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SIXIEME ANNÉE N°4695

 

273ème jour de l'année

   


Vendredi
30
Septembre 1897

 Le scandale des Folies-Bergère évité - 15 avril 1897

Le scandale
des Folies-Bergère évité

Une indisposition de commande.
Intervention du préfet de police. — Exhibition interdite

Le Gaulois — 15 avril 1897

Le Gaulois avait signalé avec une indignation légitime les débuts prochains, sur la scène des Folies-Bergère, de l'ex-princesse et nos confrères, convaincus comme nous du scandale formidable que cette exhibition devait fatalement soulever, nous avaient emboîté le pas. Notre juste appel a été entendu. La « débutante » ne débutera pas. Nous en sommes un peu la cause et nous nous en félicitons hautement. En cette circonstance, M. Lépine a droit à nos remerciements et nous les lui marchanderons d'autant moins qu'on sait que les fonctionnaires de la république nous donnent rarement l'occasion de les féliciter.

On lira plus loin à la rubrique du « Courrier -des spectacles » la note officielle que le théâtre des Folies-Bergère nous a adressée pour nous faire savoir que l'ex-princesse ne débutait .pas ce soir sur la scène de la rue Richer.

Cette note nous montre la débutante empêchée par un état maladif d'une certaine gravité. Il y est question d'influenza, de fièvre intense, de complication pulmonaire. A la vérité, et fort heureusement pour l'héroïne en cause, sa santé est excellente et les raisons pour lesquelles les amateurs de scandales ne. la verront pas ce soir sont à un ordre-tout à fait différent.. Les voici dans toute leur simplicité.. Hier matin, M. Marchand, directeur des-Folies-Bergère, était appelé chez le préfet de police, qui lui demandait officieusement de renoncera faire débuter celle qui sur l'affiche devait porter le nom de l'ex-princesse.

Le scandale, prétendait le préfet, serait extraordinaire et des renseignements qui lui étaient fournis, il ressortait que la débutante serait huée, qu'une foule de gens s'étaient procurés des sifflets à roulette et qu'on lui jetterait à la face des lapins vivants, des pelures de pommes de terre et d'autres objets innommables.

M. Marchand répondit au préfet qu'il redoutait autant que lui ce scandale et que si la « débutante » consentait à renoncer à ses projets de paraître sur son théâtre,  il s'en montrerait fort heureux pour sa part. D'ailleurs il craignait si fort les manifestations brutales qu'il avait interdit qu'on servit aucune consommation dans la salle et qu'il avait fait supprimer les petits bancs et les lorgnettes automatiques.

— Puisque vous partagez mon avis lui, dit le préfet, voyez l'ex-princesse, et tâchez qu'elle ne soit pas hostile à nos sages projets.

» D'ailleurs, je vais la convoquer pour ce soir, six heures, et je vous prie de revenir à mon cabinet à la même heure. »

Puis, congédiant M. Marchand, le préfet ajouta :

— Allons, je commence à croire que nous parviendrons peut-être à éviter tout scandale.

A six heures précisés, M. Marchand arrivait à l'hôtel du boulevard du Palais, où, depuis un quart d'heure, la débutante l'avait précédé. L'héroïne fut reçue la première. Le préfet fit valoir à ses yeux les motifs les plus sérieux qui devaient la détourner de s’exhiber à la foule. Comme la « débutante » semblait ne pas goûter ces raisons et qu'elle prétendait avoir le droit de débuter, le préfet lui fit comprendre qu'il ne voulait prendre officiellement aucune mesure vexatoire avant la représentation, mais que si celle-ci était scandaleuse, ce qui était absolument certain, il se verrait dans la nécessité cruelle de sévir en fermant le théâtre où elle aurait eu lieu et en invitant peut-être la «débutante » a quitter le territoire français — mesure qu'il la suppliait de ne pas l'obliger à employer.

Puis, très amicalement, très paternellement, M. Lépine insista sur des questions d'ordre privé.

Il fut éloquent et persuasif, car à six heures et demie précises, l'ex-princesse, très émue, renonçait à paraître sur la scène des Folies-Bergère.

Ce début à sensation n'aura donc pas lieu, et le scandale que nous redoutions et qui eût été plus formidable que nul ne peut le soupçonner, est heureusement étouffé.

La Presse a quelquefois du bon !

*
*      *

En quittant l'hôtel du Palais, Mme Clara Ward est rentrée à son hôtel, où à peine installée, elle a reçu la visite d'un médecin, elle n'a pas eu de peine à jouer le rôle de malade qui doit expliquer au public sa décision de ne pas paraître aux Folies, car elle était effectivement souffrante.

Le docteur a indiqué l'ordonnance suivante:
Prendre par jour, en deux ou trois fois, deux à trois cuillers à potage de la potion suivante, diluée dans un verre de tisane de mauve :

    Acétate d'ammoniaque 15 gr
    Alcool de racine d'aconit 30 gouttes
    Sirop de codéine 100 gr.
    Eau de fleurs d'oranger 40 gr.

Mme Clara Ward n'a pas décidé encore si elle resterait à Paris ou si elle repartirait pour Berlin, où des offres brillantes lui sont faites par la Belle-Alliance, un music-hall renommé sur les bords de la Sprée.

Ce que nous savons, c'est qu'aujourd'hui même l'héroïne de ce petit roman doit aller poser chez un de nos grands photographes dans le costume suggestif qu'elle devait endosser aux Folies-Bergère.

