Le scandale des Folies-Bergère évité - 15 avril 1897
Le scandale des Folies-Bergère évité
Une indisposition de commande. Intervention du préfet de police. — Exhibition
interdite
Le Gaulois — 15 avril 1897
Le Gaulois avait signalé avec une indignation légitime les débuts prochains,
sur la scène des Folies-Bergère, de l'ex-princesse et nos confrères, convaincus
comme nous du scandale formidable que cette exhibition devait fatalement soulever,
nous avaient emboîté le pas. Notre juste appel a été entendu. La « débutante »
ne débutera pas. Nous en sommes un peu la cause et nous nous en félicitons hautement.
En cette circonstance, M. Lépine a droit à nos remerciements et nous les lui
marchanderons d'autant moins qu'on sait que les fonctionnaires de la république
nous donnent rarement l'occasion de les féliciter.
On lira plus loin à la rubrique du « Courrier -des spectacles » la note
officielle que le théâtre des Folies-Bergère nous a adressée pour nous faire
savoir que l'ex-princesse ne débutait .pas ce soir sur la scène de la rue Richer.
Cette note nous montre la débutante empêchée par un état maladif d'une certaine
gravité. Il y est question d'influenza, de fièvre intense, de complication pulmonaire.
A la vérité, et fort heureusement pour l'héroïne en cause, sa santé est excellente
et les raisons pour lesquelles les amateurs de scandales ne. la verront pas
ce soir sont à un ordre-tout à fait différent.. Les voici dans toute leur simplicité..
Hier matin, M. Marchand, directeur des-Folies-Bergère, était appelé chez le
préfet de police, qui lui demandait officieusement de renoncera faire débuter
celle qui sur l'affiche devait porter le nom de l'ex-princesse.
Le scandale, prétendait le préfet, serait extraordinaire et des renseignements
qui lui étaient fournis, il ressortait que la débutante serait huée, qu'une
foule de gens s'étaient procurés des sifflets à roulette et qu'on lui jetterait
à la face des lapins vivants, des pelures de pommes de terre et d'autres objets
innommables.
M. Marchand répondit au préfet qu'il redoutait autant que lui ce scandale
et que si la « débutante » consentait à renoncer à ses projets de
paraître sur son théâtre, il s'en montrerait fort heureux pour sa part.
D'ailleurs il craignait si fort les manifestations brutales qu'il avait interdit
qu'on servit aucune consommation dans la salle et qu'il avait fait supprimer
les petits bancs et les lorgnettes automatiques.
— Puisque vous partagez mon avis lui, dit le préfet, voyez l'ex-princesse,
et tâchez qu'elle ne soit pas hostile à nos sages projets.
» D'ailleurs, je vais la convoquer pour ce soir, six heures, et je vous
prie de revenir à mon cabinet à la même heure. »
Puis, congédiant M. Marchand, le préfet ajouta :
— Allons, je commence à croire que nous parviendrons peut-être à éviter
tout scandale.
A six heures précisés, M. Marchand arrivait à l'hôtel du boulevard du Palais,
où, depuis un quart d'heure, la débutante l'avait précédé. L'héroïne fut reçue
la première. Le préfet fit valoir à ses yeux les motifs les plus sérieux qui
devaient la détourner de s’exhiber à la foule. Comme la « débutante »
semblait ne pas goûter ces raisons et qu'elle prétendait avoir le droit de débuter,
le préfet lui fit comprendre qu'il ne voulait prendre officiellement aucune
mesure vexatoire avant la représentation, mais que si celle-ci était scandaleuse,
ce qui était absolument certain, il se verrait dans la nécessité cruelle de
sévir en fermant le théâtre où elle aurait eu lieu et en invitant peut-être
la «débutante » a quitter le territoire français — mesure qu'il la suppliait
de ne pas l'obliger à employer.
Puis, très amicalement, très paternellement, M. Lépine insista sur des questions
d'ordre privé.
Il fut éloquent et persuasif, car à six heures et demie précises, l'ex-princesse,
très émue, renonçait à paraître sur la scène des Folies-Bergère.
Ce début à sensation n'aura donc pas lieu, et le scandale que nous redoutions
et qui eût été plus formidable que nul ne peut le soupçonner, est heureusement
étouffé.
La Presse a quelquefois du bon !
* * *
En quittant l'hôtel du Palais, Mme Clara Ward est rentrée à son hôtel, où
à peine installée, elle a reçu la visite d'un médecin, elle n'a pas eu de peine
à jouer le rôle de malade qui doit expliquer au public sa décision de ne pas
paraître aux Folies, car elle était effectivement souffrante.
Le docteur a indiqué l'ordonnance suivante: Prendre par jour, en deux
ou trois fois, deux à trois cuillers à potage de la potion suivante, diluée
dans un verre de tisane de mauve :
Acétate d'ammoniaque 15 gr
Alcool de racine d'aconit 30 gouttes Sirop de codéine
100 gr. Eau de fleurs d'oranger 40 gr.
Mme Clara Ward n'a pas décidé encore si elle resterait à Paris ou si elle
repartirait pour Berlin, où des offres brillantes lui sont faites par la Belle-Alliance,
un music-hall renommé sur les bords de la Sprée.
Ce que nous savons, c'est qu'aujourd'hui même l'héroïne de ce petit roman
doit aller poser chez un de nos grands photographes dans le costume suggestif
qu'elle devait endosser aux Folies-Bergère.
Enfin, cette tragédie finit heureusement en opérette Mme Clara Ward renonce
au théâtre, en France du moins, et rentre ainsi dans la vie privée. Nous n'avons
plus à nous occuper d'elle, et nous espérons bien qu'il en sera toujours ainsi.
Ajoutons que Mme Clara Ward qui s'est sagement abstenue d'envoyer du papier
timbré au Gaulois aurait moins sagement décidé d'en adresser à un de nos confrères.
