Les époux G. concierges rue Lafayette, recevaient, il y a quelques jours, la visite d'un individu qui leur dit qu'ayant appris qu'ils allaient se retirer la carapagne, il venait leur proposer d'élever un enfant naturel.
— Vous serez très largement rémunérés, ajouta cet homme, et, pour que vous n'ayez aucune crainte à ce sujet, je vous remets une somme de 20,000 francs, représentée par des titres que voici.
Et il étala rapidement sous les yeux des époux G. une liasse de titres de premier ordre, assura-t-il.
— C'est pour vous une bonne fortune et vous me devez bien quelque chose. Donnez-moi 1,000 francs pour ma commission et demain je vous amènerai l'enfant, fit-il, en leur remettant les valeurs.
Les braves concierges, tout heureux de cette bonne aubaine, s'exécutèrent, se confondant en remerciements. Mais hier, ne voyant arriver ni l'homme ni l'enfant, ils pensèrent qu’ils avaient été la dupe d'un escroc. Ils ne s'étaient pas trompés. Les titres n'avaient aucune espèce de valeur.
Le service de la Sûreté a procédé hier à l'arrestation de, deux individus,
nommés Joseph Dôandréa, sujet italien, établi marchand de vin, 12 rue de Châlons,
et Annibale Vercesi, habitant 75, rue du Temple. Ces deux personnages
exploitaient depuis longtemps les émigrants qu'ils rencontraient aux abords des
gares de Lyon et Saint-Lazare.
Leur dernière victime est un de leurs
malheureux compatriotes, nommé. Zaniuo, auquel ils ont fait le coup du « vol à
l'américaine ».
Le Figaro - 15 juin 1897
M. Ernest C. marchand fleuriste, demeurant rue de l'Estrapade, souffrant
depuis quelque temps du cœur, se décida à aller consulter un spécialiste.
Celui-ci lui fit une ordonnance 50 granules de digitale à 1/4 de milligramme
chacun, à prendre à raison de quatre granules par jour.
Au lieu de se
conformer de point en point aux prescriptions du docteur, M. C. pensa que sa
guérison serait bien plus rapide s'il absorbait les granules tous à la fois.
Cette imprudence lui a coûté la vie. Sa domestique, en venant dans sa chambre,
hier matin ; l'a trouvé râlant, en proie à d'horribles souffrances. Quand le
médecin, qu'on envoya chercher, arriva, le malheureux rendait le dernier soupir.
Le Figaro - 15 juin 1897
Nous en demandons bien pardon à nos lecteurs, mais il s'appelait Cochon, Alfred Cochon, par un o et habitait au n° 14 de la rue Poliveau.
Le susdit Alfred Cochon manifestait de très tendres sentiments pour une jeune femme du nom de Céline Verrier qui ne répondait à sa flamme persistante que par des feux intermittents. Quand Céline n'était pas dans-les bras d’Alfred ; elle se trouvait dans ceux d'autres adorateurs, car il fallait toujours qu'elle fût dans les bras de quelqu'un.
Cependant, dimanche soir, Céline. Verrier avait consenti à suivre Alfred Cochon ; elle le suivit même si loin que, vers minuit, tous deux entraient l'hôtel meublé situé au n° 30 de la rue Laferrière. On présenta aux nouveaux locataires le bulletin traditionnel, qu'Alfred remplit incontinent.
« M. et Mme Cochon » écrivit-il. La patronne eut un léger sourire, et donna aux jeunes gens une chambre confortable située au troisième étage.
Brusquement trois détonations d’arme à feu mettaient sens dessus, dessous tout le personnel et tous les locataires de l'hôtel. On grimpa au troisième étage, où les coups de revolver s'étaient, fait entendre ; l’on perçut des râles travers la porte de la Chambre où Alfred Cochon avait abrité ses amours et l'on pensa qu'un drame sanglant venait de s'accomplir là.