Enfin, cette tragédie finit heureusement en opérette Mme Clara Ward renonce au théâtre, en France du moins, et rentre ainsi dans la vie privée. Nous n'avons plus à nous occuper d'elle, et nous espérons bien qu'il en sera toujours ainsi.

Ajoutons que Mme Clara Ward qui s'est sagement abstenue d'envoyer du papier timbré au Gaulois aurait moins sagement décidé d'en adresser à un de nos confrères.

Maubersac

 Les téléphones numéro à compter du 1er février 1897

LES TÉLÉPHONES

LE NOM ET LE NUMÉRO

Chacun se sert du téléphone, mais tout le monde, plus ou moins, s'est plaint de son fonctionnement. On a, en premier lieu, accusé la Compagnie qui en fut d'abord propriétaire ; on s'en est pris ensuite à l'administration de l'État qui s'est rendu acquéreur des téléphones et aussi à la « demoiselle du téléphone » qu'une pièce de mon excellent ami Maurice Desvallières a rendue à jamais populaire. Nous avons pesté contré le directeur ou le sous-secrétaire d'État des postes et télégraphes qui les dirigeaient,- nous avons ri de la « demoiselle » préposée aux communications, et nous l'avons accablée de tous les péchés d'Israël.

Une enquête s'imposait, au moment où M. Delpeuch, le sous-secrétaire d'État actuel des postes, trouvait que tout n'était pas pour le mieux dans le régime des téléphones, et décidait que les appels à l'avenir seraient faits en donnant le numéro de l'abonné avec lequel on désirait « causer », et non plus le nom de la personne avec qui on voulait s'entretenir. Là-dessus quelques confrères se sont récriés. Pourquoi changer les habitudes ? Pourquoi ne pas demeurer dans le statu quo? Pourquoi? Nous allons le voir.

M. de Selves, avant d'être nommé préfet de la Seine, dirigeait les postes, et l'administration des téléphones était placée sous ses ordres. Hier matin, je lui faisais donc passer ma carte, afin de me documenter auprès de lui. C'était un des jours de réception du préfet, et le cabinet d'attente était naturellement rempli. Quand je fus reçu chez M. de Selves, le vingtième de la série, l'heure du déjeuner avait sonné. Néanmoins, le très aimable fonctionnaire voulut bien se mettre à ma disposition. Quand il connut l'objet de ma visite, il me dit :

— Surtout pas d'interview sur ce sujet des téléphones. Je les ai beaucoup oubliés, ces téléphones, quoique je m'en serve tous les jours.

— Mais votre opinion sur la réforme de M. Delpeuch, ne pouvez-vous me la confier ?

— Je la trouve excellente en principe, et moi-même j'avais pensé à la réaliser, quand j'étais directeur des postes, mais on ne fait pas toujours ce qu'on désire. Une réforme a besoin de mûrir pour qu'elle soit bien appliquée et qu'elle produise les résultats qu'on en attend. Je ne puis que féliciter mon successeur du parti qu'il a pris. »

J'aurais été heureux d'avoir de la bouche de M. de Selves des explications sur le fonctionnement des téléphones avec l'appel au nom et l'appel au numéro, mais il m'interrompit :

— Je n'aime pas, me déclara-t-il, marcher sur les plates-bandes du voisin. » Mais il me donna une précieuse indication en me désignant M. Darcq, un ingénieur qui occupe aux postes et télégraphes, rue de Grenelle, la haute fonction d'inspecteur général des téléphones, comme l'homme le mieux à même de diriger mes pas.

— Mais n'oubliez point, ajouta-t-il, de vous rendre ensuite au poste central des téléphones, rue Gutenberg, pour juger par vous-même. »

J'en pris bonne note et j'allai voir M. Darcq. M. Darcq venait de lire l'opinion du Figaro, parue dans notre numéro d'hier, sur la réforme de M. Delpeuch et m'en exprima sa vive satisfaction. Il me parla ainsi :

— Remarquez bien que la réforme a été faite en vue d'être agréable au public. Celui-ci se plaint souvent de ne pas avoir les communications avec assez de promptitude. Si, au lieu de demander la nom de la personne, ce qui nécessite pour la demoiselle qui est au bureau une recherche, il donne le nom du numéro sous lequel est inscrit le téléphone de son correspondant, la communication sera pour ainsi dire immédiate, surtout avec les nouveaux appareils — les multiples — dont l'administration dispose aujourd'hui. Le jour où ce nouveau système fonctionnera partout à Paris, tout le monde s'en louera.

—Mais il existe encore d'anciens appareils.

— Oui, mais même avec ceux-là l'appel au numéro sera un progrès. D'ailleurs ils sont bien peu nombreux, et dans six mois ils auront à peu près disparu et seront remplacés par les derniers modèles. Le 1er février prochain, qui marquera le début du nouveau régime, il y aura une proportion de 12,000 abonnés contre 4,000 qui seront desservis par les appareils nouveaux...»

J'ai tenu à contrôler ces affirmations moi-même, et, sur les conseils de M. Darcq comme sur ceux de M. de Selves, je suis allé à l'hôtel des téléphones, rue Gutenberg. Là, sous la conduite du chef du bureau central, M. Godefroy, et du chef du bureau des correspondances téléphoniques, de la rue de Grenelle, j'ai examiné dans tous.ses détails l'installation de notre réseau téléphonique.

Ce qui importe surtout au public, c'est de savoir le cas qu'on fait de ses appels, la promptitude plus ou moins grande avec laquelle on y répond.

