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SIXIEME ANNÉE N°4898

 

111ème jour de l'année

   


Vendredi
20
Avril 1897

 Le scandale des Folies-Bergère évité - 15 avril 1897

Le scandale
des Folies-Bergère évité

Une indisposition de commande.
Intervention du préfet de police. — Exhibition interdite

Le Gaulois — 15 avril 1897

Le Gaulois avait signalé avec une indignation légitime les débuts prochains, sur la scène des Folies-Bergère, de l'ex-princesse et nos confrères, convaincus comme nous du scandale formidable que cette exhibition devait fatalement soulever, nous avaient emboîté le pas. Notre juste appel a été entendu. La « débutante » ne débutera pas. Nous en sommes un peu la cause et nous nous en félicitons hautement. En cette circonstance, M. Lépine a droit à nos remerciements et nous les lui marchanderons d'autant moins qu'on sait que les fonctionnaires de la république nous donnent rarement l'occasion de les féliciter.

On lira plus loin à la rubrique du « Courrier -des spectacles » la note officielle que le théâtre des Folies-Bergère nous a adressée pour nous faire savoir que l'ex-princesse ne débutait .pas ce soir sur la scène de la rue Richer.

Cette note nous montre la débutante empêchée par un état maladif d'une certaine gravité. Il y est question d'influenza, de fièvre intense, de complication pulmonaire. A la vérité, et fort heureusement pour l'héroïne en cause, sa santé est excellente et les raisons pour lesquelles les amateurs de scandales ne. la verront pas ce soir sont à un ordre-tout à fait différent.. Les voici dans toute leur simplicité.. Hier matin, M. Marchand, directeur des-Folies-Bergère, était appelé chez le préfet de police, qui lui demandait officieusement de renoncera faire débuter celle qui sur l'affiche devait porter le nom de l'ex-princesse.

Le scandale, prétendait le préfet, serait extraordinaire et des renseignements qui lui étaient fournis, il ressortait que la débutante serait huée, qu'une foule de gens s'étaient procurés des sifflets à roulette et qu'on lui jetterait à la face des lapins vivants, des pelures de pommes de terre et d'autres objets innommables.

M. Marchand répondit au préfet qu'il redoutait autant que lui ce scandale et que si la « débutante » consentait à renoncer à ses projets de paraître sur son théâtre,  il s'en montrerait fort heureux pour sa part. D'ailleurs il craignait si fort les manifestations brutales qu'il avait interdit qu'on servit aucune consommation dans la salle et qu'il avait fait supprimer les petits bancs et les lorgnettes automatiques.

— Puisque vous partagez mon avis lui, dit le préfet, voyez l'ex-princesse, et tâchez qu'elle ne soit pas hostile à nos sages projets.

» D'ailleurs, je vais la convoquer pour ce soir, six heures, et je vous prie de revenir à mon cabinet à la même heure. »

Puis, congédiant M. Marchand, le préfet ajouta :

— Allons, je commence à croire que nous parviendrons peut-être à éviter tout scandale.

A six heures précisés, M. Marchand arrivait à l'hôtel du boulevard du Palais, où, depuis un quart d'heure, la débutante l'avait précédé. L'héroïne fut reçue la première. Le préfet fit valoir à ses yeux les motifs les plus sérieux qui devaient la détourner de s’exhiber à la foule. Comme la « débutante » semblait ne pas goûter ces raisons et qu'elle prétendait avoir le droit de débuter, le préfet lui fit comprendre qu'il ne voulait prendre officiellement aucune mesure vexatoire avant la représentation, mais que si celle-ci était scandaleuse, ce qui était absolument certain, il se verrait dans la nécessité cruelle de sévir en fermant le théâtre où elle aurait eu lieu et en invitant peut-être la «débutante » a quitter le territoire français — mesure qu'il la suppliait de ne pas l'obliger à employer.

Puis, très amicalement, très paternellement, M. Lépine insista sur des questions d'ordre privé.

Il fut éloquent et persuasif, car à six heures et demie précises, l'ex-princesse, très émue, renonçait à paraître sur la scène des Folies-Bergère.