Maubersac
Les Causes de l’Anthropophagie - 1897
Les Causes de l’Anthropophagie
Les savants ont longuement recherché en ces dernières années quelles étaient
les causes et les origines de l'anthropophagie, dont les horribles coutumes
subsistent encore puisque, il y a deux ou trois ans, un de nos compatriotes
était dévoré par les indigènes de la côte de Guinée.
L'anthropophagie est-elle
une manière d'honorer les morts et de s'assurer par l'absorption de leurs restes
l'héritage des vertus guerrières dont ils ont fait preuve ? Ou ne faut-il
voir en cet usage qu'une coutume où la gourmandise seule trouve son compte Les
deux opinions ont été détendues.
Voici qu'un égyptologue anglais de grand
renom, M. Flinders Petrie, apporte une intéressante contribution à l'étude de
cette question. Dans un article que reproduit la Revue des Revues, il invoque
le témoignage d'un document vieux de trois mille ans, exhumé d'une nécropole
non loin du Caire, qui montre que le cannibalisme était pratiqué par les habitants
du pays.
En des festins funèbres, on mangeait les bras et les jambes de
ceux que l'on voulait honorer. Cette cérémonie que plusieurs Pharaons s'efforcèrent
d'interdire se maintint longtemps en Égypte malgré les peines qui frappaient
ceux qui y participaient.
Ce fait s'ajoute à nombre d'autres desquels on
peut inférer qu'une véritable psychologie se liait aux actes d'anthropophagie
et que ceux-ci n'étaient pas toujours dictés par un grossier matérialisme. Lorsqu’un
grand guerrier mourait dans un combat, les survivants, les vainqueurs, estimaient
que l'occasion était bonne de s'approprier son courage en mangeant sa chair
et en buvant son sang. Dans certaines tribus de la Polynésie, on considérait
que manger ses parents c'était leur faire des funérailles plus honorables un
rite religieux s'associait ainsi au cannibalisme, et les vieillards très résignés
annonçaient eux-mêmes les agapes pieuses où se disperseraient leurs dépouilles.
Peut-être ces pratiques se sont-elles maintenues dans quelques îles perdues
de l'océan Pacifique.
M. Flinders Pétrie nous assure que les sauvages de l'Amérique du Sud disent
encore : « II vaut mieux finir dans le ventre d'un ami qu'englouti dans
la terre froide. Dans nos régions glaciaires, les Ostiak et les Samoyèdes pensent
que les anciens auront une vie future plus douce et plus heureuse si on les
mange auparavant. C'est aussi l'opinion de quelques Thibétains. C'était dans
l'antiquité celle des Massagètes qui d'après Strabon, « aimaient mieux, mander
leurs parents ou leurs amis devenus vieux que les abandonner à la morsure des
vers ».
Il est constant que la plupart des anthropophages ne mangent
nullement de la chair humaine poussés par le besoin. On peut citer à ce propos
les Cafres, qui se livraient à leurs sanglantes hécatombes au milieu de l'abondance
et sous un climat fertile. Chez eux, l'anthropophagie parait avoir été représailles
de guerre ; peut-être entendaient-ils enlever aux vaincus même l'honneur de
la sépulture.
Maintenant, il est indéniable qu'en certaines contrées les
festins de chair humaine n'ont pas d'autre cause que la gourmandise. C'est,
notamment, une nourriture usuelle dans quelques tribus congolaises voisines
de nos possessions ou résidant même sur notre territoire. On se rappelle qu'il
y a sept ou huit ans les cannibales du Haut-Oubanghi ont massacré et mangé un
sous-officier français et les dix noirs qu'il commandait.
Dans l'Oubanghi,
il ne se passe pas de jour que l'un ou l'autre village n'immole une victime
destinée à faire les frais d'un repas. C'est tantôt la mort d'un chef qui sert
de prétexte, tantôt la glorification d'une victoire, tantôt l'annonce d'une
bonne nouvelle c'est aussi la jalousie et l'orgueil qui s'en mêlent, et tel
chef luttera contre tel autre roitelet de village pour avoir la renommée d'immoler
le plus grand nombre d'esclaves.
Souvent, un esclave est acheté par le chef,
nourri, engraissé à grand renfort de bananes et de manioc, pour servir à un
festin public. Dans le village, chacun s'intéresse à ce prisonnier dont la valeur
gastronomique est pendant longtemps l'objet des conversations : « Vraiment,
sa peau est brillante, ses muscles sont fermes, il n'y a pas trace d'ulcères
la chair paraît bonne ; ce sera un fin régal », disent les commères.
C'est ainsi que dans nos famille villageoises on engraisse le porc, et lorsqu'on
le tue vers la Noël c'est fête pour la famille et les amis.
De l'avis des
cannibales, la chair humaine constitue un manger fort délicat et possède une
saveur supérieure à celle des animaux. Les Bassas de Sumatra disaient à Marsden
(History of Sumatra) que la plante des pieds et la paume des mains, grillées,
étaient particulièrement excellentes, parce qu'il y a beaucoup de parties tendineuses,
comme dans les pieds des jeunes chameaux. D'autres anthropophages ont avoué
leur préférence pour les morceaux de la cuisse et de l'épaule. Quand la victime
est un blanc, la joie est à son comble dans la bande des convives. « La
chair de l'homme blanc a un goût de banane mûre », disait un Polynésien,
grand amateur de noces et festins. Un chef Catta avouait en ces termes à un
missionnaire sa passion pour cette sorte de nourriture : « Dis tout
ce que tu voudras, dis que c'est horrible, inhumain, atroce, mais ne dis pas
que c'est mauvais. »
Juvénal n'a-t-il pas consigné lui-même dans ses
écrits une opinion analogue et n'a-t-on pas vu, au temps de l'empereur Commode,
des Romains raffinés dam le luxe de la gourmandise pousser la passion jusqu'à
goûter de la chair humaine ? Cela se passait dans cette même époque où Vedius
Pollion faisait engraisser les murènes de ses viviers avec la chair des esclaves
qu'il condamnait à mort. Par perversion, on peut donc revenir aux pratiques
du cannibalisme. On prétendait, récemment, qu'il y avait beaucoup de cannibales
ignorés parmi les habitants du Brésil : un de ces anthropophages de race
blanche était condamné à mort pour de nombreux meurtres par le Tribunal de Minas-Geraes
il y a quelques années.
