Menu haut

SIXIEME ANNÉE N°4866

 

79ème jour de l'année

   


Lundi
19
Mars 1897

 Le scandale des Folies-Bergère évité - 15 avril 1897

Le scandale
des Folies-Bergère évité

Une indisposition de commande.
Intervention du préfet de police. — Exhibition interdite

Le Gaulois — 15 avril 1897

Le Gaulois avait signalé avec une indignation légitime les débuts prochains, sur la scène des Folies-Bergère, de l'ex-princesse et nos confrères, convaincus comme nous du scandale formidable que cette exhibition devait fatalement soulever, nous avaient emboîté le pas. Notre juste appel a été entendu. La « débutante » ne débutera pas. Nous en sommes un peu la cause et nous nous en félicitons hautement. En cette circonstance, M. Lépine a droit à nos remerciements et nous les lui marchanderons d'autant moins qu'on sait que les fonctionnaires de la république nous donnent rarement l'occasion de les féliciter.

On lira plus loin à la rubrique du « Courrier -des spectacles » la note officielle que le théâtre des Folies-Bergère nous a adressée pour nous faire savoir que l'ex-princesse ne débutait .pas ce soir sur la scène de la rue Richer.

Cette note nous montre la débutante empêchée par un état maladif d'une certaine gravité. Il y est question d'influenza, de fièvre intense, de complication pulmonaire. A la vérité, et fort heureusement pour l'héroïne en cause, sa santé est excellente et les raisons pour lesquelles les amateurs de scandales ne. la verront pas ce soir sont à un ordre-tout à fait différent.. Les voici dans toute leur simplicité.. Hier matin, M. Marchand, directeur des-Folies-Bergère, était appelé chez le préfet de police, qui lui demandait officieusement de renoncera faire débuter celle qui sur l'affiche devait porter le nom de l'ex-princesse.

Le scandale, prétendait le préfet, serait extraordinaire et des renseignements qui lui étaient fournis, il ressortait que la débutante serait huée, qu'une foule de gens s'étaient procurés des sifflets à roulette et qu'on lui jetterait à la face des lapins vivants, des pelures de pommes de terre et d'autres objets innommables.

M. Marchand répondit au préfet qu'il redoutait autant que lui ce scandale et que si la « débutante » consentait à renoncer à ses projets de paraître sur son théâtre,  il s'en montrerait fort heureux pour sa part. D'ailleurs il craignait si fort les manifestations brutales qu'il avait interdit qu'on servit aucune consommation dans la salle et qu'il avait fait supprimer les petits bancs et les lorgnettes automatiques.

— Puisque vous partagez mon avis lui, dit le préfet, voyez l'ex-princesse, et tâchez qu'elle ne soit pas hostile à nos sages projets.

» D'ailleurs, je vais la convoquer pour ce soir, six heures, et je vous prie de revenir à mon cabinet à la même heure. »

Puis, congédiant M. Marchand, le préfet ajouta :

— Allons, je commence à croire que nous parviendrons peut-être à éviter tout scandale.

A six heures précisés, M. Marchand arrivait à l'hôtel du boulevard du Palais, où, depuis un quart d'heure, la débutante l'avait précédé. L'héroïne fut reçue la première. Le préfet fit valoir à ses yeux les motifs les plus sérieux qui devaient la détourner de s’exhiber à la foule. Comme la « débutante » semblait ne pas goûter ces raisons et qu'elle prétendait avoir le droit de débuter, le préfet lui fit comprendre qu'il ne voulait prendre officiellement aucune mesure vexatoire avant la représentation, mais que si celle-ci était scandaleuse, ce qui était absolument certain, il se verrait dans la nécessité cruelle de sévir en fermant le théâtre où elle aurait eu lieu et en invitant peut-être la «débutante » a quitter le territoire français — mesure qu'il la suppliait de ne pas l'obliger à employer.

Puis, très amicalement, très paternellement, M. Lépine insista sur des questions d'ordre privé.

Il fut éloquent et persuasif, car à six heures et demie précises, l'ex-princesse, très émue, renonçait à paraître sur la scène des Folies-Bergère.

Ce début à sensation n'aura donc pas lieu, et le scandale que nous redoutions et qui eût été plus formidable que nul ne peut le soupçonner, est heureusement étouffé.

La Presse a quelquefois du bon !

*
*      *

En quittant l'hôtel du Palais, Mme Clara Ward est rentrée à son hôtel, où à peine installée, elle a reçu la visite d'un médecin, elle n'a pas eu de peine à jouer le rôle de malade qui doit expliquer au public sa décision de ne pas paraître aux Folies, car elle était effectivement souffrante.

Le docteur a indiqué l'ordonnance suivante:
Prendre par jour, en deux ou trois fois, deux à trois cuillers à potage de la potion suivante, diluée dans un verre de tisane de mauve :

    Acétate d'ammoniaque 15 gr
    Alcool de racine d'aconit 30 gouttes
    Sirop de codéine 100 gr.
    Eau de fleurs d'oranger 40 gr.

Mme Clara Ward n'a pas décidé encore si elle resterait à Paris ou si elle repartirait pour Berlin, où des offres brillantes lui sont faites par la Belle-Alliance, un music-hall renommé sur les bords de la Sprée.

Ce que nous savons, c'est qu'aujourd'hui même l'héroïne de ce petit roman doit aller poser chez un de nos grands photographes dans le costume suggestif qu'elle devait endosser aux Folies-Bergère.

Enfin, cette tragédie finit heureusement en opérette Mme Clara Ward renonce au théâtre, en France du moins, et rentre ainsi dans la vie privée. Nous n'avons plus à nous occuper d'elle, et nous espérons bien qu'il en sera toujours ainsi.

Ajoutons que Mme Clara Ward qui s'est sagement abstenue d'envoyer du papier timbré au Gaulois aurait moins sagement décidé d'en adresser à un de nos confrères.

Maubersac

 DRAME ÉTRANGE

DRAME ÉTRANGE

TENTATIVE D'ASSASSINAT SUR UN PRÊTRE

Le coup de couteau de Mlle Pépé — Folie mystique et chantage — Un guet-apens — En portant les saintes huiles — La coupable en fuite.