*
*    *

Transportons-nous donc dans les deux grandes salles où se trouvent les téléphonistes. Très attentives, nullement distraites par l'arrivée des visiteurs, elles sont là, sur leurs chaises, en face des « multiples» avec leurs récepteurs et leurs transmetteurs. On entendrait voler une mouche et cependant elles sont nombreuses, ces dames et ces demoiselles.

Chacune d'elles a devant les yeux tous les abonnés du multiple, 6,000, 9,000, selon les cas, ou plutôt les numéros des téléphones des abonnés, et en revanche chacune ne peut-être appelée que par quatre-vingts d'entre eux.

Quand un de ces quatre-vingts abonnés appelle, un petit volet tombe. Aussitôt la préposée au téléphone enfonce une fiche dans Jack de réponse, et abaisse la clef d'écoute. Jack, c'est une petite ouverture qui est réservée aux abonnés. Chacun a la sienne; elle porte le nom de son inventeur.

Cette opération terminée, la téléphoniste se trouve en communication avec l'abonné et, si elle observe le règlement, elle doit prononcer ce mot « J'écoute. » Sur ce point, il est évident, n'est-ce pas ? qu'elle ne respecte pas souvent le règlement. Enfin, nous sommes prévenus maintenant qu'elle doit nous faire cette déclaration de principe. L'abonné lui indique alors un numéro. Elle l'a devant les yeux, ce numéro, comme je le disais plus haut, et elle n'a qu'à enfoncer l'autre extrémité de la fiche dans le Jack général, celui par lequel on appelle. Elle demande le correspondant, et, si il répond, les abonnés se trouvent en communication.

Voilà comment fonctionnera le nouveau régime. Avec ce régime, déjà adopté par un certain nombre de commerçants et d’industriels, il ne faut pas plus d'une minute pour obtenir une communication. Mais si on demande le nom, la demoiselle du téléphone est obligée de faire des recherches dans un livre, où sont inscrits beaucoup de noms ajoutés au crayon ou à la plume, et ces recherches prennent à elles seules en moyenne deux ou trois minutes, quand elles aboutissent.

Car souvent la téléphoniste se trompe de nom, quand elle est dans son travail le plus actif, entre dix heures et midi principalement, et alors l'abonné s'impatiente, rattache les récepteurs et sonne. C'est une nouvelle perte de temps que lui cause son impatience. Car la même opération que nous avons analysée se renouvelle. La téléphoniste vous prie d'épeler le nom. Elle le cherche de nouveau et le trouve au bout de quelques minutes seulement.

Il y a donc, par le fait de demander le nom, une prolongation d'attente. Avec l'appel au numéro, économie de temps et d'impatience des deux côtés, et erreurs presque impossibles. C'est ce que j'ai pu constater, au cours de la longue visite que j'ai faite rue Gutenberg. Ce sont là d'heureuses perspectives pour les abonnés.

Quelques observations encore sont utiles on est surpris, en appelant au numéro, de recevoir quelquefois, presque au même moment où on le demande, la réponse suivante :

— « Déjà en communication. »

On s'imagine que la téléphoniste se débarrasse ainsi de son client et ne veut pas le mettre en communication. La vérité, la voici à l'instant où l'employée a enfoncé la fiche dans le Jack général, elle a entendu un bruit dans son récepteur qui lui prouve que la ligne est occupée. Elle est donc tout de suite renseignée, et vous renseigne à son tour presque immédiatement.

Autre remarque, et tout à fait essentielle, sur laquelle insiste l'administration, et avec raison. Une fois que les abonnés sont en rapport, la téléphoniste relève la clef d'écoute. Elle n'écoute plus et les abonnés ont intérêt à l'avertir, quand ils ont fini de parler, en appuyant à fond une fois ou deux sur le bouton d'appel pour faire tomber le signal de fin de conversation.

S'ils négligent ce détail, ils risquent soit d'être appelés à tort, soit de ne pas être rappelés, si on les demande, la téléphoniste croyant la ligne occupée. L'administration ne s'imagine pas que du 1er février datera l'âge d'or des communications téléphoniques il y aura encore des réclamations, elle désire même qu'il y en ait pour remédier aux imperfections du service. Mais, dès à présent, elle est convaincue qu'à partir du 1er février le public s'apercevra d'une réelle amélioration.

Je le crois comme elle, après avoir vu et comparé dans la pratique le système ancien et le système nouveau.

En ce qui concerne le personnel, il est dévoué, m'ont affirmé ses chefs, et il m'a, en effet, paru tel. Ces demoiselles, si on y réfléchit, ont des trésors de patience, et l'abonné en manque quelquefois, sachons le reconnaître.

D'ailleurs, il semble dès maintenant certain qu'il sera servi bientôt avec toute la rapidité désirable. C'est ce qu'il veut. Il sera donc satisfait et l'administration ne le sera pas moins.

Paris, la Ville-Lumière, pourra se vanter d'être dotée d'une réforme réalisée déjà non seulement dans les grandes villes de l'étranger, mais en province, cette malheureuse province qu'on traite de retardataire, à Bordeaux, à Marseille, un peu partout…

Maurice Leudet.

Le Figaro — 24 janvier 1897

L'actualité dramatique

 DRAME DE LA MISÈRE - Le Figaro - 27 déc.1897

DRAME DE LA MISÈRE

M. Pelatan, commissaire de police du quartier Saint-Fargeau, était requis, hier, par le patron d'un hôtel situé au n° 14 du passage Julien-Lacroix, de venir constater le suicide d'une de ses locataires, Léonie Lamy, courtilière, âgée de dix-neuf ans, qui avait entraîné avec elle dans la mort son petit garçon, âgé de quatorze mois.