L'anthropophagie n’est pas particulière à telle ou telle race. Elle a régné
chez toutes les races d'hommes noires ou blanches, basanées ou cuivrées. Dans
notre pays, de nombreuses traces de cannibalisme ont été observées par les savants
au milieu des débris de l'âge de bronze. C'est à des actes d'anthropophage qu'ils
attribuent la présence d'ossements humains fracturés et brisés dans les grottes
de l'Ariège, de l'Ardèche, dans les stations lacustres de Hobenbausen et de
Saint Aubin en Suisse, dans les cavernes du Portugal et de l'Espagne, etc.
« Avec nos anthropologistes et ethnographes contemporains, dit M. La Bonnardière,
il faut s'habituer à l'idée que nos premiers ancêtres ont pu pousser la sauvagerie
jusqu'à l'anthropophagie et convenir avec MM. Gérard de Rialle et Carl Vogt
que l'anthropophagie indique chez les peuples primitifs une culture relative.
D'après Carl Vogt, l'anthropophagie est un de ces usages qui forment un passage
général et par conséquent nécessaire de tout développement de la civilisation
humaine, et les tribus adonnées au cannibalisme sont en général plus avancées
dans l'agriculture, les arts, la législation, que les tribus qui repoussent
ces horreurs.
Des vestiges de la coutume anthropophagique se retrouvent
ainsi chez presque tous les peuples du Nord. Pline la signalait chez les Scythes
et les Sarmates Strabon, chez les Massagètes. Diodore de Sicile accuse les Bretons
habitant l'Irlande de partager le même goût pour la chair humaine. Une horde
d'Anglais qui envahit la Gaule au quatrième siècle observait encore le vieil
usage.
Valensol.
Le Petit Parisien - 28 juillet 1897
L'actualité dramatique
LE DRAME DE LA PLACE DES VICTOIRES - 2
LE DRAME DE LA PLACE DES VICTOIRES
II paraît hors de doute maintenant que M. le comte de Malmignati, dont nous
avons raconté hier la tragique aventure, place des Victoires, a été la victime
d'un dément alcoolique.
Rue de Buffon, 5, on nous a déclaré qu'Octave Blin avait habile l'immeuble d'août
1895 au.8 octobre dernier.
— Il vivait alors avec sa seconde femme et un enfant qu'il en avait eu, nous
dit le concierge. Il n'était reste que neuf mois en ménage avec sa première
femme et le divorce avait été prononcé entre eux.
» Blin s’était remarié, mais sa seconde femme fut obligée de le quitter et
d'emmener son enfant. Les brutalités de son mari n'étaient pas supportables.
Blin, qui, était alors porteur au panier, ne parvenait pas à gagner sa propre
vie. Son père, ancien boucher en province, lui payait son loyer et l'entretenait
pour ainsi dire.
» Blin a fait ses études au lycée de Blois et a un frère médecin de la
mariné. Sa sœur est mariée à un huissier de Pau.
» Il n'est nullement anarchiste et ne s'est jamais occupé de politique. Il
buvait énormément et il ne saurait y avoir de doute. Il a agi sous l'influence
d'un accès de folie alcoolique, »
Même note rue Poliveau, 17, où Blin, nous l'avons dit, était allé habiter en
quittant la rue de Buffon. Il rentrait chaque jour dans un état d'ébriété
avancé, toujours gorgé d'absinthe, prodiguant grossièretés et menaces. Depuis
dimanche, nous ne l'avions pas vu.
» Blin ne faisait jamais de politique. Tous les locataires sont unanimes à
croire à un accès de folie alcoolique.
» D'autre part, le parquet n'exclurait pas toute préméditation de l'acte
inqualifiable accompli par Blin.
» Car il a maintes fois déclaré.et verbalement et par écrit, qu'il « ferait
un coup d'éclat pour déshonorer sa famille ».
Nous l'avons dit, la blessure du comte de Malmignati n'est pas grave. Le cuir
chevelu, seul a été entamé, et les médecins ont recousu sa blessure, qui
paraissait tout d'abord horrible.
M. de Malmignati est très affaibli par l'énorme quantité de sang qu'il a
perdu.
Le Gaulois — 9 janvier 1897
La chassse aux morts
La chassse aux morts
Un incident plutôt macabre s'est passé, 34, boulevard de Clichy.
Une dame R… occupe, à cette adresse, un appartement au quatrième étage. Alitée
depuis prés de deux mois, elle reçoit les soins du docteur X... qui venait, deux
fois par jour, lui faire des injections d'un sérum quelconque. Mais ce médecin,
ayant une clientèle importante à visiter, avait prié M. Tissot, pharmacien, habitant
la maison, de le suppléer, partiellement du moins, dans les soins à donner à la
malade.
Ces jours derniers, un individu tout de noir vêtu, comme il convient aux employés
des entreprises funéraires, se présentait chez le concierge de l'immeuble, priant
qu'on lui indiquât l'étage où venait de décéder Mme R…
— Mais, répondit le concierge tout interloqué, cette dame n'est pas morte !
Elle est, au contraire, en voie de guérison.
— Vous ne savez ce que vous dites, mon brave homme. Indiquez-moi l'étage, c'est
tout ce que je vous demande.
— Au quatrième, puisque vous y tenez. L'homme gravit les escaliers quatre à.
quatre. Le hasard voulut que ce fût M. Tissot qui le reçût.
— C'est bien ici, questionna le funèbre visiteur, qu'il y a une morte ?