Ce début à sensation n'aura donc pas lieu, et le scandale que nous redoutions et qui eût été plus formidable que nul ne peut le soupçonner, est heureusement étouffé.

La Presse a quelquefois du bon !

*
*      *

En quittant l'hôtel du Palais, Mme Clara Ward est rentrée à son hôtel, où à peine installée, elle a reçu la visite d'un médecin, elle n'a pas eu de peine à jouer le rôle de malade qui doit expliquer au public sa décision de ne pas paraître aux Folies, car elle était effectivement souffrante.

Le docteur a indiqué l'ordonnance suivante:
Prendre par jour, en deux ou trois fois, deux à trois cuillers à potage de la potion suivante, diluée dans un verre de tisane de mauve :

    Acétate d'ammoniaque 15 gr
    Alcool de racine d'aconit 30 gouttes
    Sirop de codéine 100 gr.
    Eau de fleurs d'oranger 40 gr.

Mme Clara Ward n'a pas décidé encore si elle resterait à Paris ou si elle repartirait pour Berlin, où des offres brillantes lui sont faites par la Belle-Alliance, un music-hall renommé sur les bords de la Sprée.

Ce que nous savons, c'est qu'aujourd'hui même l'héroïne de ce petit roman doit aller poser chez un de nos grands photographes dans le costume suggestif qu'elle devait endosser aux Folies-Bergère.

Enfin, cette tragédie finit heureusement en opérette Mme Clara Ward renonce au théâtre, en France du moins, et rentre ainsi dans la vie privée. Nous n'avons plus à nous occuper d'elle, et nous espérons bien qu'il en sera toujours ainsi.

Ajoutons que Mme Clara Ward qui s'est sagement abstenue d'envoyer du papier timbré au Gaulois aurait moins sagement décidé d'en adresser à un de nos confrères.

Maubersac

 Le carnaval de Paris - 1897

Le carnaval de Paris

Le Carnaval, heureusement restauré, a retrouvé son succès légendaire. Paris, sur un vaste espace, l'a acclamé dans son joyeux cortège.

On a fait fête aux chicards flambants, aux pierrots roses si gracieux. Et ce fut un éclat de rire quand parut Messire Carnaval, ronde majesté, monté sur un vélo, en homme qui sait ce qu'il doit à l'automobilisme. Les bicyclistes le suivaient, comme il leur, seyait de le faire derrière un souverain qui pourra se vanter, de ne pas avoir ramassé une pelle.

Derrière les musiciens baroques, venait le cortège du bœuf ; on avait évoqué l'époque primitive alors que ce ruminant était bête de somme et traînait à pas lents les monarques indolents. Le bœuf se prélassait à l'ombre d'un dolmen, c'était charmant de druidisme; il n'y manquait que la musique de Reyer — mais il y avait, auprès de la victime promise au sacrifice, un paysan de ce temps-ci : anachronisme déplorable.

L'agriculture devait être représentée dignement dans un cortège qui est à sa louange. Les Halles s'étaient fait représenter par les plus gros légumes. Le roi-du char était un potiron, comme il est de tradition d'en couronner aux Halles. La charcuterie avait renversé les rôles : c'étaient les cochons qui rôtissaient les rôtisseurs. Goudeau fièrement saluait. C'était la revanche dés bêtes qui passait devant lui. L'alimentation donnait dans le style Directoire, mais se voulait aussi escortée de mets gigantesques et de fromages qui — ça ne se voit pas qu'en Carnaval— marchaient tout seuls.

Les provinces de France, très gracieuses, disaient ensuite la variété de leurs produits. On y trouve de tout, dans ce pays merveilleux, même de belles filles. Ça n'était pas pour déplaire aux consommateurs massés sur le parcours qui applaudissaient à toutes ces succulences.

Carnaval, c'est la mangeaille. Goinfrons, emplissons nos bedaines. Et voici les plus belles panses. Ce sont « les 100 kilos » bedonnant, tripaillant, énormes courges qui ventripotent. C'est d'un drôle à pouffer.