Le logeur raconta au magistrat qu'il avait dû enfoncer la porte de sa locataire qui avait l'habitude de déjeuner avec lui et dont l'absence lui avait paru singulière. De fortes émanations d'acide carbonique ne lui avaient laissé aucun doute sur le drame qui venait de se produire. Il savait, ajouta-t-il, que Léonie Lamy avait été abandonnée par son amant qui l'avait laissée sans ressources. Accompagné d'un médecin, M. Pélatan se rendit rue Julien-Lacroix. Le praticien, au cours de son examen, reconnut que la couturière donnait encore de très faibles signes de vie. A l'aide d'inhalations, il réussit à la rappeler à la vie et la fit transporter à l'hôpital Tenon. Le bébé était mort.

Malgré l'extrême gravité de son état, la malheureuse couturière a pu reprocher à ses sauveurs de l'avoir ranimée.

J'ai dépensé mes quatre derniers sous pour l'achat d'un boisseau de charbon. Si je reviens à la santé, que ferai-je maintenant ?

Le Figaro - 27 déc.1897

 Un grand entrepreneur de travaux

Un grand entrepreneur de travaux publics du quinzième arrondissement était victime, depuis plusieurs mois, de vols dont se rendaient coupables quelques-uns de ses charretiers qui, détournant des marchandises qu'ils étaient chargés de transporter, les revendaient à des tâcherons Un employé de l'entrepreneur, nommé Firmin Perrot, s'en étant aperçu, signala le fait à son patron. Celui-ci ne voulut pas porte plainte; il se contenta de prendre des mesures pour empêcher désormais lés détournements signalés.
Mais les charretiers apprirent que Perrot les avait dénoncés et ils jurèrent de se venger. Trop lâches pour le faire eux-mêmes, ils confièrent le soin de leur vengeance à des charretiers travaillant chez d'autres entrepreneurs. Ceux-ci, non moins lâches, se mirent à. cinq pour tomber sur le malheureux employé, au moment où il passait rue Péclet, une rue presque toujours déserte. Le pauvre garçon fut mis en piteux état par ces misérables qui s'enfuirent comme une volée d'urubus quand arrivèrent les agents, attirés par les appels de la victime. C'est dans un état très grave que le blessé a été transporté chez lui, rue de Vaugirard.
La police est à la recherche des cinq agresseurs, qui ne tarderont pas à être arrêtés.

Le Figaro - 3 août 1897

 RAFLE DE VAGABONDS

RAFLE DE VAGABONDS

Un charmeur de rats

La Sûreté a opéré l'avant-dernière nuit une rafle parmi les vagabonds qui cherchent un abri sous les ponts. Quarante-cinq individus ont été arrêtés. Sous le pont des Arts, les agents se sont livrés à véritable chasse à l'homme pour s'emparer des vagabonds abrités dans les ferments servant de soutien au tablier du pont. Pour ne pas tomber dans la Seine, les malheureux qui passent la nuit sous ce pont s'accrochent avec leur ceinture et leurs bretelles. Lorsqu'ils ont vu les agents, ils se sont sauvés d'arche en arche pour gagner l'autre rive, mais des agents les y attendaient et les ont capturés au fur et à mesure de leur arrivée.

Parmi les individus arrêtés se trouve un type très curieux, un nommé Émile Schwartz, âge de quarante ans, qui est sans domicile depuis vingt ans. Schwartz qui parcourt la France à pied, de village en village, est un barnum d'un nouveau genre. Il montre des souris blanches et des rats, qu'il loge sur sa poitrine, au-dessus de la ceinture de son pantalon. En même temps que lui, les agents ont amené à la Sûreté ses pensionnaires. Une odeur insupportable due aux croûtes de fromages avariées et aux fruits gâtés dont Schwartz nourrissait rais et souris, s'échappait des poches du vieux vagabond.

Quand on a fouillé Schwartz, les inspecteurs durent sortir de leur asile rats et souris et les déposer à terre. Chose curieuse, aucun de ces animaux ne se sauva et tous se groupèrent autour de leur maître. Ils attendirent derrière la porte du cabinet de M. Cochefert que leur maître sortit de chez le chef de la Sûreté.

Schwartz a été remis en liberté hier matin, et il a quitté la Sûreté avec ses rats et ses souris, qui y avaient trouvé un asile momentané.

Le Gaulois — 10 septembre 1897

Dans l'actualité du ...

 28 septembre

Mardi
28 septembre 1897

M. le président de la République est allé chasser hier dans les tirés de Marly. Il est parti par le train de neuf heures treize.

Le président, avait invité MM. Barrère, ambassadeur à Berne, Catusse, directeur général des contributions indirectes, les colonels Fournier, Wallon et Moreau


LE CONSEIL D'AUJOURD'HUI.

Les Ministres se réuniront aujourd'hui, à deux heures et demie de l'après-midi, à l'Élysée, sous la présidence de M. Félix Faure. Tous les ministres seront présents

Le président du conseil est arrivé hier soir à dix heures trente-cinq.

MM. Rambaud, ministre de l'Instruction Publique, et le général Billot, ministre de la Guerre, sont rentrés à Paris.

MM. Henry Boucher, ministre du Commerce, est attendu dans la matinée.


