Le Marché aux chevaux
Presque en face de la Salpetrière, à l'angle du boulevard Saint-Marcel et
du boulevard de l'Hôpital, est un vaste enclos entouré de grilles, planté d'arbres,
percé d'allées déclives, hérissé de palissades divisées en stalles de diverses
grandeurs c'est le Marché aux chevaux, le temple du maquignonnage, la station
dernière des bêtes fourbues. A l'entrée, on vend à la criée des voitures et
des chevaux; sur les pentes dont nous avons parlé, on essaie les bêtes mises
en vente à l'amiable.
Arrêtez-vous ici un samedi dans l’après-midi, le spectacle mérite d'être
vu. Les bêtes sont exposées, à l'abri du soleil; les maquignons, armés de chambrières,
errent devant les stalles ou engagent la conversation avec les acheteurs que
leur ont amenés des courtiers, industriels malins, qui sauront toucher deux
commissions sur une affaire. L'acheteur se laisse-t-il tenter ? Faut-il
essayer le cheval ? Cent gamins en rupture d'atelier, un éperon au pied
gauche, une vieille cravache à la main, sont prêts à remplir le rôle de jockey.
Portant son cavalier improvisé, le cheval prend le trot, puis le galop, descend
une allée, en remonte une autre; les maquignons l'excitent par leurs cris. Chacun
d'eux, quand la bête passe à sa portée, lui lance, histoire de rire, un vigoureux
coup de chambrière dans les jambes. L'animal fournit une course superbe; l'acquéreur
l'emmène et s'aperçoit, deux jours après, qu'il a acheté une bête poussive,
morveuse ou couronnée.
C'est que nul commerce plus que celui-là n'emploie de ruses ingénieuses pour
tromper sur la qualité de la marchandise toutes les tares qui peuvent frapper
un cheval sont, pour le jour du marché, habilement dissimulées. Le dupé, pour
la plupart du temps, accepte sa déconvenue, certain d'en faire subir une semblable,
huit jours après, à l'ami qui l'a … trompé.
Quant aux chevaux hors d'âge, incapables de tout service, sans poils, sans
dents, aux genoux cagneux, aux côtes saillantes, vous les verrez vendre, à l'extrémité
du marché, à des prix tellement modiques parfois que nous n'osons les écrire.
Qu'il suffise à nos lecteurs de savoir qu'après cette vente dernière, les malheureuses
bêtes n'ont à parcourir languissamment qu'une distance d'environ 500 mètres
pour gagner l'abattoir de Villejuif, en haut du boulevard, tout près de la place
d'Italie. Là, ils seront tués, dépiautés, dépecés, et leurs débris, filets ou
biftecks, iront s'étaler triomphants sur les étaux des boucheries hippophagiques.
Si, quittant le Marché aux chevaux, le touriste a eu la curiosité de suivre
le triste cortège des rossailles — nous parlons la langue du
lieu — partant pour l'abattoir, il aura, sans s'arrêter, probablement aperçu
sur sa droite une modeste construction, pastiche pâle de l'architecture du treizième
siècle. C'est la petite église Saint-Marcel, bâtie en 1856; elle ne mérite pas
une visite.
Alexis Martin
Les étapes d'un touriste en France : Paris,
promenades dans les 20 arrondissements
1890
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