Ne t'en va pas, Mardi gras, les cochons sont gras, — ne t'en va pas, nous ferons des crêpes. Et voici la bonne femme faisant ses crêpes. Grotesque cuisinière qui, pour tenir la queue de la poêle, n'a pas l'air pour cela plus embarrassée.

Le joli se marie au bouffon. Ils sont exquis ces chrysanthèmes — frères des camélias de l'an passé. Sont-ce des fleurs ? Sont-ce des femmes ? L'une et l'autre. L'idée est charmante qui nous rappelle l'étroite parenté de celles-ci et de celles-là.

Les arts maintenant. Car l'homme ne vit pas que de soupe. Il joue de la harpe et la voici qui vibre ; il pince de là lyre et la voici qui chante. Il peint, et, sur une palette, les tons sont représentés par des femmes. Il fait des sciences. Il a découvert les rayons X, et nous voyons Jonas dans le ventre, de la baleine. Il s'y est meublé un rez-de-chaussée, où il n'a pas l'air de s'ennuyer le moins du monde, grâce à la jolie personne, mesdames et messieurs, que l'on entrevoit à l'intérieur.

Mais que de chars ! Allons-nous point en oublier ? L'exposition des chats se rappelle à notre souvenance avec les produits gracieux de la race féline. De petits chats ronronnent en bas et font patte de velours, cependant que sur le toit d'agiles matous exécutent des prodiges d'acrobatie.

Nous avons vu que Carnaval était en vélocipède, c'est-à-dire que les chevaux n'auront plus désormais à traîner de voitures. Le char de l'Automobile est là pour l'attester. Les chevaux sans emploi sont à l'intérieur, ils regardent aux portières et pensent qu'ils ont bien mérité de se reposer à leur tour.

C'est le monde à l'envers. Mais le monde n'est-il pas sens dessus dessous ? Un terrible cyclone passe qui déconcerte nos astronomes, chambardant nos habitudes et troussant les cotillons. L'agent au bâton blanc lui intime l'ordre de ne pas passer... Mais il est passé déjà.

En résumé, la cavalcade était attrayante et fort gaie. Mais — comme dit spirituellement l'Éclair à qui nous empruntons ces détails — pour ne pas déguiser la vérité, même en Carnaval, on ne peut nier que ce furent les petites rondelles multicolores qui eurent le droit de se dire les boute-en-train de la fête. Ce sont elles qui créent cette si douce et si nécessaire familiarité ; ce sont elles qui font se dégourmer les prudes et les revêches et s'émanciper les timides. Les confetti osent et ils font oser. Ils établissent comme' une sorte d'aimable tutoiement dans la grande foule, une façon de flirt qui n'est pas sans audace et qui est sans danger. On ne dît pas , à une femme qu'elle est jolie, mais on la choisit de préférence, on la harcèle, on la dispute. Et quand, d'un coup d'œil décidé, elle riposte, on se sauve, belligérant heureux, seulement un peu découragé que le combat s'en tienne aux escarmouches. Regret vite passé : un nouveau choix fait oublier l'autre. Et c'est inouï cette communion des êtres, dans la pluie légère de cette mitraille da papier.

Du haut des balcons, l'on s'acharne. A tel endroit, un véritable stratégiste présidait à la manœuvre. Au commandement de l'habile capitaine, tout un bataillon de confettistes manœuvraient à la fois, et c'était, sur toute la ligne d'une façade, comme un feu de salve suivi d'un nuage dont Besnard eût aimé les colorations et les pointillistes les résultats, car les gens au-dessous semblaient dessinés par cette école qui avait certainement prévu les confetti.

Confetti et serpentins, c'est vous qui avez réveillé le Carnaval endormi-depuis tant d'années, c'est vous, ô serpentins, qui êtes autant de petits serpents insinuants et souples, qui vous enroulez autour des tailles comme des ceintures, autour des cous comme des boas, qui ajoutez des rubans aux parures des femmes, et qui poudrez de nuances claires nos arbres, dont la cime encore hivernale semble, au soleil, digne de tenter, avec des fraîcheurs de touches, la palette d'un Manet.

