Des bandits en auto dévalisent une passante puis attaquent une crémière
Le Journal — 17 décembre 1931
D'audacieux bandits, des jeunes gens, si l'on en croit le signalement
donné par les victimes, ont opéré, l'autre nuit, d'abord rue du
Bois-de-Boulogne, à Neuilly, puis rue Brillat-Savarin, en utilisant une
automobile volée.
Vers minuit, Mme Nadgia Zulsicar, âgée de 40 ans, regagnait son domicile,
43, rue du Bois-de-Boulogne, à Neuilly, lorsque, à la hauteur de l'avenue de
Madrid, une automobile, dans laquelle se trouvaient trois individus,
s'arrêta. Un jeune homme d'une vingtaine d'années, de petite taille,
nu-tête, portant un cache-col beige autour du cou, en descendit, arracha le
sac à main de la passante et remonta dans l'auto qui démarra rapidement.
Mme Zulsicar déposa une plainte au commissariat de police de Neuilly, où
elle crut pouvoir indiquer le numéro de la voiture 7.079.
Quelques heures plus tard, à 5 h. 40, Mme Blanche Jaillon, 54 ans,
demeurant, 2, rue Esquirol, remarquait, en ouvrant le dépôt de lait dont
elle est gérante, 18, rue Brillat-Savarin, une puissante conduite intérieure
qui stationnait, phares allumés, à une centaine de mètres de là, rue Kuss.
Tandis qu'elle commençait son travail, la voiture passa devant la
crémerie, stoppa. Deux jeunes gens en descendirent revolver au poing,
pénétrèrent dans la boutique tandis qu'un troisième faisait le guet sur le
pas de la porte.
Passant chacun d'un côté du comptoir, derrière lequel se tenait Mme
JailIon, ils braquèrent sur elle leurs armes.
Puis, de sa main libre, un des agresseurs s'empara du sac à main de Mme
Jaillon qui renfermait un peu plus de 1.100 francs. Couvrant leur retraite avec leurs revolvers, les
malfaiteurs sautèrent dans la voiture dont le moteur continuait de tourner
et au volant de laquelle attendait un quatrième individu. Ils prirent alors
la fuite dans la direction de la place de Rungis.
Sans perdre son sang-froid, Mme Jaillon se précipita sur leurs traces,
releva le numéro de la voiture : 7.079 E, et alerta aussitôt police-secours.
Une enquête a été ouverte.
Dans la matinée, un balayeur de la Ville de Paris rapportait, au
commissariat de la Maison-Blanche, le sac à main de Mme Jaillon, qu'il
venait de trouver, délesté de son contenu, avenue d'Italie, à l'angle de la
rue du Moulinet.
La victime a pu fournir un signalement, d'ailleurs assez vague, de ses
agresseurs. Ce sont des jeunes gens de 17 à 18 ans, vêtus d'imperméables
kaki de bonne coupe. Par contre, elle n'a pu distinguer les traits du
chauffeur.
Le brigadier Lefranc et l'inspecteur Robaglia, de la police judiciaire,
ont été chargés de les rechercher.
Deux ans plus tard ...
En juillet 1933, Fernand Gaspard, Georges Poulin, Marcel Bruneau,
Raymond Regourd et la femme Marie Clément, née Desbrosses, maîtresse de
Gaspard comparaissaient devant la Cour d'assises de la Seine pour y répondre
de multiples vols à main armée dont celui commis au préjudicie de la
crémiere de la rue Brillat-Savarin. (NdE)