Le docteur Osip Promechlanski, de nationalité russe, docteur en médecine, de
passage à Paris, visitait, avant-hier après midi, l'hôtel des Invalides. Quant
il sortit, avec plusieurs autres personnes, de la crypte où se trouve le tombeau
de Napoléon 1er, il constata la disparition de sa montre et de sa chaîne. Le
docteur ayant aperçu à quelques pas de lui un individu à mine patibulaire qui
cherchait à se dissimuler dans la foule pensa, avec quelque raison peut-être,
qu'il était l'auteur du vol. Il le signala aux gardiens du monument, mais
ceux-ci se refusèrent à l'arrêter. M. Promechlanski courut alors avertir le
concierge. Ce fut peine perdue, l'homme quitta l'hôtel par la porte donnant sur
la place Vauban.
Le docteur a donc dû se contenter d'aller prévenir M.
Brongniard, commissaire de police, du vol dont il venait d'être victime.
Le Figaro - 15 juin 1897
M. Ernest C. marchand fleuriste, demeurant rue de l'Estrapade, souffrant
depuis quelque temps du cœur, se décida à aller consulter un spécialiste.
Celui-ci lui fit une ordonnance 50 granules de digitale à 1/4 de milligramme
chacun, à prendre à raison de quatre granules par jour.
Au lieu de se
conformer de point en point aux prescriptions du docteur, M. C. pensa que sa
guérison serait bien plus rapide s'il absorbait les granules tous à la fois.
Cette imprudence lui a coûté la vie. Sa domestique, en venant dans sa chambre,
hier matin ; l'a trouvé râlant, en proie à d'horribles souffrances. Quand le
médecin, qu'on envoya chercher, arriva, le malheureux rendait le dernier soupir.
Le Figaro - 15 juin 1897
Il y a quelque temps, Mme Marguerite Courtin, âgée de trente-cinq ans, propriétaire de la brasserie d'Orsel, 2, rue d'Orsel, faisait une chute de bicyclette et se blessait grièvement au pied droit. Mal soignée au début, Mme Courtin s'adressa à un docteur qui jugea l'amputation du pied nécessaire. La limonadière, désespérée, prit le parti de se donner la mort.
Hier, vers trois heures de l'après-midi, elle s'enfermait chez elle, avalait une infusion de pavots et allumait un réchaud. La bonne ne put, heureusement, prévenir à temps les voisins. La porte fut enfoncée, et M. Fédée, commissaire de police du quartier de Clignancourt, fit transporter Mme Courtin à l'hôpital Lariboisière.
Les trois cents objets non réclamés trouvés dans les décombres du Bazar de la charité et exposés pendant quelque temps dans une salle spéciale du greffe correctionnel viennent d'être transférés au greffé delà cour d'appel. Ces objets, assimilés, comme on sait, à des pièces à conviction, ont suivi le dossier de l'affaire d'homicides par imprudence de la catastrophe de la rue Jean Goujon, dossier arrivé au greffe criminel depuis deux jours.
Ces trois cents objets resteront au greffe criminel non seulement jusqu'au jour où l'affaire de MM. de Mackau, Bailac et Bagrachoff aura reçu une solution définitive, mais encore durant une période de six mois à partir de l'arrêt prononcé. Ce n'est qu'alors que le greffe de la cour remettra les pièces à conviction entre les mains du receveur des domaines, avec charge de procéder à leur vente aux enchères pour le prix en provenant être déposé à la Caisse des dépôts et consignations pendant trente ans. Passé ce délai, le produit de la vente appartiendra au trésor public.
Parmi ces objets-pièces à conviction se trouvent des bijoux pour une valeur de 30 à735,000 francs. Les pièces d'or et d'argent ramassées çà et là sur le théâtre de la catastrophe, et dont le montant s'élève à près de 10,000 francs, seront également remises entre les mains du receveur des domaines. Quant à la recette de 5 à 6,000 francs du Bazar de la charité pendant la journée du 4 mai, recette renfermée dans un tiroir en métal, qui a résisté à l'action du feu, nul doute qu'elle ne fasse l'objet d'une très légitime revendication de la part de l'œuvre du Bazar de la charité.