L'hôtelier enfonça la porte d'un coup d'épaule, et il se trouva bientôt face à face avec le farouche Cochon, qui tenait à la main un revolver encore fumant. A ses pieds, Céline Verrier gémissait. La pauvre fille avait reçu un projectile dans l'œil gauche, une seconde balle lui avait traversé le bras.
Dans le brouhaha provoqué par l'évènement, le meurtrier avait trouvé moyen de se glisser dans l'escalier et de gagner la rue.
Après avoir reçu des soins dans une pharmacie de la rue Notre-Dame-de-Lorette, Céline Verrier fut envoyée à l'hôpital Lariboisière, où il fut constaté que l'œil gauche était crevé.
M. Cornette, commissaire de police du quartier Saint-Georges, a interrogé très sommairement la victime de ce drame.
L'infortunée jeune fille a déclaré, qu'Alfred Cochon avait tiré sur elle à la suite d'une scène de jalousie.
Le signalement du meurtrier a été transmis au service de sûreté. Il paraît que les mœurs particulières que professe cet individu justifient triplement le nom qu'il porte.
Au mois de janvier dernier, M. Brigot vendait à M. Eugène Bouly son magasin de parfumerie en gros, situé 2, rue Charles-V (quatrième arrondissement).
Son employé, M. Jacob, poussait activement Bouly à l'achat de la maison. Des pourparlers s'engagèrent et aboutirent à la vente moyennant une somme de trente mille francs.
Bouly garda comme employé et associé M. Jacob. Mais au bout de quelques mois, la maison périclita et Bouly reprochait avec véhémence à Jacob de lui avoir fait faire ce marché.
Des scènes violentes éclataient chaque jour entre les deux associés. Bouly était d'une humeur acariâtre. Il souffrait en effet d'une maladie d'estomac et songeait au suicide.
Tout compte fait, i] devait à son prédécesseur une somme de dix-huit mille francs.
Hier, il achetait un revolver de gros calibre, et dans une longue lettre au commissaire de police du quartier de l'Arsenal, il annonçait à ce magistrat qu'il avait résolu de se tuer et le priait de prévenir de sa mort une jeune femme avec qui il entretenait des relations.
Vers deux heures de l'après-midi, Bouly prenait son revolver pour se brûler la cervelle, lorsque soudain Jacob entra dans la pièce où il se trouvait. Une dernière discussion éclate entre les deux hommes. Tout à coup, Bouly, au paroxysme de la fureur, dirigea son arme contre son associe et fit feu à trois reprises différentes.
Deux balles se perdirent. La troisième atteignit Jacob à la mâchoire inférieure.
Croyant avoir tué son adversaire, Bouly dirigea son arme contre lui-même et se logea une balle dans la tempe droite.
Transporté à l'Hôtel-Dieu, il y expirait dix minutes après son arrivée.
La blessure de M. Jacob, bien que présentant une certaine gravité, ne met pas sa vie en danger.
Gros émoi, hier soir, .dans le personnel du music-hall de la rue Richer. Dans la journée, M. Archer, commissaire de police du Faubourg-Montmartre, avait procédé à l'arrestation de M. Alfred Woss, régisseur général des Folies-Bergère.
Depuis la réouverture de cet établissement, les artistes se plaignaient de vols de bijoux et même d'argent commis dans leurs loges pendant qu'ils étaient en scène.
C'est ainsi que, ces jours derniers, on dérobait à Mme Dora Parnez, qui figure sur l’affiche sous le nom très alléchant de la « Belle Napolitaine », une superbe parure en brillants et quelques menus objets de prix. L'administration des Folies-Bergère fit l'impossible pour découvrir l'autour de ces vols réitérés, mais elle n'y parvint pas.
A n'en pas douter, le coupable appartenait .au personnel du théâtre, et même à celui de la scène.
Une plainte ayant été déposée au commissariat de police, des inspecteurs de la sûreté furent chargés de surveiller les loges des artistes. Les patientes observations des agents les conduisirent à penser que l'introuvable voleur n'était autre que M. Alfred Woss. Ils avaient presque des preuves matérielles contra le régisseur général.