— Qu'est-ce que c'est que cette mauvaise plaisanterie ? fit M. Tissot en
empêchant d'entrer le visiteur
— Il n'y a pas de mauvaise plaisanterie, reprit celui-ci, et je sais ce que je
dis !
Et alors il expliqua qu'appartenant à une agence de transports funèbres il avait
été informé, à la mairie de Montmartre, du décès de Mme R... Il venait, en conséquence,
faire ses offres de service à la famille ou, à son défaut, aux amis de la défunte.
Indigné, à bon droit, de l'extrême légèreté des employés de l'état civil et de
l'incorrecte insistance du macabre courtier, M. Tissot l'engagea, en termes nets,
à décamper. L'homme, un nommé P. S..., furieux de voir lui échapper l'aubaine qu'il
s'était promise, se montra d'une telle inconvenance que M. Tissot se vit dans l'obligation
de le faire conduire par un gardien de la paix chez M. Dupuis, commissaire de police.
Là, tout s'expliqua, et l'agent funèbre fut invité à plus de circonspection à l'avenir.
Mais, hélas! L’algarade avait été malheureusement entendue de Mme R... La pauvre
femme, vivement impressionnée par cette scène qui n'avait rien de folâtre, s'était
évanouie et c'est à grand’ peine qu'on put lui faire reprendre connaissance.
Le Figaro – 19 août 1897
>
RAFLE DE VAGABONDS
RAFLE DE VAGABONDS
Un charmeur de rats
La Sûreté a opéré l'avant-dernière nuit une rafle parmi les vagabonds qui
cherchent un abri sous les ponts. Quarante-cinq individus ont été arrêtés. Sous
le pont des Arts, les agents se sont livrés à véritable chasse à l'homme pour
s'emparer des vagabonds abrités dans les ferments servant de soutien au tablier
du pont. Pour ne pas tomber dans la Seine, les malheureux qui passent la nuit
sous ce pont s'accrochent avec leur ceinture et leurs bretelles. Lorsqu'ils ont
vu les agents, ils se sont sauvés d'arche en arche pour gagner l'autre rive,
mais des agents les y attendaient et les ont capturés au fur et à mesure de leur
arrivée.
Parmi les individus arrêtés se trouve un type très curieux, un nommé Émile
Schwartz, âge de quarante ans, qui est sans domicile depuis vingt ans. Schwartz
qui parcourt la France à pied, de village en village, est un barnum d'un nouveau
genre. Il montre des souris blanches et des rats, qu'il loge sur sa poitrine,
au-dessus de la ceinture de son pantalon. En même temps que lui, les agents ont
amené à la Sûreté ses pensionnaires. Une odeur insupportable due aux croûtes de
fromages avariées et aux fruits gâtés dont Schwartz nourrissait rais et souris,
s'échappait des poches du vieux vagabond.
Quand on a fouillé Schwartz, les inspecteurs durent sortir de leur asile rats
et souris et les déposer à terre. Chose curieuse, aucun de ces animaux ne se
sauva et tous se groupèrent autour de leur maître. Ils attendirent derrière la
porte du cabinet de M. Cochefert que leur maître sortit de chez le chef de la
Sûreté.
Schwartz a été remis en liberté hier matin, et il a quitté la Sûreté avec ses
rats et ses souris, qui y avaient trouvé un asile momentané.
Le Gaulois — 10 septembre 1897
Dans l'actualité du ...
13 septembre
Lundi 13 septembre 1897
Le président de la République a quitté Paris, hier matin, à onze heures
vingt, par la gare Saint-Lazare,, se rendant à Samt-Germain-en-Laye,
A la descente du train, M. Félix Faure est monté, sur la place du
Château, dans une voiture attelée en poste, qui l'a conduit à
Marly-le-Roi, où a eu lieu une grande chasse dans les tirés de l'Etat.
Les invités, étaient MM. Hanotaux, Darlan et les officiers de la maison
militaire du président.
M. Félix Faure est rentré Paris par le train arrivant en gare
Saint-Lazare à sept heures cinquante.
C'est aujourd'hui que doit avoir lieu à l'Elysée le Conseil des ministres
si impatiemment attendu dans toutes les branches de l'administration, et qui
met, depuis des semaines, tout le personnel à l'envers.
Un certain nombre de graves questions seront en effet tranchées dans ce Conseil,
notamment la question du gouvernement général de l'Algérie, au sujet de laquelle
une résolution sera très certainement prise. D'importants mouvements seront,
de plus, signés dans le personnel diplomatique et dans celui des finances. Nous
aurons, enfin, le gros mouvement administratif depuis si longtemps annoncé,et
qui, dans les circonstances où il se produit, donnera l'orientation gouvernementale
en vue des élections prochaines. Il est plus que probable que le mouvement sera
signé au Conseil de toute façon, il y sera définitivement arrêté, et, en admettant
qu'il ne puisse être signé que dans la soirée, il n'en paraîtra pas moins demain
matin au Journal officiel.
De sérieux remaniements ont dû y être apportés à la dernière heure, car,
hier dimanche, le ministère de l'intérieur ressemblait au palais de la Belle
au bois dormant. Toutes les fenêtres étaient closes, toutes les portes étaient
barricadées, la consigne était de dire, que tout le monde était sorti. Mais
la vérité est que dans le cabinet ministériel, à l'abri des regards profanes,
M. Barthou et le directeur du personnel, M. Sainsère, mettaient la dernière
main à ce grand mouvement qui sera, paraît-il, le clou du Conseil de tout à
l'heure.
Aujourd'hui vont commencer, à la manufacture des allumettes de Pantin,
les essais de fabrication d'allumettes sans phosphore. Depuis plusieurs
mois, M. Georges Cochery, ministre des finances, justement ému des
inconvénients des procédés actuellement en usage au point de vue de la santé
des ouvriers allumettiers, s'est préoccupé de rechercher un nouveau système
d'allumettes sans phosphore, susceptible d'être immédiatement utilisé.