M. BARTHOU.

M. Louis Barthou, ministre de l'Intérieur, quittera Paris, vendredi soir, pour se rendre à Bayonne ou il présidera, le 3 octobre, le banquet organisé en son honneur par les comités républicains. Le 10 octobre, il présidera le comice agricole de Mauléon.

Le ministre de l'Intérieur a achevé, ce matin, de recevoir les préfets compris dans le récent mouvement administratif. Il a reçu notamment les préfets de la Haute-Garonne, des Alpes-Maritimes, de l'Isère, des Landes, de Loir-et-Cher.


M. TURREL A BELFORT

Belfort, 28 septembre. — M. Turrel, ministre des travaux publics, est arrivé hier matin, à onze heures vingt, par un train spécial, venant de Montbéliard et de Blamont, où il a assisté à l'inauguration du monument de Viette.


Le cas du Docteur Laporte

Le monde médical continue à s'émouvoir très vivement de l'affaire du docteur Laporte. Le syndicat des médecins de la Seine a protesté hier par une lettre contre le régime de la prison préventive qui est infligé au jeune médecin de Charonne.

« Un accident, une imprudence », disent les protestataires ne saurait être imputé à crime. La Société médicale du dix-septième arrondissement où exerça, primitivement le docteur Laporte, lui a fait parvenir une allocation de 100 francs. Enfin l'Académie de médecine a été saisie et une lettre adressée au président sera lu en séance. Le syndicat des médecins s'est chargé de la défense du docteur Laporte devant la justice.


Dompteur blessé

Louviers, 28 septembre. Le dompteur François Moulard, qui faisait ses débuts dans une ménagerie, a été blessé grièvement au bras et à la cuisse par une lionne pendant une représentation.


Les médecins belges ont des joyeusetés qui font frémir. Ils viennent de fonder : l'Apoplectic-Club.

Le titre seul fait juger des conditions d'admission. Le médecin récipiendaire doit, pour être agréé, passer devant la commission, et si sa face est suffisamment rougeaude, si la congestion est évidente, si l'apoplexie est inéluctable, il est admis au ballotage.

Le président est naturellement celui dont la face est la plus cramoisie. L'aubergine est pâle à côté de lui.

Le but de la société est plus abracadabrant encore. Il consiste dans l'engagement pris par chaque membre de se poser chaque mois, à jour déterminé, six sangsues.

Parole d'honneur, je préfère les Cent-Kilos !


UNE VOITURE QUI FLAMBE.

Une voiture automobile électrique, que conduisait M. Jeanteaud, demeurant, 51, rue de Ponthieu, a pris subitement feu, devant le numéro 11 de la rue des Écuries-d'Artois.

Comme les flammes s'élevaient à la hauteur d'un premier étage et menaçaient de communiquer le feu à un magasin d'épicerie situé à cette adresse, des gardiens de la paix firent demander le secours des pompiers au moyen de l'avertisseur d'incendie.

En même temps M. Jeanteaud, aidé par les agents et les passants, inondait à l'aide de sceaux d'eau sa voiture en flammes.

Lorsque les pompiers arrivèrent, tout danger était écarté, le feu était éteint.


La rentrée des classes.

Les mères soucieuses de l’hygiène de leurs enfants n’oublient pas de mettre dans leur trousseau de l’alcool de menthe de Riçqlès. Grâce à la fraîcheur de son parfum et à ses propriétés antiseptiques, c’est le meilleur dentifrice et l’eau de toilette la plus agréable. Le Ricqlès est aussi un remède efficace contre les maux de cœur, de tête et d’estomac; son usage préserve des épidémies.

sans titre 1

 29 septembre

Mercredi
29 septembre 1897

Le Président de la République, venant de Rambouillet pour présider le Conseil des ministres, est arrivé hier matin à Paris, par le train ordinaire de 7 h. 55 à la gare Montparnasse.

Il était accompagné par Mlle Lucie Faure, M. Barrère, ambassadeur de France à Berne, et le commandant de Lagarenne.

M. Félix Faure a été reçu sur le quai de la gare par MM. Hanotaux, ministre des affaires étrangères Le Gall, directeur du cabinet du Président de la République Lépine, préfet de police; Crozier, directeur du protocole, etc.

M. Félix Faure quitte Paris ce matin, à-neuf heures, pour retourner à Rambouillet.


Un brouillard des plus intenses s'est subitement abattu, hier soir, vers onze heures, sur la rive gauche de la Seine.. La circulation est devenue si difficile sur le boulevard Saint-Michel, que les agents places en tête des ponts ont cru devoir faire descendre les cyclistes de leur machine.

Chose curieuse, le brouillard s'arrêtait juste au pont Louis-Philippe et formait une couche flottante d'une épaisseur d'environ 3 millimètres parfaitement déterminée.

Le jardin du Palais-Royal .était rempli de brouillard à onze heures du soir.


Le comité de l'industrie et du commerce parisiens, présenté hier au président de la république par M. Henry Boucher, ministre du commerce, a offert à M. Félix Faure, en souvenir de son retour de Russie, un surtout de table en argent ciselé.

Les présidents du tribunal de commerce et de la chambre de commerce de la Seine ont, en outre, demandé au président de la république de vouloir bien assister à un banquet auquel seront invités les représentants de tous les tribunaux et chambres de commerce de France et qui aura lieu, le 14 octobre prochain, dans la salle de la Bourse du commerce.