En conséquence, ce dernier fut convoqué devant M. Archer. Il comparut souriant, .mais il devint livide et se troubla quand il apprit l'accusation qui pesait sur lui. C'était déjà un demi-aveu.
M. Alfred Woss fut conduit par le magistrat et deux agents à son domicile, 16, rue Baudin, où une minutieuse perquisition fut pratiquée en sa présence.
On finit par trouver, sous un tapis, un grand nombre de bijoux et de perles, ainsi que des billets de banque allemands et belges, le tout provenant des vols commis aux Folies-Bergère et représentant une valeur de quatre à cinq mille francs. En présence de cette découverte, M. Alfred Woss n'avait plus qu'à avouer. C'est ce qu'il fit.
On pensa un instant que Mlle X. la maîtresse du régisseur général des Folies-Bergère, pouvait avoir été sa complice; mais, finalement, l'innocence de cette jeune personne fut reconnue.
M. Alfred Voss a été envoyé au dépôt de la préfecture de police. C'est un jeune homme de vingt-neuf ans, de nationalité belge.
Ajoutons que M. Marchand, directeur des Folies-Bergère, a promis de désintéresser ceux de ses pensionnaires qui ont été lésés par son régisseur général.
Une jeune femme, Mlle Marie-Louise P..., demeurant rue de La Rochefoucauld, apprenait avec désespoir ces jours-ci le mariage de son ami, M. Alfred M...
— Tu m’abandonnes, lui écrivait-elle, le soir même. Je ne me sens plus le courage de vivre. Poison ou revolver, demain je serai morte.
M. M…, en recevant cette lettre, courut chez la jeune femme et eut avec elle une dernière entrevue au cours de laquelle il réussit à substituer des car touches à blanc à celles dont le revolver de Mlle P... était chargé.
Il alla ensuite chez le pharmacien de la désespérée et le pria de ne lui délivrer aucun médicament dangereux.
Or, hier, Mlle P.... se rendait chez le pharmacien et lui demandait du chlorhydrate de morphine. On lui remit une fiole contenant de l’eau distillée. Mlle P... l’avala en toute confiance, mais, rentrée chez elle, voyant que cela ne lui faisait aucun effet, elle se tira deux coups de revolver à la tète.
On juge de son étonnement en constatant qu’elle n’était pas blessée. Une heure après, M. Cornette, commissaire de police, qui avait été prévenu de ses essais de suicide obtenait la promesse qu’elle ne recommencerait plus ses dangereuses tentatives.
TRAITEMENT DE LA CHLOROSE
La chlorose est une imperfection d'évolution qui appauvrit le sang, trouble
le système nerveux et détermine une sorte d'arrêt dans les fonctions spéciales
dévolues à la jeune fille.
Le fer est rarement toléré par les chlorotiques
il leur engendre des crampes d'estomac, de la constipation et autres troubles
digestifs. Aussi les médecins vraiment modernes préfèrent conseiller le Vin
Désiles, qui ne contient pas de fer, mais qui, en revanche, abonde en
reconstituants énergiques et bien supportés: kola, coca, quinquina, cacao,
tannin, iode glycéro-phosphates. Loin d'échauffer, le Vin Désiles combat la
constipation et les fermentations internes; il améliore la nutrition, provoque
le retour régulier des règles, réveille l'énergie motrice incapable ou
affaissée, réagit, en un mot, contre la torpidité du sang et la dépression des
procès nutritifs.
On supprimera, en même temps, chez la jeune fille, les
causes d'étiolement, les fatigues, la nourriture défectueuse et surtout l'air
confiné. Où le soleil n'entre pas, le médecin entre, dit, avec raison, le
proverbe oriental. La cure de la chlorose se résume ainsi : hygiène et Vin
Désiles.