Sergines

Les annales politiques et littéraires - 7 mars 1897 

L'actualité dramatique

 Le drame de la rue Gros

Le drame de la rue Gros

Une blanchisseuse, Mlle Adèle R..., quittait ces jours-ci, à la suite d’une violente discussion, un ouvrier serrurier, Amédée P..., avec lequel elle vivait, et la jeune femme venait s’établir chez sa mère, rue Gros, à Auteuil.

Amédée P... se mettait à sa recherche, et hier, en état d’ivresse il se présentait rue Gros, chez Mlle Adèle R..., la suppliant de reprendre la vie commune.

Comme Adèle R... refusait de se rendre â ses objurgations, Amédée P... se mit à l’injurier et à la menacer de mort.

Mlle R..., qui habite au rez-de-chaussée, eut le temps de s’enfermer chez elle, mais l’ivrogne brisa la fenêtre à coups de pied. Il allait pénétrer dans la chambre, lorsqu’il perdit l’équilibre, et en tombant se blessa grièvement.

Des agents, accourus aux cris poussés par la jeune femme, transportèrent le blessé dans une pharmacie voisine où il reçut les soins que comportait son état.

Amédée P... a été envoyé â l’infirmerie du dépôt : il sera poursuivi sous l’inculpation de menaces de mort et de violation de domicile.

Le Gaulois — 23 août 1897

 Accident de pêche

Accident de pêche

Deux habitants de Paris, MM. Célestin Araudel, bijoutier, rue Tiquetonne, et JosephClerc, employé au Crédit lyonnais, s'étaient rendus, avant-hier, à Villeneuve-Saint-Georges pour se livrer aux douceurs de la pêche a la ligne. Ils se trouvaient dans un bachot, vers deux heures de l'après-midi, en face du hameau des Chalets, lorsqu'ils virent arriver dans leur direction le bateau parisien n° 32, faisant le trajet de Paris à Corbeil.

C'est en vain que les deux pêcheurs, peu expérimentés dans l'art de manœuvrer une embarcation, cherchèrent à éviter le bateau à vapeur. Leur barque fut coupée en deux et les deux hommes furent précipités dans la Seine.

Grâce au courageux dévouement de deux passagers du bateau parisien, MM. Raguin et Sandoz, M. Araudel put être sauvé. Son compagnon, Clerc, fut moins heureux et ce n'est qu'après trois heures de recherches qu'on a retrouvé son cadavre.

Une enquête a été aussitôt ouverte pour établir à qui incombe la responsabilité de ce déplorable accident.

Le Figaro — 31 août 1897

 RAFLE DE VAGABONDS

RAFLE DE VAGABONDS

Un charmeur de rats

La Sûreté a opéré l'avant-dernière nuit une rafle parmi les vagabonds qui cherchent un abri sous les ponts. Quarante-cinq individus ont été arrêtés. Sous le pont des Arts, les agents se sont livrés à véritable chasse à l'homme pour s'emparer des vagabonds abrités dans les ferments servant de soutien au tablier du pont. Pour ne pas tomber dans la Seine, les malheureux qui passent la nuit sous ce pont s'accrochent avec leur ceinture et leurs bretelles. Lorsqu'ils ont vu les agents, ils se sont sauvés d'arche en arche pour gagner l'autre rive, mais des agents les y attendaient et les ont capturés au fur et à mesure de leur arrivée.

Parmi les individus arrêtés se trouve un type très curieux, un nommé Émile Schwartz, âge de quarante ans, qui est sans domicile depuis vingt ans. Schwartz qui parcourt la France à pied, de village en village, est un barnum d'un nouveau genre. Il montre des souris blanches et des rats, qu'il loge sur sa poitrine, au-dessus de la ceinture de son pantalon. En même temps que lui, les agents ont amené à la Sûreté ses pensionnaires. Une odeur insupportable due aux croûtes de fromages avariées et aux fruits gâtés dont Schwartz nourrissait rais et souris, s'échappait des poches du vieux vagabond.