M. Félix Faure a accepté cette invitation.


LE FAUX OFFICIER DE MARSEILLE

MARSEILLE, 29 septembre. Le nommé Charles Porte, dangereux repris de justice, a été arrêté dans la rue de la République. Il portait un uniforme d'officier d'ordonnance avec les galons de sous-lieutenant. Il avait pris ce costume pour faire des dupes et aussi pour dépister la police, qui le recherchait.


M. Boucher inaugurera dimanche à Châteauroux le monument aux morts de 1870, élevé par souscription du département de l'Indre.

L'œuvre, fort belle, est du .sculpteur Verlet, l'auteur du Maupassant du parc Monceau, et de M. Tournaire, architecte. Sur un piédestal, figurant une tourelle, la France guide vers les combats un jeune volontaire qui porte d'une main une épée gauloise et de l'autre le drapeau de la nation. En arrière du monument, assise sur le socle auprès d'une gerbe de blé et de fleurs des champs, une petite Berrichonne semble attendre le fiancé parti vers la frontière et qui ne reviendra plus, car son nom est gravé sur la pierre parmi ceux des enfants de l'Indre morts pour la patrie.


TARIF DINGLEY

Une des conséquences du nouveau tarif américain, dont on pane tant en ce moment, sera heureuse pour les Parisiens, et surtout pour ceux qui composent !a grande clientèle de la maison « Auld Reekie », les tailleurs écossais de la rue des Capucines, angle de la rue Volney. Ils en ont, en effet, profité pour acheter dans les fabriques d'Ecosse à bien meilleur compte, ce qui leur a permis de remanier leurs prix et d'offrir en exposition des séries exceptionnelles.

Ajoutons que le directeur et associé, M. Henry Poole, a décidé de s'occuper personnellement de la vente. Les clients sont donc assurés d'être admirablement guidés et dans le choix des étoffes et dans la dernière coupe « chic » de Londres. On voit que le tarif Dingley a du bon.


De Dax :

« Ce qui fait le succès croissant des Grands Thermes, ce n'est pas seulement l'excellence des méthodes thérapeutiques employées pour la guérison du rhumatisme et de la névralgie, c'est aussi la certitude de ne s'y rencontrer qu'en bonne compagnie. Pour s'être internationalisée dans ces derniers temps, la clientèle des Grands Thermes n'est pas moins bien choisie. »


AVIS IMPORTANT

Si vous voulez être toujours bien rasé pendant votre séjour à la campagne, achetez le « Rasoir-Bijou », chez André Autard, 6, rue Castiglione. Prix: 8 francs.

sans titre 1

A. ALLAISLe bon mot
d'Alphonse Allais

 Pour arriver dans la vie, il faut du culot, des relations et de la publicité.


334. Le Président de la République qui rentrait à Paris le 28 mars au matin, à huit heures et demie, par la gare Montparnasse, était salué à son arrivée par l'amiral Besnard, ministre de la marine; le général Billot, ministre de la guerre; MM. Mersey, chef du cabinet de M. Méline, représentant le président du Conseil absent Crozier, directeur du protocole Blondel, chef du secrétariat particulier du Président de la République; Blanc, directeur de la sûreté générale; Lépine, préfet de police, etc.
C’est une erreur de croire qu’en payant ses costumes plus de 69 fr.50, ils sont meilleurs que ceux offerts pour ce prix par High Life Tailor, 17, faubourg Montmartre. Quant à être plus élégants, c’est impossible.
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Un drame épouvantable de la folie s'est déroulé, hier matin, à Passy. Une mère a précipité son enfant par la fenêtre de son logement, situé au troisième étage, puis s'est, ensuite donné la mort en s'élançant à son tour dans le vide. Elle s'est littéralement écrasée sur le trottoir, près de l'infortune bébé qui, lui, respirait encore.

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Deux corrects gentlemen se présentaient, il y a quelques jours, chez un marchand de meubles de la rue de Charenton, M. Hermann et exprimaient le désir de faire l'acquisition de deux mobiliers de chambre à coucher.

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 L'ART DE BIEN VIVRE

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Naitre c'est le bonjour, mourir c'est le bonsoir.

Entre .ces deux saluts, parfumez-vous sans cesse

Au savon du Congo, source de douce ivresse,

Ainsi vous vieillirez sans vous apercevoir.

Pierre Joyeux au savonnier Victor Vaissier

Nouvelles à la main

 En soirée

En soirée :

— J'ai cru remarquer, Monsieur Boireau, que vous ne mettez jamais qu'un gant. Pourquoi cette manie ?

― J'ai perdu l'autre, Madame. il y a cinq ans…

 Le docteur à une de ses clientes

Le docteur à une de ses clientes
— Et votre mari, comment va-t-il? Toujours ses maux d'estomac. Il fume trop et prend trop d'apéritifs. Vous devriez le gronder sévèrement.
— C'est que, docteur. il souffre de l'estomac, mais il ne souffre pas de reproches

Saviez-vous qu'il existât une commission officielle 

— Saviez-vous qu'il existât une commission officielle dite de l'allaitement maternel ?

— Eh bien, il y en a une, qui se réunit, de temps en temps, à l'Hôtel de ville.

— Espérons que, dans ce cas particulier, le " sein " de la commission n'est pas un sym...bole » .

Mme de K

Mme de K..., femme d'un consul, revient en France après un assez long séjour à l'étranger.
Toutes ses amies lui font les compliments les plus flatteurs sur son teint, ses épaules, ses bras.
— Ah! mon Dieu ! s'écrie-t-elle désolée, je suis donc devenue bien laide, qu'elles me font toutes des compliments ?

