La veillée tragique.
Le Gaulois ― 29 septembre 1915
Les gardiens de la paix Savineau et Grassi étaient de service hier matin
vers cinq heures, rue de Tolbiac, lorsqu'ils virent apparaître, échevelé et
les yeux hagards, l'ouvrier cordonnier Hippolyte Delmas, âgé de cinquante-six
ans.
― Je parie que ce phénomène vient encore de faire des siennes, dit l'agent
Savineau, qui connaissait Delmas pour un déséquilibré.
À peine achevait-il ces mots que Delmas sortait de sa poche un revolver et
faisait feu en l'air.
Appréhendé aussitôt, Delmas fut conduit au commissariat du quartier de la
Maison Blanche. Lorsqu'il pénétra dans le bureau du commissaire, M. Delanglade,
plusieurs personnes s'y trouvaient déjà :
― Le voilà, l'assassin ! s'exclamèrent-elles, d'un commun accord, en désignant
le fou. C'est lui qui vient de tirer un coup de revolver dans le dos de Mlle
Suzanne Gillet !
Interrogé Delmas, tranquillement, narra les circonstances de la macabre
tragédie dont il avait été le promoteur :
― J'étais assis, tout à l'heure, à côté de Mlle Gillet, une voisine, qui
veillait le corps d'un locataire de ma maison, décédé hier, quand je vis entrer
par la fenêtre de la chambre, une nuée de « boches ». Il y en avait !...
il y en avait !... Et ils me faisaient des yeux !... Heureusement, je porte
toujours un revolver chargé. Alors j’ai tiré sur eux, au hasard...
Dans la chambre que les témoins lui désignaient, au deuxième étage de l'immeuble,
71 impasse Baudran, M. Delanglade découvrit, en, effet, baignant dans une mare
de sang, la victime, Mlle Gillet, ménagère, âgée de trente-deux ans, demeurant
8 rue de l'Industrie. A deux pas de là, sanglante et éperdue, se tenait
près du lit mortuaire Mme Laman, qui veillait à son tour le corps de son mari.
Outre son revolver, le dément, atteint de la manie de la persécution, portait
toujours sur lui un coup-de-poing américain et avait le corps couvert d’une
cotte de mailles enfin, l'on découvrit sur sa table de nuit un sabre et une
canne à épée. Il a été dirigé sur l'infirmerie spéciale du Dépôt et sa victime
transportée à Broussais.
Communiqués
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