L’hiver,
l’eau des prés gelait, et, avant d’en casser la glace, on autorisait les
amateurs des deux sexes à y venir patiner. Plus tard, les amateurs
émigrèrent, et aujourd’hui les étangs de la Glacière sont complétement
abandonnés pour les lacs du Bois de Boulogne, — qui offrent pourtant plus de
dangers.
Cette barrière de la Glacière s’est aussi appelée Barriere de Lourcine,
parce qu’elle était située dans le voisinage de la rue de ce nom, que les
frères Lazare affirment être une corruption de Laorcine. Les frères Lazare
sont certainement en posture d’être mieux informés que moi, puisqu’ils sont
employés à la Préfecture de La Seine. Toutefois je me permettrai de leur
rappeler que quelques auteurs ont supposé — avec raison — que ce nom venait
de locus cinerum.
Barrière de Lourcine ou barrière de la Cendrée, c’était tout un.
ALFRED DELVEAU - 1865
Histoire anecdotique des Barrières de Paris
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