Quand on a fouillé Schwartz, les inspecteurs durent sortir de leur asile rats et souris et les déposer à terre. Chose curieuse, aucun de ces animaux ne se sauva et tous se groupèrent autour de leur maître. Ils attendirent derrière la porte du cabinet de M. Cochefert que leur maître sortit de chez le chef de la Sûreté.

Schwartz a été remis en liberté hier matin, et il a quitté la Sûreté avec ses rats et ses souris, qui y avaient trouvé un asile momentané.

Le Gaulois — 10 septembre 1897

Dans l'actualité du ...

 17 février

Mercredi
17 février 1897

ÉCHOS DU MATIN

Par les soins de la- direction des Beaux-Arts, l'Institut vient d'entrer en possession d'un buste en marbre d'Ambroise Thomas, œuvre du statuaire Lafont.


Le tsarevitch, au cours du voyage qu'il va entreprendre dans la. Méditerranée, demeurera assez longtemps à Alger, dont le séjour déjà lui fut si favorable.


L'amélioration constatée dans l'état de Santé de M. Le Royer se poursuit.

Après une nuit des plus calmes, le malade  passé hier une journée excellente.


Le beau drame de Jean Richepin, le Chemineau, représenté, en ce moment au théâtre de l'Odéon et qui paraît chez l'éditeur Fasquelle, présente un grand charme à la lecture.


La reine Nathalie de Serbie, venant de Biarritz, est attendue à Paris, où elle va passer quelques jours auprès de sa sœur, la princesse Ghika.

Elle a fait annoncer son arrivée à Belgrade pour mardi prochain février.


L'adjudication des fondations du grand palais des Champs-Élysées, dont les plans ont été approuvés, comme nous l'avons dit, par le ministre du commerce, aura lieu avant le 15 mars. Elle formera un lot unique d'une mise à prix de 550,000 francs.


En l'absence du président de la République empêché, MM. Rambaud, ministre de l'instruction publique, et Lebon, ministre des colonies, ont inauguré, hier, rue Laffitte, la quatrième exposition des peintres orientalistes

Ils ont été reçus et conduits par MM. Roujon, directeur des Beaux-Arts, Bénédite, directeur du musée du Luxembourg, et par les membres du comité, MM. Gérôme et 'Benjamin-Constant en tête.


Mme Julie Chiquet, née à Aulnay-sur-Marne, et qui habite depuis de longues années la commune de Tours-sur-Marne, dans le département de la Marne, accomplit aujourd'hui sa centième année, étant née le 17 février 1797.

La vieillesse est d'ailleurs héréditaire dans cette famille la nouvelle centenaire avait une tante qui est morte à cent trois ans sa grand'mère a vécu cent un ans, et sa sœur est âgée de quatre-vingt-quatorze ans.


Napoléon et sa famille le nouvel ouvrage de M. Frédéric Masson, dont le premier volume parait chez Ollendorff, est la continuation des études dont Napoléon et les Femmes a marqué le début. Si différent que paraisse le sujet, le nouveau livre de M. Frédéric Masson est aussi neuf, aussi documenté, aussi curieux et aussi amusant que le premier. Il apporte, sur l'histoire de Napoléon, une lumière inattendue et les détails piquants n'y manquent point.


NÉCROLOGIE

On annonce la mort de lady Wallace, veuve de sir Richard Wallace, le grand philanthrope ami de la France, qui, pendant le siège de Paris, contribua, par son inépuisable bienfaisance, à soulager les souffrances de la population pauvre, et fut fait commandeur de la Légion d'honneur, le 16 juin 1871.

Lady Wallace, qui a succombé, hier matin, était la fille du général français Castelnau.

Suivant son dernier désir, son corps sera ramené à Paris, où ses obsèques seront célébrées, probablement, samedi.

sans titre 1
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A. ALLAISLe bon mot
d'Alphonse Allais

 C’est quand on serre une femme de trop près qu’elle trouve qu’on va trop loin.