 Les deux adversaires se rendant

Les deux adversaires se rendant au lieu de rendez-vous dans le bois de Vincennes, se rencontrent au guichet de la gare de la Bastille.

X... demande un billet aller et retour.

― Vous êtes donc bien sûr de revenir ? dit Z... narquois.

— Absolument sûr.

— Alors je vous fais des excuses, poursuit Z... subitement radouci.


Echos et nouvelles

 Et la pluie continuait de tomber

Et la pluie continuait de tomber !

Depuis que le pluviomètre à l'usage des observatoires a été inventé, c'est-à-dire depuis plus de deux cents ans, il ne s'est jamais rencontré, paraît-il, un mois de septembre aussi mouillé qu'en l'an de grâce 1897.

Aussi les météorologistes sont fort embarrassés d'expliquer ce phénomène. Songez donc que l'observatoire de la tour Saint-Jacques a enregistré dans l'après-midi d'hier, de midi à trois heures seulement, 10 millimètres d'eau ! Cela représente une moyenne de 100 mètres cubes d'eau par hectare.

On essaye de nous consoler en nous rappelant le souvenir de journées plus désagréables encore, celle du 10 septembre de l'année dernière, par exemple, qui, par suite d'une trombe, de funeste mémoire, nous gratifia de 50 millimètres d'eau dans le court espace de deux heures et demie. Mais toutes ces consolations ne valent pas un bon parapluie !

Le Gaulois — 7 septembre 1897

 Les membres du Club des millionnaires de l'Amérique du Nord - 1897

Les membres du Club des millionnaires de l'Amérique du Nord, club d'accès difficile, les personnes possédant la bagatelle de cinquante millions de francs étant seules admises viennent d'inventer un nouveau sport à côté duquel le cyclisme à pétrole ou à benzine et l'automobilisme sont simples jeux d'enfants.
Ces messieurs se sont improvisés conducteurs de locomotive, mécaniciens si l'on aime mieux.
Le célèbre millionnaire Jacques Astor conduit une fois par semaine le train express du Grand-Central de l'Illinois. De méchantes langues disent que M. Astor est intéressé à surveiller l'exploitation d'une ligne dont presque toutes les actions appartiennent à lui ou à sa famille.
M. George Fould, le fils aîné du célèbre Roi des chemins de fer, conduit lui-même les trains de plaisir qu'il organise hebdomadairement. Le président du Conseil d'administration de l'Union Pacific, M. Clark, fait toutes ses tournées d'inspection comme mécanicien. Son collègue, M. Thompson, du Chemin de fer central de Pennsylvanie, a acquis la réputation d'un habile chauffeur, et M. J. Hill, le principal actionnaire de la Great Northern Co a traversé à plusieurs reprises comme mécanicien, ainsi que ses fils, les États-Unis de l'Atlantique à l'océan Pacifique.
Et l'on parle de snobisme, en France !

Le Figaro - 2 aout 1897

 Plus de chauves - APL 21 mars 1897

Plus de chauves !...

Rassurez-vous, ce n'est pas une réclame. Il s'agit d'une découverte très sérieuse faite par M. le docteur Sabouraud et communiquée cette semaine à la Société de dermatologie. Le savant docteur serait parvenu, assure-t-on, à déterminer le microbe de la calvitie. Et ledit microbe qui, depuis tant de siècles, se prélassait tranquillement en son repaire et toute la colonie microbienne, qui infestait le follicule de tant de crânes, vont être sommés de déguerpir...

Chauve qui peut !

Jusqu'à présent, l'état de chauve était généralement très mal considéré. Les journalistes blaguaient assez volontiers les « boules de billard » de quelques honorables sénateurs. Les rapins prétendaient que tels de leurs professeurs avaient coutume de se mettre « le genou sur la tête ». Mille plaisanteries sur les porteurs de perruques étaient devenues légendaires.

Il va falloir en rabattre. Tout le monde aura des cheveux désormais. Oui, mesdames ! Des cheveux qu'il ne sera pas nécessaire d'aller emprunter aux Chinoises ou aux Napolitaines. Des cheveux à soi, qu'on n'aura plus crainte de voir s'éclaircir ou disparaître sous l'action des brosses, des fers à friser et des liquides corrosifs de maintes parfumeries.

Adieu les perruques, adieu les nattes fausses, adieu les recettes de toutes sortes qui avaient la prétention de faire pousser des moissons capillaires sur les terrains les plus arides !...

C'est un krach pour les coiffeurs.

Car ce n'est pas d'aujourd'hui que les moins chevelus d'entre eux offrent à leur clientèle des lotions régénératrices de la chevelure. Je retrouve dans mes notes une très vieille ordonnance, déchiffrée autrefois par le professeur Macalisber, de Cambridge, dans un papyrus égyptien. Il s'agit d'une eau destinée à faire repousser les cheveux de la mère d'un roi de la première dynastie égyptienne, qui régna je ne sais combien d'années avant Jésus-Christ.

Voici cette prescription :
- Bourrelets de pieds de chien : 1
- Dattes : 1
- Sabots d'âne :1
Faire bouillir le tout dans l'huile et s'en frotter énergiquement le cuir-chevelu.

Ce remède, après tout, n'était peut-être pas pire que de nombreuses mixtures préconisées depuis.