Un assez grave accident de voiture s'est produit, hier après midi, avenue du Bois-de-Boulogne. Un cheval attelé à un tilbury s'est brusquement emballé Vers le milieu, de l'avenue, qu'il a descendue dans une course folle. Rencontrant un fiacre où se trouvaient, trois personnes, le tilbury l'a heurté si violemment que les deux voitures se sont renversées. L'animal furieux, ayant rompu ses traits, poursuivit sa course vertigineuse. Il fut arrêté par des gardes du bois à la hauteur du pavillon Chinois.
Des passants s'empressèrent auprès des victimes de l'accident. Le propriétaire et le cocher du tilbury l'eurent relevé couverts de confusions. Mme M. qui se trouvait dans le fiacre culbuté, avait le nez déchiré, tandis que le mari et la petite fille de cette dame étaient sains et saufs. Deux -personnes qui avaient cherché à arrêter le cheval emporté avaient également reçu des blessures assez graves.
Toutes les victimes de cet accident ont été pansées dans -une pharmacie auprès quoi, elles ont été reconduites à leur domicile.
Au mois de janvier dernier, M. Brigot vendait à M. Eugène Bouly son magasin de parfumerie en gros, situé 2, rue Charles-V (quatrième arrondissement).
Son employé, M. Jacob, poussait activement Bouly à l'achat de la maison. Des pourparlers s'engagèrent et aboutirent à la vente moyennant une somme de trente mille francs.
Bouly garda comme employé et associé M. Jacob. Mais au bout de quelques mois, la maison périclita et Bouly reprochait avec véhémence à Jacob de lui avoir fait faire ce marché.
Des scènes violentes éclataient chaque jour entre les deux associés. Bouly était d'une humeur acariâtre. Il souffrait en effet d'une maladie d'estomac et songeait au suicide.
Tout compte fait, i] devait à son prédécesseur une somme de dix-huit mille francs.
Hier, il achetait un revolver de gros calibre, et dans une longue lettre au commissaire de police du quartier de l'Arsenal, il annonçait à ce magistrat qu'il avait résolu de se tuer et le priait de prévenir de sa mort une jeune femme avec qui il entretenait des relations.
Vers deux heures de l'après-midi, Bouly prenait son revolver pour se brûler la cervelle, lorsque soudain Jacob entra dans la pièce où il se trouvait. Une dernière discussion éclate entre les deux hommes. Tout à coup, Bouly, au paroxysme de la fureur, dirigea son arme contre son associe et fit feu à trois reprises différentes.
Deux balles se perdirent. La troisième atteignit Jacob à la mâchoire inférieure.
Croyant avoir tué son adversaire, Bouly dirigea son arme contre lui-même et se logea une balle dans la tempe droite.
Transporté à l'Hôtel-Dieu, il y expirait dix minutes après son arrivée.
La blessure de M. Jacob, bien que présentant une certaine gravité, ne met pas sa vie en danger.
Le capitaine Tupinier, appartenant au 94e régiment de ligne, achevait de déjeuner dans l'appartement qu'il occupe, 94, rue Lafayette, au cinquième étage, lorsqu'il entendit marcher à l'étage supérieur, dans la chambre de sa domestique.
— Il doit y avoir quelqu'un chez vous, dit-il à la bonne, allez donc voir.
Celle-ci monta et se trouva en présence d'un cambrioleur très occupé à fouiller ses tiroirs.
— Au voleur au voleur cria-t-elle. Tais-toi ! ou je te tue menaça le malfaiteur qui, d'un coup de poing en plein visage, envoya rouler la pauvre fille dans un coin de la pièce.