Tout procédé nouveau doit subir une double épreuve 1° l'épreuve de
fabrication il est essentiel, en effet, que la fabrication ne présente aucun
inconvénient, soit au point de vue de la sécurité, soit au point de vue de
la santé des ouvriers il faut aussi que le prix de revient n'ait rien
d'exagéré 2° l'épreuve de consommation les allumettes fabriquées doivent
répondre aux besoins et aux désirs du public, ne répandre ni odeur ni fumée
et s'enflammer facilement par friction sur une surface ordinaire. Les études
qui se sont poursuivies sans relâche à l'administration des manufactures ont
conduit à reconnaître que, théoriquement, les allumettes proposées par M.
Pouteaux, chimiste à Dijon, réunissaient des conditions suffisamment
favorables pour qu'il soit fait en grand un essai de fabrication.
La banque d'Angleterre
LONDRES, 13 septembre. M. Grenfell, membre du conseil d'administration
de la Banque d'Angleterre, écrit au Times une longue, lettre dans laquelle il
demande sur quoi s'est basé le correspondant de ce journal pour annoncer que
la Banque avait résolu de constituer un cinquième de sa réserve en argent. Les
dires du correspondant du Times ne seraient basés. d'après M. Grenfell que sur
des suppositions.
Une pétition déjà couverte d'un très grand nombre de signatures circule,
en ce moment, dans les ateliers des faubourgs en vue d'obtenir du ministre
de l'instruction publique et des beaux-arts que le musée du Louvre ne soit
plus fermé le dimanche à partirde quatre heures, alors qu'il reste ouvert
jusqu'à, cinq heures pendant la semaine.
Les pétitionnaires font observer que le dimanche est en général le seul
jour où les travailleurs desdeux sexes aient quelque liberté, et ils ne
s'expliquent pas que ce soit précisément ce jour-là que l'on choisisse pour
clore impitoyablement notre premier musée national une heure plus tôt.
On raconte à New-York que M. Edison a dû interrompre ses études sur les
rayons X pour des raisons de santé. Le célèbre savant a laissé à ces études
tous ses cheveux, une partie de sa vue, et aurait contracté en outre une
affection nerveuse qui, pendant quelque temps, l'empêchait de fermer les
mains.
Nous souhaitons prompt rétablissement au grand Edison.
100,000 VIES enlevées par les maladies contagieuses pourraient être
annuellement sauvées par l'usage rationnel du SANITAS,
le désinfectant naturel par excellence. Le SANITAS
(liquide ou en poudre), garanti non vénéneux et ne tachant pas le
linge, est le produit le plus populaire chez nos voisins les Anglais, nos
maîtres dans toutes les questions d'hygiène Demander circulaire à la
Pharmacie Midy, 113, faubg St-Honoré, Paris.
sans titre 1
14 septembre
Mardi 14 septembre 1897
Le président de la République a reçu, hier, dans l'après-midi, sir
Ed. Monson, ambassadeur d'Angleterre a Paris, le général de Sesmaisons et M.
Meyer, ministre de France à Haïti.
Après le cocher Georges, le sauveteur Piquet va avoir lui aussi sa
journée il se marie, en effet, le samedi 25 septembre prochain à Notre-Dame
de Plaisance et les sauveteurs de la Seine se préparent à lui faire fête à
cette occasion.
Les bans sont publiés depuis hier à, la mairie du quatorzième
arrondissement le plombier épouse une jeune couturière de Plaisance, Mlle
Marie Viey, qui soigna ses blessures reçues rue Jean-Goujon et lui promit sa
main en récompense de sa belle conduite.
Outre la médaille d'or de première classe que lui a donnée le
gouvernement, Piquet a reçu des médailles d'argent de la Société royale de
sauvetage d'Angleterre, de la Société centrale des architectes français, des
Sauveteurs de la Charente, de la Loire, et aussi une médaille d'or
commémorative offerte par ses camarades d'atelier.
Athènes, 14 septembre. Le gouvernement a déposé un million
de francs pour le service du coupon de la Dette au 1er octobre.
Le Stamboul, qui est arrivé, hier, à Marseille, venant du Dahomey, apporte,
pour le muséum de Paris, une panthère, deux superbes chimpanzés, une vipère
cornue et un petit rhinocéros.
Une « pelle » malheureuse.
Un bicycliste qui descendait, hier matin, la rue des Saules fut soudain projeté
contre le mur du cimetière Saint-Vincent, ou il se fit une grave blessure à
la tête.
Transporté à l'hôpital Lariboisière, le blessé déclara se nommer Jean Pfaff,
âgé de vingt et un ans. Les agents qui l'avaient amené constatèrent que le nom
donné par la victime n'était pas celui que portait la plaque de la machine.
Pfaff', interrogé, avoua avoir dérobé la bicyclette dans un couloir, 9, rue
Constance.
Il a été consigné la disposition de la justice.
Depuis que le commerce a compris l'utilité de la réclame et la pratique
jusque sur les numéros des omnibus, beaucoup de patriotes s'étonnaient que
la régie n'eût point songé à vendre le droit d'inscrire sur les bottes
d'allumettes l'adresse de marchands de pompes à incendie et autres articles
variés.
Des pourparlers sérieux ont été engagés à ce sujet et le ministre des
finances est sur le point d'accorder à une grande maison de Paris, moyennant
une redevance importante, le droit de remplacer par de simples annonces les
images « artistiques qui ornent les boîtes d'allumettes.
Espérons qu'une partie de cette somme sera affectée au perfectionnement
de la combustibilité de ces légendaires petits bâtons.
Le froid n'a pas ralenti l'affluence des Parisiens qui, chaque soir, se
retrouvent au Pavillon de Bellevue. L'ouverture de la nouvelle salle
Pompadour était bien faite pour plaire aux personnes frileuses qui redoutent
le plein air en cette période de transition.