Monomanie mystico-criminelle accompagnée d'accès hystériformes, diront les médecins appelés à examiner cette femme qui, dans sa maturité maladivement exaspérée, a tenté de tuer, hier matin, un vicaire de l'église Saint-Médard. Et ce cas n'est pas unique. On se souvient de cet infortuné et charitable abbé de Broglie, de ce saint homme qu'une « vieille garde du bigotisme » — on nous pardonnera certainement cette expression — assassina il y a quelques années parce que, après s'être dérobé à ses avances passionnelles, il lui avait finalement refusé l'absolution.

Qu'ils soient du village ou de la ville, les prêtres, des hommes après tout, sont souvent l'objet de ces amours bizarres où la spiritualité se mêle à la charnalité, de ces passions écloses dans des âmes à la fois simples et tourmentées de vieilles filles, de ces postulations qui, malgré qu'elles s'élèvent jusqu'à l'Homme-Dieu étendu sur sa croix, s'accrochent à la soutane du prêtre qui sert ce Dieu et le matérialise en quelque sorte sur la terre. Un vicaire attaché à une grande paroisse de Paris nous disait hier, à propos de l'assassinat commis sur la personne de son collègue de Saint-Médard :

— Tous les jours, nous avons à nous défendre contre de pauvres femmes, des malades évidemment, dont les sentiments religieux, au lieu de monter vers le Dieu de Justice et de Miséricorde qui gouverne l'univers, s'arrêtent à nous. Ces manifestations d'amour prennent souvent pour nous des formes extrêmement gênantes, et certains de mes collègues pourraient vous dire que leur existence s'est trouvée empoisonner pendant de longues années par les démonstrations aussi compromettantes que persistantes de leurs ouailles. C'est principalement parmi les femmes du peuple, les domestiques, les ouvrières, ces pauvres créatures dont les sentiments se trouvent comprimés par la servitude, que se manifestent les turpitudes sentimentales dont nous ne pouvons souvent nous délivrer qu'en refusant l'absolution à celles qui y sont en proie. Au grand amour que ces malheureuses professaient pour nous succède bientôt la haine, et la haine entraîne Bientôt la vengeance.

En effet, l'abbé Émile Ménard, le vicaire de Saint-Médard auquel nous avons fait allusion plus haut, parait avoir été victime d'une vengeance de cette nature, précédée de tentatives de chantage.

Le coup de couteau.

L'abbé Ménard quittait son église vers neuf heures et demie du matin pour aller porter tes derniers sacrements à une pauvre femme qui, agonisante, avait fait demander les secours de la religion. Il se dirigeait vers la rue Claude-Bernard, où habitait la moribonde, quand, arrivé au carrefour formé par les rues Monge et de Bazeilles, une femme d'une quarantaine d'années, portant une toilette grise et coiffée d'un chapeau suranné à plumes rouges, s'avança à sa rencontre. Elle s'arrêta, laissant l'abbé Ménard passer devant elle et le foudroyant d'un regard haineux.

Le vicaire de Saint-Médard avait à peine fait quelques pas que l'inconnue s'élançait sur ses traces, dans un mouvement furibond, et le frappait d'un coup de couteau dans le dos. Puis, satisfaite de son acte, elle pirouettait sur ses talons et s'enfuyait bientôt à toutes jambes par les rues du Fer-à-Moulin et de la Collégiale.

Quoique blessé assez, grièvement, l'abbé Ménard ne trébucha point ; au contraire, faisant un effort sur lui-même, il continua sa route avec la volonté d'arriver à temps pour accomplir son ministère ; mais, chemin faisant, ses forces le trahirent un peu, et il dut songer à regagner son domicile, 20, avenue des Gobelins.

Un chiffonnier, nommé Gustave Cochoneau, avait été témoin de la tentative de meurtre accomplie sur l'abbé Ménard ; celui-ci, se sentant frappé, avait même dit au porte-hotte, en lui désignant la femme qui fuyait « Faites arrêter cette malheureuse; elle vient de m'enfoncer quelque chose dans le dos. » Cochoneau s'était bien mis à la poursuite de la femme, mais cette dernière, quand elle s'était trouvée une centaine de mètres du théâtre du drame, avait apporté une telle précipitation dans sa fuite qu'il fut impossible de la rejoindre. Rentré chez lui, l'abbé Ménard refusa de se coucher tant qu'un autre prêtre de la paroisse ne serait pas venu chercher les saintes huiles et l'hostie consacrée qu'il avait emportées de l'église Saint-Médard. Il attendit une demi-heure l'arrivée de ce prêtre, ne faisant entendre aucune plainte en dépit des souffrances qu'il endurait, et, quand son collègue arriva, il lui dit simplement :

— Une folle m'a frappé d'un coup de couteau alors que j'allais porter le viatique à une mourante. Je crois que l'arme est restée dans ma blessure.

Et c'était vrai.

Stoïcisme d'un prêtre.

L'abbé Ménard retira lui-même le couteau de la plaie, un long couteau de cuisine à manche noirci et dont la lame mesurait environ quinze centimètres. Aussitôt, une abondante hémorragie se produisit et le prêtre s'évanouit entre les bras des siens. La blessure était si profonde que le malheureux abbé eût sans doute succombé à la perte de son sang si le couteau n'eût arrêté lui-même l'hémorragie.

La famille du prêtre fit appeler le docteur Le Marignier, qui, après avoir constaté la gravité de l'état de la victime, prit toutes les mesures préservatoires en vue de prévenir un dénouement fatal. On fit alors avertir le docteur Michaud, médecin à l'hôpital de la Pitié, qui jugea indispensable une opération des plus graves. M. l'abbé Émile Ménard est âgé de trente-huit ans, et il est vicaire à Saint-Médard depuis huit ans. C'est un homme d'une constitution très vigoureuse en apparence, mais sujet à de fréquents malaises provoqués par le mauvais état de son estomac. Dans l'espoir de recouvrer complètement la santé, il était parti pour la campagne aux premiers beaux jours et était rentré à Paris le 25 septembre.

M. Thuillerie, commissaire de police du quartier du Jardin des plantes, avait été informé du drame par le chiffonnier Cochoneau. Celui-ci avait même remis au magistrat une espèce de cache-corset ou de châle en soie noire que la femme avait jeté sur la chaussée après avoir frappé l'abbé Ménard. Cette étoffe parait avoir servi à envelopper le couteau.