Aux cris de sa servante, le capitaine accourut. Il ne put barrer le chemin au cambrioleur qui, le bousculant, descendit deux étages en courant. Mais, là, la retraite lui était barrée. Plusieurs locataires arrivaient. La fenêtre donnant du carré sur la cour était ouverte. Le bandit s'élança et, avec une agilité d'acrobate, il descendit jusqu'au premier étage, en s'aidant du tuyau de descente des eaux. Avant d'atteindre l'entresol, ses forces le trahirent et il tomba lourdement sur les dalles de la cour. Quand on arriva auprès de lui, il se plaignait de vives douleurs internes.
On l'a transporté à Lariboisière. Il a refusé de faire connaître son nom et son adresse.
Narguons l’influenza.
Pendant que les rigueurs de l’hiver s’empressent de déjouer, comme à
l’ordinaire, les prédictions de la météorologie, un grand nombre de médecins
annoncent un retour offensif de l’influenza, qui nous viendrait encore de
Russie. Heureusement nous sommes mieux armés qu’il y a quelques années pour
lutter contre cette épidémie meurtrière.
Nous savons que les reconstituants généraux, lorsqu’ils sont dépuratifs et
stimulants, agissent plus utilement que n’importe quelle autre médication. C’est
ainsi que le Vin Désiles est éminemment décongestif et anti catarrhal par
l’ensemble de sa composition iodo-phosphatée, quinique et caféique. (Kola, coca,
quinquina, tanin, iode et phosphate de chaux représentent, en effet, les
principaux éléments de cette composition si intelligemment pondérée.)
Nous avons observé nombre de cas de laryngites, d’enrouements, d’asthmes, etc.,
que la saison automno-hivernale avait réveillés et qui furent améliorés ou
guéris par l’usage du Vin Désiles. Chez les influenzés, et chez tous les sujets
dont la poitrine est faible et délicate, ce précieux cordial remonte le
bien-être général, accroît les forces et la vitalité et donne le coup de fouet à
l’organisme hésitant sur le seuil de la maladie.
L’influenza menace surtout les faibles prédisposés à une irritabilité congestive
constitutionnelle des poumons. Le Vin Désiles lutte contre ces tendances
catarrhales et modifie promptement les constitutions lymphatiques ou
arthritiques qui constituent une prédisposition à toutes les affections des
voies respiratoires.
Dr Cendre.
UN BANQUEROUTIER PRUSSIEN
La police de Sûreté recherchait, depuis quelques jours, un nommé Pierre
Corivet, dont le gouvernement allemand avait demandé l'extradition. Cet
individu, qui était banquier à Berlin, où il occupait une situation importante,
s'était enfui, au mois de juin dernier, en laissant derrière lui un passif
considérable.
Pierre Corivet, qui était venu se cacher à Paris, y a été
découvert, hier, et arrêté aussitôt par les soins de M. Hamard, sous-chef de la
Sûreté. Le banqueroutier allemand a été écroué au Dépôt où il va attendre
l'accomplissement des démarches nécessitées par les formalités de l'extradition.
Le Figaro - 2 août 1897
Un gardien de la paix se trouvant, avant-hier, dans le vestibule de la mairie
du sixième arrondissement, vit venir à lui un homme d'une cinquantaine d'années,
assez misérablement vêtu.
— Je suis le gouverneur de Paris, dit-il à
l'agent, et j'ai droit, par conséquent, aux honneurs militaires.
— Dans ce
cas, mon général, répliqua le gardien, qui vit de suite à qui il avait affaire,
je vous prie de vouloir bien me suivre et de venir inspecter le poste de garde.
L'aliéné suivit l'agent. Pendant qu'on allait prévenir M. Lagaillarde,
commissaire de police, le pauvre fou distribua des grades et des décorations à
tous les agents.
Ce malheureux, un nommé Alexandre Bourbier, ouvrier maçon,
sans travail et sans domicile, a été immédiatement conduit à l'infirmerie
spéciale du Dépôt.
Le Figaro - 2 août 1897
De Lyon :
Le Figaro - 22 janvier 1897