Les chemins de fer.
Qui n'a eu, voyageant en chemin de fer, son plaisir gâté par la
mésaventure, si fréquente, du « charbon dans l'œil ». Il fait chaud, dans le
compartiment, on ouvre la portière, Bientôt, le voyageur est couvert de
poussière. Et quel supplice on subit lorsque, sur l'impériale, dans les
trains de banlieue, on est suffoqué par la fumée tourbillonnante, chaude,
épaisse, âcre !
Aussi, en apprenant l'emploi récent, sur les lignes du réseau de l'État,
d'appareils très simples placés dans le foyer et dans la cheminée des
locomotives et supprimant ces inconvénients, ne pouvons-nous que féliciter
l'ingénieur en chef du matériel et, de la traction de cette innovation, qui
aura les suffrages des voyageurs. Ajoutons que ces appareils donnent une
économie notable de combustible et qu'en empêchant la projection sur la voie
d'étincelles et morceaux de charbon enflammés ils font disparaître un danger
d'incendie, ce qui est intéressant pour la compagnie et pour les riverains.
Espérons que toutes les compagnies prendront également soin d'éviter aux
voyageur un des, petits désagréments des voyages.
Jusqu'au dernier jour qui d'ailleurs ,n'est pas encore venu Dieppe aura
brillamment détenu le record du plaisir et de la distraction entre toutes
les plages normandes. La journée de dimanche, consacrée aux régates, a été
fort intéressante, et nous lisons sur les affiches du Casino un programme
qui fait honneur à l'intelligence du « semainier ».
sans titre 1
Le bon mot d'Alphonse Allais
L'avantage des médecins, c'est que lorsqu'ils commettent une erreur, ils l'enterrent tout de suite...
289. Aucun fait de haute importance concernant l’affaire Dreyfus ne s’est produit le lundi 22 novembre 1897.
En hiver, un médicament qui empêcherait surement de tousser et de s'enrhumer serait un grand bienfait pour tous. Pour se guérir et se préserver des rhumes, toux, bronchites, catarrhes, asthme, grippe pour se fortifier les bronches, l'estomac et la poitrine, il suffit de prendre à chaque repas deux Gouttes Livoniennes de Trouette-Perret , et ce médicament, si peu coûteux, qui se vend trois francs le flacon de soixante petites capsules dans toutes les bonnes pharmacies, suffit toujours pour enrayer le mal. Bien prendre note que ce médicament ne se détaille pas, et se vend en flacons cachetés, avec le nom Gouttes Livoniennes de Trouette-Perret , et le timbre de garantie de l'Union des fabricants pour la répression de la contrefaçon.
Un garçon de recettes disparu - la reconstitution
L'assassinat du garçon de recettes
Comme nous l'avons annoncé la reconstitution de l'assassinat du garçon de recettes Lamare a été
faite, hier matin , à Gentilly.
Un attentat criminel a été commis hier, en plein jour, rue La Feuillade, près de la place des Victoires. Un jeune homme, le comte Guy de Malmignati, docteur en droit, qui se trouvait à Paris depuis une quinzaine de jours seulement, s'arrêtait là pour lire une des nombreuses affiches qui tapissent la muraille, quand, tout à coup, un individu armé d'un rasoir s'est approché de lui.
Au numéro 48 de la rue des Maraîchers, à Charonne, près de la rue des Pyrénées, contigu à la ligne du chemin de ceinture, existe un vaste terrain qui se loue 1 franc le mètre carré et où se trouvent, semées dans un pittoresque désordre, au milieu de jardins minuscules, des roulotes de forains, des baraques en bois du en pisé, des constructions hétéroclites, abritant les chiffonniers ou les gadouards du quartier.
Et moi, je vous réponds : « Voyez, de toutes parts,
Ces vigoureux sportsmen, ces lurons, ces gaillards,
Qui doivent au «Congo» santé, fraîcheur, vaillance !
Bernard B. au savonnier Victor Vaissier
Nouvelles à la main
Le jeune vicomte de La Panne est en âge
Le jeune vicomte de La Panne est en âge de faire une fin. Une vieille amie de
sa famille lui propose de le marier. — Je veux bien, dit notre viveur à bout
de ressources et de forces, mais il me faudrait une petite femme bien douce,
bien tranquille, bien sage, bien... — Compris, interrompt la vieille dame
avec un sourire quelque peu ironique, il vous faut une femme de tout repos.
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Dans le monde. Pour une veuve de trois mois,
Dans le monde — Pour une veuve de trois mois, la petite vicomtesse est ce
soir d'un entrain. — Avouez que le rire va joliment bien à son genre de
douleur !
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Barbanchu
Barbanchu, roi des raseurs, à son ami Maboulard, après une interminable conversation :
— Les dictionnaires bibliographiques fourmillent d'erreurs ! Ainsi, il en
est un qui me fait naître en 1851 au lieu de 1854.
Maboulard, obsédé :
— Et en quelle année vous fait-il mourir ?
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Mme de B. fait mander le nouveau précepteur de son fils
Mme de B. fait mander le nouveau précepteur de son fils, frais émoulu du
baccalauréat -.pas le précepteur et lui reproche avec une véhémente, indignation
d'avoir été rencontré, avec son élève dans un établissement aussi chorégraphique
que peu édifiant. Le précepteur, faisant bonne contenance : — Cela entre,
madame, dans mon système d'éducation, Je commence par montrer à votre fils le
monde qu'il ne faut pas fréquenter !
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Les deux adversaires se rendant
Les deux adversaires se rendant au lieu de rendez-vous dans le bois de
Vincennes, se rencontrent au guichet de la gare de la Bastille.
X... demande un billet aller et retour.
― Vous êtes donc bien sûr de revenir ? dit Z... narquois.
— Absolument sûr.
— Alors je vous fais des excuses, poursuit Z... subitement radouci.