M. Thuillerie se rendit aussitôt avenue des Gobelins pour interroger le prêtre blessé. Il apprit de la bouche même de l'abbé Ménard le nom de la femme qui l'avait frappé. Cette énergumène; cette folle est une demoiselle une vieille demoiselle nommée Augustine-Léontine Pépé, âgée de quarante-deux ans environ.

L'odyssée d'une femme galante.

Augustine Pépé est née à Nantes où vit encore sa mère; elle a six sœurs et deux frères. Une de ses sœurs a fait un excellent mariage à Paris ; deux autres habitent Montmartre où elles se livrent au commerce de la… galanterie. Les trois plus jeunes sont en province où elles suivent l'exemple de deux dernières.

La demoiselle Pépé est arrivée à Paris, il y a une douzaine d'années. Elle fit bientôt la connaissance d'un M. C… boursier, avec lequel elle vécut, pendant sept ans, dans un appartement luxueux situé rue Hippolyte-Lebas, à l'angle de la rue des Martyrs. M. C... voulant se séparer de sa maîtresse vers la fin de l'année 1893, lui loua, 4, rue de Mirbel, un modeste logement de 480 francs par an, au premier étage. Il lui acheta un mobilier complet et lui annonça que, pendant deux ans, il lui servirait une pension de 200 fr.par mois, mais qu'ensuite elle aurait à se suffire à elle-même, Et, pendant ces deux années, Mlle Pépé, qui se faisait aussi appeler Mme Cuzin, vécut en bonne petite rentière.

L'ancienne concierge du n« 4 de la rue de Mirbel, Mme Nef, que nous avons vue à son nouveau domicile, 40, avenue des Gobelins, nous a fourni ces renseignements curieux :

« — Mlle Pépé était un peu excentrique, quoique fort douce et très aimable personne. Tous les jours elle allait à la messe et se levait parfois à six heures du matin pour se rendre à Saint-Médard.

» Cet excès de religion de la part d'une femme dont la moralité était, en somme, assez douteuse me sembla bien extraordinaire. Je voulus en avoir le cœur net et je lui demandai un jour :

« — Alors vous êtes bigote, mademoiselle Pépé ?

» — Mais non, me répondit-elle, je n'y crois pas à toutes leurs farces, mais il y a un vicaire qui est si gentil, qui prêche si bien et qui a une voix si douce et si plaintive quand il chante, que je ne sors jamais de l'église sans être profondément émue. »

» Plusieurs fois elle me reparla de son vicaire; mais je ne croyais pas que son amour pour lui irait jusqu'à l'assassinat. » Quand M. C... cessa de servir à son ancienne maîtresse sa pension mensuelle, Mlle Pépé tomba dans une misère noire, et elle dut chercher, sa subsistance quotidienne dans des amours passagères. Très brune, elle se teignit en rousse, et, toutes les nuits, amenait rue de Mirbel des amants de hasard qui faisaient du scandale. Les voisins se plaignaient, et le propriétaire donna congé à sa locataire, qui, d'ailleurs, devait deux termes.

Au mois d'avril dernier, Mlle Pépé dut quitter son logement; ses meubles furent vendus par autorité de justice; elle doit encore 110 francs au propriétaire qui lui retient une malle, laquelle se trouve actuellement dans une chambre vide, au cinquième étage, 4, rue de Mirbel.

De Pépé en Coquard.

La demoiselle Pépé se rendit alors à Nantes, auprès de sa mère, écrivit à son ex-propriétaire une lettre lui annonçant qu'elle allait dégager sa malle et rentra à Paris au mois d'août.

Le 14 août, elle louait, sous le nom de Mme Coquard, pour une somme de 120 fr. par an, une chambre située au sixième étage, 6, rue Rataud: Elle annonça que ses meubles allaient bientôt lui être expédiés de Nantes. Elle emménagea simplement un lit en fer qu'elle avait loué chez un brocanteur du quartier et un carton à chapeau, lequel contenait toute sa garde-robe. La concierge du numéro 6 de la rue Rataud nous a déclaré à son tour :

« — Mme Coquard ne me disait rien de bon au point de vue de la solvabilité; elle causait quelquefois avec mon mari, lorsqu'elle sortait, le matin, à dix heures, ou lorsqu'elle rentrait, le soir. Elle paraissait douce et était toujours très polie.

» Une dame vint un jour nous, demander de ses nouvelles; elle nous apprit que le véritable nom de cette femme était Augustine Pépé, qu'elle avait eu d'heureux jours, mais nous apprîmes d'autre part qu'elle avait été mandée chez M. Lanet, commissaire de police, pour une affaire de chantage. Nous ne nous doutions certes pas que la misérable tenterait, un beau matin, d'assassiner M. l'abbé Ménard. »

A la préfecture de police et au parquet, on fournit des renseignements déplorables sur Augustine Pépé. Au cours de la présente année, elle a dû être mandée, à plusieurs reprises, dans divers commissariats de police pour « intervention, officieuse ». L'ancienne fille de joie essayait de faire chanter les jeunes gens riches ou les hommes mariés, ce qui ne l'empêchait point de faire montre d'une religiosité excessive et de se rendre tous les jours à l'église Saint-Médard pour prier saint Antoine de Padoue.

Les lettres.

Augustine Pépé remarqua bientôt l'abbé Ménard qui fit par la suite une grande impression sur son esprit.

Elle hésita longtemps avant de lui écrire, se contentant d'assister à ses messes, de suivre ses sermons puis un jour elle adressa à l'abbé une lettre que celui-ci déchira. Afin de se rapprocher de lui, elle le demanda à son confessionnal, mais le vicaire, déjà prévenu contre cette femme, ne voulut point l'entendre et il l'adressa à l'un de ses confrères.

Furieuse, Augustine lui envoya un papier sur lequel elle avait dessiné un Pierrot avec ces mots :

« C'est le printemps ; tout s'éveille dans la nature. Resterez-vous donc éternellement sourd aux plaintes d'une pauvre pécheresse ? »

Puis les envois de toute nature continuèrent. Quand elle fut dans la misère ses lettres devinrent plus pressantes. Elle racontait à l'abbé Ménard que, grâce à son éloquence, Dieu était enfin descendu en elle; mais elle ne manquait jamais de lui demander de l'argent « pour sauver son âme et protéger son corps ».