249. Le M. Verne, agent de change honoraire, dont on annonçait la mort le 29 août 1897 était le frère du romancier.

NOS AMIS LES RUSSES


Bien avant les diplomates des deux pays, les médecins russes partageaient les vues de leurs collègues français. C'est ainsi qu'après le Dr Pouchet le célèbre professeur Bogoslowsky, professeur de pharmacologie à l'Université impériale de Moscou, proclame dans ses travaux l'excellence de l’Apenta, la célèbre eau purgative.
 L’invasion des femmes

L’invasion des femmes

Nous avons eu, il y a quinze siècles, l'invasion des Barbares nous avons aujourd'hui l'invasion des femmes, avec des Attilas en corset et des Alarics en jupons.

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 Les foins Theuriet

Les foins

par M. André Theuriet
de l'Académie Française

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Le crime de la rue Basfroi

Avant-hier, c'était un amant qui tuait sa maîtresse qu'il soupçonnait de trahison, aujourd'hui c'est un mari qui assassine l'amant de sa femme.

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Un scandale au Sacré-Coeur

La grand'messe, que disait hier matin, à neuf heures et. demie au Sacré-Cœur, M. le chapelain Pierre Girard, a été troublée par la manifestation violente d'un déséquilibré, nommé Barthélemy Thomas, né à Paris en 1851, et demeurant à Colombes, 10, rue Jean-Goujon.

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 RÉNOVATION

RÉNOVATION

Mon bébé délicat, aux membres si fragiles,

M'apparaît revêtu d'un incarnat nouveau ;

C'est qu'on a supprimé les parfums inutiles

Pour user simplement des produits du Congo.

Mme G. Pancin au savonnier Victor Vaissier.

Nouvelles à la main

On vient offrir à un marchand un tableau représentant Charlemagne

On vient offrir à un marchand un tableau représentant Charlemagne.
Le brocanteur le regarde dans tous les sens et finit par dire :
— Cette peinture ne me semble pas avoir grande valeur.., excepté pour quelqu’un qui serait de la famille.

 Entre superstitieux

Entre superstitieux :

— J'ai une peur insurmontable du chiffre 13. Jugez de ce que c'est quand il se double d'un vendredi !

— Moi, c'est encore plus fort je suis absolument incapable d'entreprendre quoi que ce soit les mois qui ont un 13 !

L'acteur Dumaine était d'une distraction sans exemple

L'acteur Dumaine était d'une distraction sans exemple sur la fin de sa vie. Un jour, pour une affaire litigieuse, il avait besoin de voir un avoué auquel il avait précédemment confié ses intérêts. Soucieux, il demande le patron de l'étude :
— Il est mort, Monsieur, voilà déjà cinq jours, lui dit un de ses clercs.
— Ça ne fait rien, répond Dumaine, très absorbé : je n'ai qu'un mot à lui dire !

 Mme X…

Mme X…, en dépit d'un embonpoint vraiment excessif, a de grandes prétentions à l'éternelle jeunesse.

T… le parfait gaffeur, désireux de flatter sa manie, lui disait l'autre soir :

— Je vous ai aperçue hier au Bois avec votre charmante fille... Parole, on vous prendrait pour les… trois sœurs !

 Les deux adversaires se rendant

Les deux adversaires se rendant au lieu de rendez-vous dans le bois de Vincennes, se rencontrent au guichet de la gare de la Bastille.

X... demande un billet aller et retour.

― Vous êtes donc bien sûr de revenir ? dit Z... narquois.

— Absolument sûr.

— Alors je vous fais des excuses, poursuit Z... subitement radouci.


Echos et nouvelles

 Et la pluie continuait de tomber

Et la pluie continuait de tomber !

Depuis que le pluviomètre à l'usage des observatoires a été inventé, c'est-à-dire depuis plus de deux cents ans, il ne s'est jamais rencontré, paraît-il, un mois de septembre aussi mouillé qu'en l'an de grâce 1897.

