Un drame rue de la Maison-Blanche
Le Figaro - 17/02/1897
Plusieurs individus étaient attablés, avant- hier soir, dans un débit de vin,
tenu, rue de la Maison-Blanche, par un nommé Louis P. Une querelle s'éleva entre
les consommateurs et l'un d'eux, Théodore Lasnier, dit Théo, âgé de cinquante-trois
ans, reçut deux coups de couteau au visage.
L'établissement se vida aussitôt. Tout le monde, y compris le patron, s'esquiva
dans la rue, laissant le blessé étendu sanglant sur le carreau. Soudain, deux coups
de feu retentirent.
Un des compagnons de Lasnier, nommé Nicolas Ehlenj dit la Souris, âgé de trente-neuf
ans, venait de recevoir deux balles de revolver, l'une dans la joue gauche,
l'autre dans l'aine droite.
Les agents accoururent et ne trouvèrent que les deux victimes, Lasnier et Ehlen.
Ce dernier déclara que c'était Louis P. qui avait tiré sur lui. Lasnier fit
une déclaration analogue. Mais ils ne voulurent, ni l'un ni l'autre, faire
connaître pour quelle raison on les avait mis en si piteux état. On les transporta
à l'hôpital Cochin où M. Remongin, commissaire de police, est venu les
interroger hier matin. Ce magistrat les a confrontés avec Louis P. qui, ayant appris
la double accusation dont il était l'objet, s'était constitué prisonnier.
Mais, en présence de P. Ehlen et Lasnier se troublèrent, balbutièrent, en proie
à un sentiment visible de frayeur, puis ils finirent par revenir sur leur première
déposition.
En attendant que l'enquête ouverte par le commissaire ait pu faire la lumière
sur ce mystérieux drame, Louis P. a été gardé à la disposition de là justice.
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