Dans une de ces missives, elle disait :

« Au saint-office, vous affectez de regarder les jeunes filles qui se .sont placées près de vous avec intention et vous ne jetez jamais sur moi un regard de pitié. Malheur à vous ! »

Puis ses épîtres devinrent menaçantes. Elle écrivait « Prenez-garde à vous il ne suffit pas d'aimer la Vierge Marie pour qu'un homme s'acquitte de la dette d'amour qu'il a contractée envers la femme ! » Augustine Pépé disait dans une autre missive : « Vous ne m'épargnez aucun outrage. Ainsi, votre père a passé devant chez moi l'autre jour; il a affecté de se décrotter sur mon trottoir. Je suis la plus malheureuse de vos amantes en Dieu ! »

Ou encore :

« Envoyez-moi cent francs, sinon, ce soir, j'irai me jeter à l'eau ; mais avant, je vous tuerai. »

Tout cela était signé, tantôt Angélina, tantôt femme C., ou bien Augustine Pépé, Coquard, Un amateur de la vertu, Une Madeleine éplorée, etc.

Les lettres de la folle, longues au début, étaient devenues très brèves ces temps derniers. Elles ne contenaient plus que des demandes d'argent et des menaces. Ce sont celles qui ont été saisies par M. Thuillerie. M. l'abbé Ménard détruisait les autres au fur et à mesure qu'il les recevait, non sans en avoir donné lecture aux vicaires de Saint-Médard pour les mettre en garde eux-mêmes contre les tentatives d'Augustine Pépé.

20, avenue des Gobelins.

M. l'abbé Ménard habite au numéro 20 de l'avenue des Gobelins, au second étage, en compagnie de son père, de sa mère et de sa sœur. M. Ménard père est président du conseil de fabrique de l'église Saint-Médard.

L'un des frères de l'abbé Ménard est caissier au journal l'Illustration. Lorsque nous nous présentons au domicile de' la victime on nous dit que l'abbé vient de subir une terrible opération qui a bien réussi et qu'il dort. De nombreux prêtres, des habitants du quartier se succèdent dans la loge du concierge. Les intimes sont admis dans la chambre du patient et prient autour du lit. Mgr le cardinal Richard, archevêque de Paris, a envoyé prendre des nouvelles du blessé.

L'opération était des plus délicates elle a été faite par un chirurgien de l'hôpital de la Pitié, assisté d'un interne et de M. le docteur Le Marignier.

L'abbé Ménard a été endormi et l'on a dû pratiquer la résection d'une partie de l'intestin, qui avait été perforé.

Le couteau, à manche noir, acheté la veille chez un coutelier de la rue du Faubourg-Saint-Honoré, près de l'église Saint-Philippe du Roule, a été saisi. La lame avait pénétré tout entière dans les reins du malheureux prêtre.

Un vicaire de la paroisse de Saint-Médard, que nous rencontrons chez la victime, nous dit :

« M. l'abbé Ménard dort mais on ne peut se prononcer sur son état. Il est bien malheureux, qu'il n'ait pas prévenu M. le curé des poursuites dont il était l'objet. Moi, dernièrement, j'ai dû avoir recours aux bons offices de M. Thuillerie contre une femme qui me poursuivait dans l'église, qui parlait et causait du scandale tout simplement parce que je n'avais pas voulu lui accorder un secours.

» Souvent nous recevons des lettres de gens qui font appel à notre bourse ou à notre influence. Or parmi ces gens se trouvent des individus qui ne méritent aucune pitié.

» M. l'abbé Ménard s'était ouvert à moi et m'avait parlé des tentatives de chantage dont il était l'objet. Il ne voulait pas faire du scandale ni commettre l'imprudence qui coûta la vie à M. l'abbé de Broglie en recevant chez lui cette femme qu'il ne connaissait pas, à laquelle il n'avait jamais parlé. Je lui avais conseillé de prévenir le parquet il n'a pas voulu le faire.

» M. l'abbé Ménard est une victime du devoir. Il a été frappé au moment où il accomplissait son saint ministère, et, s'il n'a pu se défendre, c'est qu'il portait sur lui le saint viatique et qu'il ne pouvait ni se retourner, ni se défendre, ni appeler, car vous n'ignorez pas que les prêtres ne peuvent causer lorsqu'ils traversent les voies publiques portant l'hostie sacrée : ils ne doivent se laisser distraire par rien de ce qui peut se passer autour d'eux.

» M. l'abbé Ménard est un prêtre très aimé de ses paroissiens et très estimé dans le quartier mais mon jugement à moi pourrait vous paraître partial. Adressez-vous aux voisins et ils vous diront, mieux que je ne pourrais le faire, combien est bon cet excellent abbé et combien l'odieux crime commis ce matin soulève de réprobation. »

En fuite.

Qu'est devenue Augustine Pépé ? On l'ignorait encore hier soir, à une heure extrêmement tardive. Cette femme, cette folle, cette hallucinée, doublée d'une criminelle, n'a point reparu chez elle. Elle s'est enfuie dans la direction de la Seine, et peut-être bien qu'elle s'y est jetée. L'instruction de cette très curieuse affaire a été confiée à M. Bastid.

Le Matin — 2 octobre 1897

L'actualité dramatique

 LE DRAME DE LA PLACE DES VICTOIRES - 2

LE DRAME DE LA PLACE DES VICTOIRES

II paraît hors de doute maintenant que M. le comte de Malmignati, dont nous avons raconté hier la tragique aventure, place des Victoires, a été la victime d'un dément alcoolique.

Rue de Buffon, 5, on nous a déclaré qu'Octave Blin avait habile l'immeuble d'août 1895 au.8 octobre dernier.

— Il vivait alors avec sa seconde femme et un enfant qu'il en avait eu, nous dit le concierge. Il n'était reste que neuf mois en ménage avec sa première femme et le divorce avait été prononcé entre eux.

» Blin s’était remarié, mais sa seconde femme fut obligée de le quitter et d'emmener son enfant. Les brutalités de son mari n'étaient pas supportables. Blin, qui, était alors porteur au panier, ne parvenait pas à gagner sa propre vie. Son père, ancien boucher en province, lui payait son loyer et l'entretenait pour ainsi dire.