Aussi les météorologistes sont fort embarrassés d'expliquer ce phénomène. Songez donc que l'observatoire de la tour Saint-Jacques a enregistré dans l'après-midi d'hier, de midi à trois heures seulement, 10 millimètres d'eau ! Cela représente une moyenne de 100 mètres cubes d'eau par hectare.

On essaye de nous consoler en nous rappelant le souvenir de journées plus désagréables encore, celle du 10 septembre de l'année dernière, par exemple, qui, par suite d'une trombe, de funeste mémoire, nous gratifia de 50 millimètres d'eau dans le court espace de deux heures et demie. Mais toutes ces consolations ne valent pas un bon parapluie !

Le Gaulois — 7 septembre 1897

 ŒUFS CAOUTCHOUTÉS - H. de Parville - 1897

ŒUFS CAOUTCHOUTÉS

S'il y a bien cinquante manières de préparer les œufs et de les servir aux gourmets, il y a bien au moins autant de procédés pour les conserver frais : frais est une façon de s'exprimer. Le moyen le plus répandu consiste à les plonger dans un lait de chaux. La chaux bouche les pores de la coquille et, si l'œuf était bien plein, sans air et sans microbe, il se conserve, en effet, très long- temps sans altération. Le tout est donc de revêtir sa coquille d'un enrobement imperméable.
Le caoutchouc rend aisément les tissus imperméables : des tissus à la coquille d'un œuf, il n'y a pas loin pour une imagination en éveil. C'est pourquoi M. W. Jessen, de Copenhague, a pensé, en regardant sa pèlerine caoutchoutée, que les œufs se trouve- raient bien d'être caoutchoutés à leur tour. Ainsi il a l'ait. Il plonge les œufs au milieu d'une solution de caoutchouc dans le naphte ou la benzine, et il les retire aussitôt. La benzine s'évapore et l'œuf est recouvert d'une mince pellicule de caoutchouc, qui le met à l'abri de l'air. Voilà comment on vend, à Copenhague, des œufs frais du printemps dernier et pourquoi on nous vendra peut- être bientôt à Paris des œufs caoutchoutés. Le caoutchouc continue à faire son chemin.

HENRI DE PARVILLE. (1897)

 Le premier mouchoir de poche - 1897

Le premier mouchoir de poche

A propos des coryzas que déterminent les premiers froids de l'automne, il n'est point sans actualité de parler du mouchoir de poche.

Empruntons quelques détails à l'Echo du Public. Le premier mouchoir de poche connu fut porté en Europe, il y a trois cent cinquante ans. La femme qui fit faire ce grand pas à la civilisation était une belle Vénitienne à laquelle son fazzoletto valut un légitime succès.

L'Italie est donc le berceau des mouchoirs de poche ; bientôt, ils passèrent les Alpes et se répandirent en France, où ils furent adoptés par les seigneurs et les dames de la cour de Henri II.

Le mouchoir de cette époque, fabriqué avec les tissus les plus coûteux, orné de précieuses broderies, était un objet de grand luxe. Sous Henri III, on eut l'idée de le parfumer.

Ce n'est guère qu'en 1580 que l'Allemagne se familiarisa avec cet objet de toilette. Il ne servait qu'aux princes, aux personnes très riches. C'était aussi un cadeau que l'on faisait aux fiancés illustres. Il fut l'objet de lois somptuaires, et un édit, publié à Dresde en 1595, en interdit formellement l'usage aux gens du peuple.

Depuis, il s'est beaucoup vulgarisé, heureusement. Il convient donc, dit notre confrère, de rendre grâces à la belle Vénitienne qui inventa le mouchoir. N'est-il pas pénible, en effet, de songer que les beautés les plus célèbres du moyen âge ne connurent pas cet utile petit morceau d'étoffe, et que la Béatrice de Dante, par exemple, et la Laure de Pétrarque se mouchèrent peut-être dans leurs doigts ?...