Et la pluie continuait de tomber
Et la pluie continuait de tomber !
Depuis que le pluviomètre à l'usage des observatoires a été inventé,
c'est-à-dire depuis plus de deux cents ans, il ne s'est jamais rencontré,
paraît-il, un mois de septembre aussi mouillé qu'en l'an de grâce 1897.
Aussi les météorologistes sont fort embarrassés d'expliquer ce phénomène.
Songez donc que l'observatoire de la tour Saint-Jacques a enregistré dans
l'après-midi d'hier, de midi à trois heures seulement, 10 millimètres d'eau !
Cela représente une moyenne de 100 mètres cubes d'eau par hectare.
On essaye de nous consoler en nous rappelant le souvenir de journées plus
désagréables encore, celle du 10 septembre de l'année dernière, par exemple,
qui, par suite d'une trombe, de funeste mémoire, nous gratifia de 50 millimètres
d'eau dans le court espace de deux heures et demie. Mais toutes ces consolations
ne valent pas un bon parapluie !
Le Gaulois — 7 septembre 1897
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LA VOITURE ARTICULÉE POUR ENFANTS - 1897
UNE NOUVELLE INVENTION
LA VOITURE ARTICULÉE POUR ENFANTS
La locomotion, qui subit, depuis quelques années, les transformations les
plus imprévues, nous ménage chaque jour une nouvelle surprise. Après la
bicyclette, après les automobiles, voici maintenant que les enfants prennent
leur part à cette évolution scientifique, car nos ingénieurs, toujours à la
recherche du progrès et du confortable, viennent de bouleverser les systèmes
jusqu'ici employés pour le transport de ces frêles mais intéressantes créatures,
en mettant au monde un nouveau véhicule la Voiture articulée. De tout temps,
les médecins ont, avec raison, protesté contre l'incommode, lourde et
encombrante voiture actuellement en usage. N'encaissez pas l'enfant,
disaient-ils ; pas de voitures à coussins ! le bébé s'échauffe dans ce réduit
étroit où les fonctions respiratoires de la peau ne peuvent s'opérer : Pas
davantage de charrette anglaise ce véhicule est trop cahoteux Que MM. les
médecins, que les mères se rassurent ! leurs vœux sont exaucés. Aujourd'hui
la voiture d'enfant est devenue un véritable jouet, s'ouvrant, se fermant à
volonté comme un parapluie. L' «Articulée » est une merveille mécanique par
sa simplicité et son extrême solidité. Sa construction en métal recouvert d'une
sangle riche, de couleurs variées et charmantes, en fait un véhicule
essentiellement hygiénique, si gracieux, si élégant, qu'il arrache à tous les
spectateurs un cri d'admiration. Aussi les ateliers du 28, avenue de Saint-Ouen,
à Paris, siège de l' « Articulée », regorgent-ils d'acheteurs qui emportent par
surcroît, pour leurs parents, leurs amis, la notice que la direction de l' «
Articulée » envoie, du reste, gratuitement à toutes les personnes qui en font la
demande. Cette intéressante invention, toute française, prendra dans notre
pays la plus grande extension, car nous savons que de nombreux négociants
désirent la propager et se font inscrire afin d'en obtenir le dépôt. A
l'étranger, on n'est pas moins ému ; les propositions les plus avantageuses
émanent de tous les pays, et bientôt, sans doute, la voiture articulée aura fait
le tour du monde. Quelle joie pour la famille ! La mère peut maintenant gravir
les étages, monter en fiacre, en chemin de fer, parcourir les magasins, sa
voiture d'une main et Bébé de l'autre Et pour justifier la popularité qui l'a
accueillie, la Voiture articulée qui, fermée, est devenue si petite qu'elle a,
0m 15 d'épaisseur, s'est mise aussi à la portée de toutes les bourses, défiant
ainsi toute rivalité par la modicité de son prix, sa commodité, ses qualités
hygiéniques, sa rigidité, et enfin par son élégance.
Paul Bernier.
Le Figaro - 23 mars 1897
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PETITE NOUVELLE - CHat noir Fig 1/01/97
PETITE NOUVELLE
Rien de plus agréable que d'aller passer sa soirée au Chien Noir », l'élégant
cabaret du Nouveau-Cirque de la rue Samt-Honoré. On y entend les chansonniers
Hyspa, Bonnaud, Lemiercier, l'exquis compositeur Paul Delmet, le poète Emile
Goudeau disant ses vers hardis et charmeurs, Botrel et ses refrains bretons, et
ces trois délicieuses artistes qui ont nom Balfa, Dechamp et Nadine Delpierre.
Le Figaro - 1er janvier 1897
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LA SANTÉ DE NOS SOLDATS - 1897
LA SANTÉ DE NOS SOLDATS
Depuis quelque temps, les dépêches se succèdent annonçant la fièvre typhoïde
s'est déclarée parmi des troupes en garnison.
C'est Senlis, Reims, Saint-Dié, Troyes, Ancenis, d'autres villes encore peut-être.
Et toujours et partout, c'est l'eau qui engendre la maladie,
Quand il s'agit d'obtenir des troupes qui, apportent un mouvement d'affaires
dans une ville, les municipalités n'épargnent ni les démarches, ni les sollicitations ;
ni les promesses. La plupart du temps, la faveur demandée est accordée pour des
motifs politiques, avec la constante préoccupation des élections.
Aussi, comme les villes n'ignorent pas ce détail, elles se gardent bien de faire
les- dépenses qui peuvent assurer .le bien-être et la santé des garnisons qu'un
leur donne. L'armée devient ainsi, dans bien des cas, une marchandise électorale,
quoique ce ne soit pas précisément pour cela qu'elle existe.
Il devrait être entendu que, lorsqu'il s'agit d'établir une garnison dans une
localité, la question d'hygiène — en dehors des considérations stratégiques — peut
seule entrer en ligne de compte.