» Blin a fait ses études au lycée de Blois et a un frère médecin de la mariné. Sa sœur est mariée à un huissier de Pau.

» Il n'est nullement anarchiste et ne s'est jamais occupé de politique. Il buvait énormément et il ne saurait y avoir de doute. Il a agi sous l'influence d'un accès de folie alcoolique, »

Même note rue Poliveau, 17, où Blin, nous l'avons dit, était allé habiter en quittant la rue de Buffon. Il rentrait chaque jour dans un état d'ébriété avancé, toujours gorgé d'absinthe, prodiguant grossièretés et menaces. Depuis dimanche, nous ne l'avions pas vu.

» Blin ne faisait jamais de politique. Tous les locataires sont unanimes à croire à un accès de folie alcoolique.

» D'autre part, le parquet n'exclurait pas toute préméditation de l'acte inqualifiable accompli par Blin.

» Car il a maintes fois déclaré.et verbalement et par écrit, qu'il « ferait un coup d'éclat pour déshonorer sa famille ».

Nous l'avons dit, la blessure du comte de Malmignati n'est pas grave. Le cuir chevelu, seul a été entamé, et les médecins ont recousu sa blessure, qui paraissait tout d'abord horrible.

M. de Malmignati est très affaibli par l'énorme quantité de sang qu'il a perdu.

Le Gaulois — 9 janvier 1897

 VOYAGE INTERROMPU  Deux gamins o

VOYAGE INTERROMPU

Deux gamins ont été arrêtés, hier, à la gare Saint-Lazare, par les soins de M. Escourrou, commissaire spécial, au moment où ils prenaient leurs tickets pour Le Havre. Voici à la suite de quelles circonstances a été opérée cette double arrestation.

M. A. commissionnaire en marchandises, rue Bergère, avait confié à son plus jeune employé, Félix P. âgé de quatorze ans, 2,400 francs en billets de banque pour les porter chez un fournisseur. Se voyant en possession d'une pareille somme qu'il considéra, de suite, comme une fortune, Félix oublia complètement la mission dont son patron l'avait chargé et, rêva de voyages lointains. Il irait avec son frère, plus jeune que lui de deux ans, au pays de l'or, et, dans quelques années, ils reviendraient tous les deux en France, fiers des millions qu'ils auraient gagnés. Alors il rembourserait au centuple son patron et les gazettes chanteraient ses louanges. Le frère, mis dans la confidence de ces beaux projets, en accepta avec enthousiasme le programme et il fut décidé qu'ils ne partiraient pour Le Havre que le lendemain. Ils ne pouvaient pas décemment quitter Paris sans faire un peu la fête.

Après avoir dîne dans une brasserie à femmes, ils allèrent au théâtre et achevèrent la nuit aux Halles. Hélas ! tous ces châteaux en Espagne n'ont pas tardé à s'écrouler. Leur signalement avait été donné à la Préfecture de police tant par M. A. que par la famille des deux petits polissons et leur rêve s'est évanoui au moment où il allait recevoir un commencement d'exécution.

M. Escourrou les a vertement admonestés et ils ont été rendus, tout penauds, à leur père qui s'est empressé de restituer à M. A. les cent francs qu'ils avaient prélevés pour faire la fête.

Le Figaro - 25 août 1897

 RAFLE DE VAGABONDS

RAFLE DE VAGABONDS

Un charmeur de rats

La Sûreté a opéré l'avant-dernière nuit une rafle parmi les vagabonds qui cherchent un abri sous les ponts. Quarante-cinq individus ont été arrêtés. Sous le pont des Arts, les agents se sont livrés à véritable chasse à l'homme pour s'emparer des vagabonds abrités dans les ferments servant de soutien au tablier du pont. Pour ne pas tomber dans la Seine, les malheureux qui passent la nuit sous ce pont s'accrochent avec leur ceinture et leurs bretelles. Lorsqu'ils ont vu les agents, ils se sont sauvés d'arche en arche pour gagner l'autre rive, mais des agents les y attendaient et les ont capturés au fur et à mesure de leur arrivée.

Parmi les individus arrêtés se trouve un type très curieux, un nommé Émile Schwartz, âge de quarante ans, qui est sans domicile depuis vingt ans. Schwartz qui parcourt la France à pied, de village en village, est un barnum d'un nouveau genre. Il montre des souris blanches et des rats, qu'il loge sur sa poitrine, au-dessus de la ceinture de son pantalon. En même temps que lui, les agents ont amené à la Sûreté ses pensionnaires. Une odeur insupportable due aux croûtes de fromages avariées et aux fruits gâtés dont Schwartz nourrissait rais et souris, s'échappait des poches du vieux vagabond.

Quand on a fouillé Schwartz, les inspecteurs durent sortir de leur asile rats et souris et les déposer à terre. Chose curieuse, aucun de ces animaux ne se sauva et tous se groupèrent autour de leur maître. Ils attendirent derrière la porte du cabinet de M. Cochefert que leur maître sortit de chez le chef de la Sûreté.

Schwartz a été remis en liberté hier matin, et il a quitté la Sûreté avec ses rats et ses souris, qui y avaient trouvé un asile momentané.

Le Gaulois — 10 septembre 1897

Dans l'actualité du ...

 18 mars

Jeudi
18 mars 1897

MARSEILLE, 17 mars. De notre correspondant particulier. Le paquebot Peïho, courrier de Madagascar, est arrivé, ce soir, à cinq heures, avec cent quatre-vingt- onze passagers. Il rapatrie cent vingt-cinq militaires. Au cours du voyage, sept soldats sont morts. Les corps ont été immergés.


Une bande d’assommeurs.

Depuis quelques nuits, les abords de la rue Mouffetard étaient absolument impraticables. Une bande d'individus assommaient les gens à coups de nerfs de bœuf et les dévalisaient ensuite. Hier soir, en moins d'une heure, MM. Sabatier, Marchand et Cavard, habitant la rue Mouffetard et la rue de l’Arbalète, qui rentraient chez eux vers dix heure, étaient ainsi assaillis et dépouillés.

Le dernier, M. Cavard ayant pu appeler à l'aide, fut secouru par les gardiens de la paix; qui arrêtèrent les nommés Pierre Rouleaux et Louis Rollot, lesquels dénoncèrent leurs -complices qui furent arrêtés, peu après, dans un bar de la place Maubert. Ce sont les nommés Alfred Gailand, Charles Tourneur, Henry Devoux et Harry Truffy.