Mais j'y songe : Quand il sera si facile à tout le monde d'avoir le crâne plus touffu qu'Absalon, la calvitie n'aura-t-elle plus d'adeptes ? Que dis-je ! Elle en aura' plus que jamais. Elle sera la ressource suprême de ceux qui veulent à tout prix se distinguer. Les snobs la mettront à la mode. Les poètes chevelus, ne pouvant plus se faire remarquer autrement et craignant de passer inaperçus, deviendront des poètes chauves. Et j'imagine que, pour réparer le désastre que la science va leur causer, d'ingénieux coiffeurs ne tarderont pas à trouver quelques produits « infaillibles » destinés à combattre, à arrêter même pour toujours la... pousse des cheveux !

Sergines - APL - mars 1897

 ŒUFS CAOUTCHOUTÉS - H. de Parville - 1897

ŒUFS CAOUTCHOUTÉS

S'il y a bien cinquante manières de préparer les œufs et de les servir aux gourmets, il y a bien au moins autant de procédés pour les conserver frais : frais est une façon de s'exprimer. Le moyen le plus répandu consiste à les plonger dans un lait de chaux. La chaux bouche les pores de la coquille et, si l'œuf était bien plein, sans air et sans microbe, il se conserve, en effet, très long- temps sans altération. Le tout est donc de revêtir sa coquille d'un enrobement imperméable.
Le caoutchouc rend aisément les tissus imperméables : des tissus à la coquille d'un œuf, il n'y a pas loin pour une imagination en éveil. C'est pourquoi M. W. Jessen, de Copenhague, a pensé, en regardant sa pèlerine caoutchoutée, que les œufs se trouve- raient bien d'être caoutchoutés à leur tour. Ainsi il a l'ait. Il plonge les œufs au milieu d'une solution de caoutchouc dans le naphte ou la benzine, et il les retire aussitôt. La benzine s'évapore et l'œuf est recouvert d'une mince pellicule de caoutchouc, qui le met à l'abri de l'air. Voilà comment on vend, à Copenhague, des œufs frais du printemps dernier et pourquoi on nous vendra peut- être bientôt à Paris des œufs caoutchoutés. Le caoutchouc continue à faire son chemin.

HENRI DE PARVILLE. (1897)

 météorologie Echo de Paris 7 janv 1897

Le service municipal de météorologie se livre depuis quelque temps à des expériences intéressantes afin de connaitre quelle peut être l’influence du revètement du sol sur la variation de la température. Des types de chaussées analogues à celles de Paris ont été établis dans le laboratoire de Mont-souris. Sur des surfaces égales bitumées, pavées en bois, en grès et sablées, des thermomètres à minima et maxima ont été disposés à cinq centimètres au-dessus du sol.
D’après les observations faites à ce jour, c’est sur le pavage en bois que la température se maintient en général plus élevé ; c’est aussi sur ce pavage que la variation diurne se manifeste davantage. C’est ensuite sur le sol sablé que la température présente les plus grands écarts.
Autres constatations qui méritent d’être signalées: l’influence de la ville a pour effet d’élever la température de près d’un degré, mais seulement peur les quartiers du centre. Dans le square Saint-Jacques, par exemple, la température moyenne annuelle surpasse de près d’un degré la même moyenne déterminée en pleine campagne, à quelques kilomètres de la capitale. A mesure qu’on se rapproche des fortifications, la température s’abaisse. Enfin il est établi que la masse de Paris se refroidit et se réchauffe très lentement.

L'Echo de Paris - 7 janvier 1897

 La visite du président de la Rép

La visite du président de la République à l'hospice des vieillards de Boulogne

Le président de la République, accompagné général Tournier, des commandants Humbert et Legrand et de M. Le Gall, a quitté, hier, l'Élysée, à deux heures vingt, pour inaugurer le nouvel hospice des vieillards de Boulogne sur Seine.

Reçu au milieu des fleurs, des drapeaux et des vivats par le ministre de l'intérieur, les présidents du conseil municipal de Paris et du conseil général, les préfets de la Seine, de-police, MM. Poirrier, sénateur; Rigaud, député; Escudier, Peyron, etc., M. Félix Faute a répondu aux allocutions de M. Jochum, maire de Boulogne; Gervais et de Selves, par la remise de la rosette d'officier de l'instruction publique à M. Jochum, des palmes académiques à MM. Chevalier, secrétaire de la mairie de Boulogne, Gionnier professeur à l'Association philotechnique, et de la croix du Mérite agricole à MM.. Vidal-Beaume et Chartier.

Au cours de la distribution des médailles d'honneur, l'un des médaillés, vieux garçon de chantier, comptant plus de trente ans de services, voulait absolument, dans sa joie, embrasser lé président.

― On ne donne l'accolade, lui a fait observer M. Félix Faure, que lorsqu'on remet la Légion d'honneur nous verrons plus tard.

La visite de l'hospice a commencé par les dortoirs des  femmes, s'est poursuivie par les bâtiments réservés aux hommes, les cuisines, la machinerie, et s'est terminée par les réfectoires, dans l'un desquels un lunch avait été servi.

M. Gervais, président du conseil générale a porté un toast à la santé du président de la République, qui s'est  retiré, très acclamé, ainsi que M. Barthou.

Le Matin ― 18 mars 1897

Le Journal de 1897

Le journal de 1897 et des environs doit être vu avec un exploreur prenant en charge la mise en colonnes.
Chaque page se crée quand vous la consultez.
Les textes en ligne sont des reflets de la société française de la fin du XIXème siècle. La question est : "le Monde change-t-il vraiment ?".

                 Bonne lecture

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