APL - 3 octobre 1897

 La traction par ballon - 1897

La traction par ballon

Amateurs de sensations émouvantes, réjouissez-vous !
Il devait être réservé à cette fin de siècle de voir ce spectacle assurément peu banal.. Après la traction par la vapeur, par l'air comprimé, par l'électricité, voici qu'on va essayer la traction par ballon, non pas en Amérique, le pays des inventions excentriques, mais dans notre vieille Europe, en Bavière, et cela avant la fin de l'année.
Il s'agit d'un chemin de fer de montagne partant de Bad-Reichenhall et destiné à conduire les touristes au sommet du Hochstauffen.

Au lieu d'être remorqué par une locomotive à crémaillère, comme au Righi par exemple, le train, composé de deux ou trois wagons, sera " enlevé " par un ballon de vingt mètres de diamètre ayant une force ascentionnelle de cinq mille kilogrammes.

La ligne, d'une longueur de deux kilomètres et demi environ, est formée d'un rail unique sur lequel roulent les voitures aériennes, maintenues verticales et traînées à la fois par l'aérostat. Pour la descente, il suffit de charger dans la nacelle une quantité déterminée de lest qui, servant de contrepoids, ne permet au ballon d'utiliser que la force exactement nécessaire pour combattre l'effet de la pesanteur et prévenir une dégringolade dangereuse.

APL 19 décembre 1897

 Les Hongrois ont trouvé un moyen fort original - 1897

Les Hongrois ont trouvé un moyen fort original pour honorer leurs artistes.
Les nouveaux billets de mille florins, que vient d'émettre la Banque austro-hongroise, portent comme effigie l’image du « rossignol » du Théâtre national de Budapest, de la célèbre Louise Bliagi, qui depuis tantôt vingt-cinq ans est choyée du public de la capitale hongroise. Désormais, il ne lui sera que plus doux de recevoir de ces petits billets doux de mille, où elle pourra se mirer à son aise.
Les Hongrois n'ont plus à nous envier nos « louis », ils ont leurs « louises ».

Le Figaro - 2 aout 1897

 La visite du président de la Rép

La visite du président de la République à l'hospice des vieillards de Boulogne

Le président de la République, accompagné général Tournier, des commandants Humbert et Legrand et de M. Le Gall, a quitté, hier, l'Élysée, à deux heures vingt, pour inaugurer le nouvel hospice des vieillards de Boulogne sur Seine.

Reçu au milieu des fleurs, des drapeaux et des vivats par le ministre de l'intérieur, les présidents du conseil municipal de Paris et du conseil général, les préfets de la Seine, de-police, MM. Poirrier, sénateur; Rigaud, député; Escudier, Peyron, etc., M. Félix Faute a répondu aux allocutions de M. Jochum, maire de Boulogne; Gervais et de Selves, par la remise de la rosette d'officier de l'instruction publique à M. Jochum, des palmes académiques à MM. Chevalier, secrétaire de la mairie de Boulogne, Gionnier professeur à l'Association philotechnique, et de la croix du Mérite agricole à MM.. Vidal-Beaume et Chartier.

Au cours de la distribution des médailles d'honneur, l'un des médaillés, vieux garçon de chantier, comptant plus de trente ans de services, voulait absolument, dans sa joie, embrasser lé président.

― On ne donne l'accolade, lui a fait observer M. Félix Faure, que lorsqu'on remet la Légion d'honneur nous verrons plus tard.

La visite de l'hospice a commencé par les dortoirs des  femmes, s'est poursuivie par les bâtiments réservés aux hommes, les cuisines, la machinerie, et s'est terminée par les réfectoires, dans l'un desquels un lunch avait été servi.

M. Gervais, président du conseil générale a porté un toast à la santé du président de la République, qui s'est  retiré, très acclamé, ainsi que M. Barthou.

Le Matin ― 18 mars 1897

Le Journal de 1897

Le journal de 1897 et des environs doit être vu avec un exploreur prenant en charge la mise en colonnes.
Chaque page se crée quand vous la consultez.
Les textes en ligne sont des reflets de la société française de la fin du XIXème siècle. La question est : "le Monde change-t-il vraiment ?".

                 Bonne lecture

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