Les six assommeurs ont été envoyés au Dépôt.


OU EST PAPA ?

C'est par cette question que s'annonçait, hier matin, aux huissiers du préfet de police, un jeune homme très correctement vêtu et d'un extérieur agréable.

— Quel est votre papa demanda avec une exquise politesse l'un des huissiers.

— Comment, vous ne le savez pas ? Mais, mon papa, c'est votre préfet, M. Lépine. Et il est urgent que je le voie de suite, sans plus tarder. Je viens pour le mettre en garde contre de violentes attaques et…

—Parfaitement, parfaitement, répliqua l'huissier auquel il s'était adressé. Je vais vous faire conduire à lui.

Et il confia le pauvre jeune homme à un garçon de bureau qui le mena à l'infirmerie spéciale du Dépôt. Ce jeune homme, qui appartient à une très honorable famille, a perdu la raison à la suite de chagrins d'amour.


Malgré son excellente nourrice, mon bébé a été pris soudain de dysenterie infectieuse. Je le croyais perdu ; je lui ai donné du Lait maternisé de la ferme d'Arcy-en- Brie ; il a été sauvé en quelques jours.


Victoire pacifique.

De tout temps, nous avons dû emprunter à l'Italie certains produits dont elle avait la spécialité, tels que les pâtes alimentaires. Cela n'est plus vrai depuis que MM. Rivoire et Carret ont imaginé les nouillettes macaronis et les coquilles aux œufs, mets exquis célèbres déjà et dignes des tables les plus raffinées.


De tout temps, la contrefaçon, comme une lèpre, s'est attachée aux produits les plus demandés par le public. De même que les meilleurs fruits sont la proie préférée des vers, les plus vieilles réputations se trouvent en butte à l'audace, toujours renaissante, des sophisticateurs.

A ce point de vue nul ne sera surpris d'apprendre que l'Eau de mélisse des Carmes Boyer est un des produits les plus contrefaits parmi les spécialités françaises.

Sans compter les procès en cours, cet excellent produit a obtenu 59 condamnations, ou plutôt la condamnation de 59 contrefacteurs, tant en première instance qu'en appel ou en cassation Il faut qu'un produit ait vraiment de la supériorité pour être ainsi le point de mire permanent des imitateurs. Aussi conseillons-nous aux nombreux consommateurs de l'Eau des Carmes d'exiger toujours le flacon revêtu de son étiquette blanche et noire signée Boyer, et de s'assurer que le cachet rouge est intact.


Du haut du pont.

Les personnes qui passaient, hier matin, vers six heures, sur le pont Solférino, ont été témoins de la noyade d'une jeune femme qui a brusquement enjambé le parapet et s'est précipitée dans la Seine.

Des mariniers se sont précipités au secours de l’infortunée, mais la rapidité du courant ne leur a pas permis de la sauver en temps utile. La noyée semble âgée d'une vingtaine d'années elle portait une toilette de grand deuil.

sans titre 1

 19 mars

Vendredi
19 mars 1897

NAUFRAGE DE LA « VILLE-DE-SAINT-NAZAIRE »

Les détails manquent encore sur le sinistre maritime qu'une brève dépêche du New-York Herald enregistrait hier matin et que, peu après, venait confirmer un télégramme plus sommaire encore -de l'agent général de la Compagnie transatlantique à New-York.

Il est cependant très certain que le stearmer français la Ville-de-Saint-Nazaire a coulé à une trentaine de milles environ des côtes de la Floride, le 8 mars, en face du cap Hatteras. Quant à l'équipage et aux passagers, tant à New-York qu'aux bureaux de la Compagnie transatlantique, on ignorait leur sort cette nuit encore. Sont-ils vivants ? Sont-ils morts ? Nous ne saurions mieux faire que de répéter exactement les quelques explications qu'on nous donnait hier a la Compagnie.


RODOLPHE SALIS A TOUTE EXTRÉMITÉ

BREST, 18 mars- D'un correspondant.

Rodolphe Salis, le gentilhomme cabaretier bien connu des Parisiens, le fondateur du « Chat Noir » qui se trouvait en tournée dans notre ville avec sa troupe, est en ce moment très gravement maladie.

Les derniers bulletins de santé le disent à toute extrémité.


Le président de la République a promis, hier matin, au marquis de Juigné, député, président de la Société hippique française, d'assister à l'une des réunions du concours hippique et à M. Roger-Ballu, inspecteur des beaux-arts, d'inaugurer, le 1er avril, l'exposition des pastellistes français.


Hier, à la séance hebdomadaire de l'Académie française, M. le duc d'Aumale a donné lecture d'une intéressante notice intitulée Le roi Louis-Philippe et le droit de grâce.

Dans cette étude historique, M. le duc d Aumale montre que le roi son père usait largement du droit de grâce que lui reconnaissait la Charte. Qu'il s'agît de criminels de droit commun ou de condamnés politiques, comme Barbès, Louis-Philippe exerçait cette prérogative avec une persévérante ardeur qui ne s'est pas démentie jusqu'à la fin de son règne.- C'est grâce à lui que l'exécution de la peine de mort, jadis la règle, est devenue l’exception.

Poursuivant ensuite l'apologie de son père, M. le duc d'Aumale rappelle que le roi Louis-Philippe a maintenu la paix et soumis l'Algérie. « Il a fait plus, il a remporté deux victoires qui n'ont pas fait couler une larme et qui valaient mieux qu'un agrandissement de territoire : les fortifications de Paris, la neutralité de la Belgique. »


M. Legouvé, membre de l'Académie française, qui avait été renversé dernièrement, rue de Richelieu, par un fiacre, est, aujourd'hui, presque complètement rétabli.

Le vénérable auteur d'Adrienne Lecouvreur– il a quatre-vingt-dix ans passés sera seulement forcé de conserver, pendant quelques jours encore, l'épaule immobilisée dans un appareil.


M. de Montholon, ministre à Bruxelles, est arrivé, hier matin, à Paris.


La salle Saint-Jean, à l'Hôtel de Ville, va être, comme on le sait, affectée à un musée du soir. Au cours d'une réunion qu'elle a tenue hier, la commission d'organisation de cette exposition nocturne a entendu M. Bouvard, au sujet de l'installation intérieure. Les travaux coûteront 10,000 francs.