Il faudrait, par exemple, que, quelqu'envie qu'il en ait, un ministre soit lié
à ce point qu'il ne puisse accorder une garnison à une ville, où la question de
l'eau potable, cette nécessité première, n'est pas résolue.
A Troyes et à Sainte-Savine, les cabarets viennent d'être consignés à la troupe,
et il en sera ainsi tant que Troyes ne sera pas pourvu d'eau, potable. Pourquoi
de semblables mesures ne sont-elles prises que quand une épidémie a déjà éclaté
et fait des victimes ? On sait bien, cependant, que, partout où l'eau n'est pas
saine, la lièvre typhoïde, si elle n'éclate pas aujourd'hui, éclatera demain...
Le Matin - 20 septembre 1897
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Plus de chauves - APL 21 mars 1897
Plus de chauves !...
Rassurez-vous, ce n'est pas une réclame. Il s'agit d'une découverte
très sérieuse faite par M. le docteur Sabouraud et communiquée cette semaine à la
Société de dermatologie. Le savant docteur serait parvenu, assure-t-on, à déterminer
le microbe de la calvitie. Et ledit microbe qui, depuis tant de siècles, se prélassait
tranquillement en son repaire et toute la colonie microbienne, qui infestait le
follicule de tant de crânes, vont être sommés de déguerpir...
Chauve qui peut !
Jusqu'à présent, l'état de chauve était généralement très mal considéré.
Les journalistes blaguaient assez volontiers les « boules de billard » de quelques
honorables sénateurs. Les rapins prétendaient que tels de leurs professeurs avaient
coutume de se mettre « le genou sur la tête ». Mille plaisanteries sur les porteurs
de perruques étaient devenues légendaires.
Il va falloir en rabattre. Tout le monde aura des cheveux désormais. Oui, mesdames
! Des cheveux qu'il ne sera pas nécessaire d'aller emprunter aux Chinoises
ou aux Napolitaines. Des cheveux à soi, qu'on n'aura plus crainte de voir
s'éclaircir ou disparaître sous l'action des brosses, des fers à friser
et des liquides corrosifs de maintes parfumeries.
Adieu les perruques, adieu les nattes fausses, adieu les recettes de toutes sortes
qui avaient la prétention de faire pousser des moissons capillaires sur les terrains
les plus arides !...
C'est un krach pour les coiffeurs.
Car ce n'est pas d'aujourd'hui que les moins chevelus d'entre
eux offrent à leur clientèle des lotions régénératrices de la chevelure. Je retrouve
dans mes notes une très vieille ordonnance, déchiffrée autrefois par le professeur
Macalisber, de Cambridge, dans un papyrus égyptien. Il s'agit d'une eau
destinée à faire repousser les cheveux de la mère d'un roi de la première dynastie
égyptienne, qui régna je ne sais combien d'années avant Jésus-Christ.
Voici cette prescription : - Bourrelets de pieds de chien : 1 - Dattes :
1 - Sabots d'âne :1 Faire bouillir le tout dans l'huile et s'en frotter énergiquement
le cuir-chevelu.
Ce remède, après tout, n'était peut-être pas pire que de nombreuses mixtures
préconisées depuis.
Mais j'y songe : Quand il sera si facile à tout le monde d'avoir le crâne
plus touffu qu'Absalon, la calvitie n'aura-t-elle plus d'adeptes ? Que
dis-je ! Elle en aura' plus que jamais. Elle sera la ressource suprême de ceux
qui veulent à tout prix se distinguer. Les snobs la mettront à la mode. Les poètes
chevelus, ne pouvant plus se faire remarquer autrement et craignant de passer inaperçus,
deviendront des poètes chauves. Et j'imagine que, pour réparer le désastre que
la science va leur causer, d'ingénieux coiffeurs ne tarderont pas à trouver
quelques produits « infaillibles » destinés à combattre, à arrêter même pour toujours
la... pousse des cheveux !
Sergines - APL - mars 1897
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La visite du président de la Rép
La visite du président de la République à l'hospice des vieillards de
Boulogne
Le président de la République, accompagné général Tournier, des commandants
Humbert et Legrand et de M. Le Gall, a quitté, hier, l'Élysée, à deux heures
vingt, pour inaugurer le nouvel hospice des vieillards de Boulogne sur Seine.
Reçu au milieu des fleurs, des drapeaux et des vivats par le ministre de
l'intérieur, les présidents du conseil municipal de Paris et du conseil général,
les préfets de la Seine, de-police, MM. Poirrier, sénateur; Rigaud, député;
Escudier, Peyron, etc., M. Félix Faute a répondu aux allocutions de M. Jochum,
maire de Boulogne; Gervais et de Selves, par la remise de la rosette d'officier
de l'instruction publique à M. Jochum, des palmes académiques à MM. Chevalier,
secrétaire de la mairie de Boulogne, Gionnier professeur à l'Association
philotechnique, et de la croix du Mérite agricole à MM.. Vidal-Beaume et
Chartier.
Au cours de la distribution des médailles d'honneur, l'un des médaillés,
vieux garçon de chantier, comptant plus de trente ans de services, voulait
absolument, dans sa joie, embrasser lé président.
― On ne donne l'accolade, lui a fait observer M. Félix Faure, que lorsqu'on
remet la Légion d'honneur nous verrons plus tard.
La visite de l'hospice a commencé par les dortoirs des femmes, s'est
poursuivie par les bâtiments réservés aux hommes, les cuisines, la machinerie,
et s'est terminée par les réfectoires, dans l'un desquels un lunch avait été
servi.
M. Gervais, président du conseil générale a porté un toast à la santé du
président de la République, qui s'est retiré, très acclamé, ainsi que M.
Barthou.
Le Matin ― 18 mars 1897
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Le Journal de 1897
Le journal de 1897 et des environs doit être vu avec
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Les textes en ligne sont des reflets de la société française
de la fin du XIXème siècle. La question est : "le Monde
change-t-il vraiment ?".