De nombreux amateurs ont mis à la disposition du musée des œuvres d'art, des travaux de ferronnerie, etc. Mercredi, la commission se rendra au musée du Trocadéro pour y choisir des moulages.


La vingt-troisième exposition canine annuelle aura lieu, du 18 au 25 mai, sur son emplacement habituel de la terrasse de l'Orangerie, aux Tuileries. Les engagements seront reçus jusqu'au 1" mai, 40, rue des Mathurins.


En Carême, les délicieuses pâtes alimentaires de Rivoire et Carret sont plus en faveur que jamais. Les nouillettes, les macaronis de cette marque si réputée, se prêtent à mille exquises préparations.


L'assemblée générale de la Société française des habitations à bon marché aura lieu, sous la présidence de M. Boucher, ministre du commerce, dimanche prochaine à deux heures et demie, dans la grande salle du Musée social, 5, rue Las Cases.

sans titre 1

A. ALLAISLe bon mot
d'Alphonse Allais

 Il est très curieux de constater que dans l'armée, les statistiques le prouvent, la mortalité augmente bizarrement en temps de guerre.


283. L'incendie du bazar de la Charité eut lieu le 4 mai 1897.
L'INVULNÉRABILITÉ
Aux approches de l'automne, il est bon de prendre quelques mesures préventives contre les rhumes, coryzas, maux de gorge, etc.
Ou s'en préserve à coup sur en aspirant chaque matin un peu d'eau de Bi-Borax tiède.
Par l'usage constant de cette précaution si simple, les muqueuses deviennent à peu prés invulnérables.
On trouve le Bi-Borax oriental chez tous les épiciers.
 Un garçon de recettes disparu - la reconstitution

L'assassinat du garçon de recettes

Comme nous l'avons annoncé la reconstitution de l'assassinat du garçon de recettes Lamare a été faite, hier matin , à Gentilly.

Lire de suite

 La Migration de Paris.

La Migration de Paris.

Lire

Tombolas anglaises

Le commerce parisien est le point de mire des escrocs anglais, aussi bien que des espagnols.
Il y a un mois, un fabricant de corsets de Paris, M. X. recevait de Londres une circulaire de la manufacture The Nubiene, dirigée par M. Geo Bornett.

Lire la suite ...

Le drame de Javel

Un crime a été commis, avant-hier soir, rue Sainte-Lucie, dans le quartier de Javel. Un employé qui était l'amant de la femme de son patron a tué ce dernier d'un coup de couteau.

Lire la suite ...
 C'ÉTAIT DONC LUI !

C'ÉTAIT DONC LUI !

Les experts ont trouvé — la chose est vraiment neuve,

Mais comme ils sont très forts ils en feront la preuve —

Que tous les vers parus sur le fameux Congo

Sont écrits par Dreyfus, qui les vend aux journaux.

Un graphologue au savonnier Vaissier

Nouvelles à la main

Bonnes amies. Mme X... dit qu'elle a vingt-cinq ans

Bonnes amies :
— Mme X... dit qu'elle a vingt-cinq ans, mais elle en a certainement trente-cinq !... C'est facile à lire entre les lignes...
— Quelles lignes ?...
— Celles de sa figure !...

Un maire de campagne vient d

Un maire de campagne vient d’avoir les palmes académiques.
— Les palmes académiques !... lui dit un jaloux; qu’est-ce que vous avez donc écrit pour avoir cela
— Une lettre à not’ député !répond le brave homme...

Un curé auquel on vient de supprimer son traitement

Un curé auquel on vient de supprimer son traitement sans décider à supprimer son zèle et sa charité reçoit la visite maire du village.
Ils font ensemble un tour dans le jardin du presbytère.
— Vous avez vraiment ici, monsieur le curé, un air délicieux
— Oui, monsieur le maire ; mais il serait encore meilleur si j’en pouvais vivre.

Le jeune Micha finit de manger s

Le jeune Micha finit de manger son dessert. Comme il l'a trouvé bon, il en redemande :
— Donne-moi-z-en encore un peu, dit- il à sa mère.
— On ne dit pas donne-moi-z-en un peu, rectifie celle-ci.
— Oui, c'est vrai, réplique l’enfant ; on doit dire : « donne-moi-z-en. Beaucoup ! »

 Les deux adversaires se rendant

Les deux adversaires se rendant au lieu de rendez-vous dans le bois de Vincennes, se rencontrent au guichet de la gare de la Bastille.

X... demande un billet aller et retour.

― Vous êtes donc bien sûr de revenir ? dit Z... narquois.

— Absolument sûr.

— Alors je vous fais des excuses, poursuit Z... subitement radouci.


Echos et nouvelles

 Et la pluie continuait de tomber

Et la pluie continuait de tomber !

Depuis que le pluviomètre à l'usage des observatoires a été inventé, c'est-à-dire depuis plus de deux cents ans, il ne s'est jamais rencontré, paraît-il, un mois de septembre aussi mouillé qu'en l'an de grâce 1897.

Aussi les météorologistes sont fort embarrassés d'expliquer ce phénomène. Songez donc que l'observatoire de la tour Saint-Jacques a enregistré dans l'après-midi d'hier, de midi à trois heures seulement, 10 millimètres d'eau ! Cela représente une moyenne de 100 mètres cubes d'eau par hectare.

On essaye de nous consoler en nous rappelant le souvenir de journées plus désagréables encore, celle du 10 septembre de l'année dernière, par exemple, qui, par suite d'une trombe, de funeste mémoire, nous gratifia de 50 millimètres d'eau dans le court espace de deux heures et demie. Mais toutes ces consolations ne valent pas un bon parapluie !

Le Gaulois — 7 septembre 1897

 La traction par ballon - 1897

La traction par ballon

Amateurs de sensations émouvantes, réjouissez-vous !
Il devait être réservé à cette fin de siècle de voir ce spectacle assurément peu banal.. Après la traction par la vapeur, par l'air comprimé, par l'électricité, voici qu'on va essayer la traction par ballon, non pas en Amérique, le pays des inventions excentriques, mais dans notre vieille Europe, en Bavière, et cela avant la fin de l'année.
Il s'agit d'un chemin de fer de montagne partant de Bad-Reichenhall et destiné à conduire les touristes au sommet du Hochstauffen.

Au lieu d'être remorqué par une locomotive à crémaillère, comme au Righi par exemple, le train, composé de deux ou trois wagons, sera " enlevé " par un ballon de vingt mètres de diamètre ayant une force ascentionnelle de cinq mille kilogrammes.

La ligne, d'une longueur de deux kilomètres et demi environ, est formée d'un rail unique sur lequel roulent les voitures aériennes, maintenues verticales et traînées à la fois par l'aérostat. Pour la descente, il suffit de charger dans la nacelle une quantité déterminée de lest qui, servant de contrepoids, ne permet au ballon d'utiliser que la force exactement nécessaire pour combattre l'effet de la pesanteur et prévenir une dégringolade dangereuse.

APL 19 décembre 1897

 maison Majesty - 1897- PUB

MAISON NETTE
Se conformant aux usages américains, la maison Majesty, 3, avenue de l'Opéra, veut, à la fin de chaque saison, entièrement écouler son stock de marchandises foulards, twills, grenadines, taffetas, riches brochés, etc., qui font la joie des élégantes Parisiennes et qui vont être dispersés, aujourd'hui 1er juin et les trois jours suivants, à des prix au-dessous de toute appréciation. Il y aura là de fantastiques occasions.

 Allo! allo ! - 1897

Allo! allo ! !

En vue de donner de nouvelles facilités pour les communications téléphoniques, M. Edouard Delpeuch, sous-secrétaire d'Etat des postes et télégraphes, vient de décider l'établissement d'une cabine téléphonique publique dans chacune des recettes auxiliaires des postes de Paris, situées Avenue Kléber, 93 ; rue des Morillons, 31 ; rue Didot, 95 ; rue Thérèse, 1 ; passage Jouffroy, 7 ; rue Louvois, 8 rue Giffard, 1 ; boulevard des Batignolles, 82 ; rue La Boétie, 17 ; rue-de Tolbiac, 186 ; boulevard de la Chapelle, 14.
Ces cabines seront ouvertes au public, dans les mêmes conditions que celles qui sont installées dans les bureaux de poste et de télégraphe de Paris, c’est-à-dire que le public sera admis à échanger des conversations locales et interurbaines, des messages et à utiliser les cartes d'admission aux cabines payantes ou gratuites.

Le Matin – 14 octobre 1897

 Le premier mouchoir de poche - 1897

Le premier mouchoir de poche

A propos des coryzas que déterminent les premiers froids de l'automne, il n'est point sans actualité de parler du mouchoir de poche.

Empruntons quelques détails à l'Echo du Public. Le premier mouchoir de poche connu fut porté en Europe, il y a trois cent cinquante ans. La femme qui fit faire ce grand pas à la civilisation était une belle Vénitienne à laquelle son fazzoletto valut un légitime succès.

L'Italie est donc le berceau des mouchoirs de poche ; bientôt, ils passèrent les Alpes et se répandirent en France, où ils furent adoptés par les seigneurs et les dames de la cour de Henri II.

Le mouchoir de cette époque, fabriqué avec les tissus les plus coûteux, orné de précieuses broderies, était un objet de grand luxe. Sous Henri III, on eut l'idée de le parfumer.

Ce n'est guère qu'en 1580 que l'Allemagne se familiarisa avec cet objet de toilette. Il ne servait qu'aux princes, aux personnes très riches. C'était aussi un cadeau que l'on faisait aux fiancés illustres. Il fut l'objet de lois somptuaires, et un édit, publié à Dresde en 1595, en interdit formellement l'usage aux gens du peuple.

Depuis, il s'est beaucoup vulgarisé, heureusement. Il convient donc, dit notre confrère, de rendre grâces à la belle Vénitienne qui inventa le mouchoir. N'est-il pas pénible, en effet, de songer que les beautés les plus célèbres du moyen âge ne connurent pas cet utile petit morceau d'étoffe, et que la Béatrice de Dante, par exemple, et la Laure de Pétrarque se mouchèrent peut-être dans leurs doigts ?...

APL - 3 octobre 1897

 La visite du président de la Rép

La visite du président de la République à l'hospice des vieillards de Boulogne

Le président de la République, accompagné général Tournier, des commandants Humbert et Legrand et de M. Le Gall, a quitté, hier, l'Élysée, à deux heures vingt, pour inaugurer le nouvel hospice des vieillards de Boulogne sur Seine.

Reçu au milieu des fleurs, des drapeaux et des vivats par le ministre de l'intérieur, les présidents du conseil municipal de Paris et du conseil général, les préfets de la Seine, de-police, MM. Poirrier, sénateur; Rigaud, député; Escudier, Peyron, etc., M. Félix Faute a répondu aux allocutions de M. Jochum, maire de Boulogne; Gervais et de Selves, par la remise de la rosette d'officier de l'instruction publique à M. Jochum, des palmes académiques à MM. Chevalier, secrétaire de la mairie de Boulogne, Gionnier professeur à l'Association philotechnique, et de la croix du Mérite agricole à MM.. Vidal-Beaume et Chartier.

Au cours de la distribution des médailles d'honneur, l'un des médaillés, vieux garçon de chantier, comptant plus de trente ans de services, voulait absolument, dans sa joie, embrasser lé président.

― On ne donne l'accolade, lui a fait observer M. Félix Faure, que lorsqu'on remet la Légion d'honneur nous verrons plus tard.

La visite de l'hospice a commencé par les dortoirs des  femmes, s'est poursuivie par les bâtiments réservés aux hommes, les cuisines, la machinerie, et s'est terminée par les réfectoires, dans l'un desquels un lunch avait été servi.

M. Gervais, président du conseil générale a porté un toast à la santé du président de la République, qui s'est  retiré, très acclamé, ainsi que M. Barthou.

Le Matin ― 18 mars 1897

Le Journal de 1897

Le journal de 1897 et des environs doit être vu avec un exploreur prenant en charge la mise en colonnes.
Chaque page se crée quand vous la consultez.
Les textes en ligne sont des reflets de la société française de la fin du XIXème siècle. La question est : "le Monde change-t-il vraiment ?".

                 Bonne lecture

menu-bas