Dr SAUDREAU
Deux gamins ont été arrêtés, hier, à la gare Saint-Lazare, par les soins de M. Escourrou, commissaire spécial, au moment où ils prenaient leurs tickets pour Le Havre. Voici à la suite de quelles circonstances a été opérée cette double arrestation.
M. A. commissionnaire en marchandises, rue Bergère, avait confié à son plus jeune employé, Félix P. âgé de quatorze ans, 2,400 francs en billets de banque pour les porter chez un fournisseur. Se voyant en possession d'une pareille somme qu'il considéra, de suite, comme une fortune, Félix oublia complètement la mission dont son patron l'avait chargé et, rêva de voyages lointains. Il irait avec son frère, plus jeune que lui de deux ans, au pays de l'or, et, dans quelques années, ils reviendraient tous les deux en France, fiers des millions qu'ils auraient gagnés. Alors il rembourserait au centuple son patron et les gazettes chanteraient ses louanges. Le frère, mis dans la confidence de ces beaux projets, en accepta avec enthousiasme le programme et il fut décidé qu'ils ne partiraient pour Le Havre que le lendemain. Ils ne pouvaient pas décemment quitter Paris sans faire un peu la fête.
Après avoir dîne dans une brasserie à femmes, ils allèrent au théâtre et achevèrent la nuit aux Halles. Hélas ! tous ces châteaux en Espagne n'ont pas tardé à s'écrouler. Leur signalement avait été donné à la Préfecture de police tant par M. A. que par la famille des deux petits polissons et leur rêve s'est évanoui au moment où il allait recevoir un commencement d'exécution.
M. Escourrou les a vertement admonestés et ils ont été rendus, tout penauds, à leur père qui s'est empressé de restituer à M. A. les cent francs qu'ils avaient prélevés pour faire la fête.
Léon Moynet, âgé de quarante ans, journalier, et Eugénie Jannin, femme Bossin, d'un an plus jeune, vivaient ensemble depuis plusieurs mois. Ils occupaient, 4, impasse de l'Astrolabe, une chambre au quatrième étage. Le faux ménage avait vécu très uni jusqu'à ces jours derniers ; mais Moynet, ayant cru s'apercevoir qu'un de ses voisins se montrait plus empressé qu'il ne fallait auprès de sa maîtresse, fit à celle-ci des remontrances qui furent assez mal accueillies.
— C'est bien, dit-il à Eugénie, je vais te surveiller et si je te trouve en défaut je te tuerai.
Il acquit sans nul doute la preuve de la trahison de sa compagne, car avant-hier, en rentrant vers minuit, il lui reprocha en termes violents sa conduite. Comme la malheureuse ne se défendait que par des injures, Moynet, exaspéré, s'arma d'un couteau qui se trouvait sur la table et en frappa sa maîtresse à coups redoublés. En voyant le sang couler des multiples blessures qu'il venait de faire à sa victime, il prit la fuite en criant dans l'escalier
— Je l'ai tuée je l'ai tuée
Des voisins se portèrent aussitôt au secours de la pauvre femme, mais tous les soins demeurèrent sans effet, elle rendit bientôt le dernier soupir.
On envoya chercher M. Duponnois, commissaire de police, qui, tout en procédant aux premières constatations, s'empressa d'aviser le service de la Sûreté de la fuite de Moynet. Des agents se mirent de suite à sa recherche. Ils ne l'ont trouvé qu'hier matin dans un débit de vins du voisinage. Le corps de la femme Bossin a été transporté à la Morgue pour que l'autopsie en soit faite par un médecin légiste.
Au Chien Noir, le poète Émile Goudeau dit ses merveilleuses romances sans
musique, M. Paul Delmet, chante ses nouvelles compositions « Les lèvres » et
« Chanson à boire », M. Bonnaud , les Engelures de l'Hippopotame, M. Hyspa le
Toast du Président…
Les auteurs Lemercier, Botrel, Fabri, Monis, et les
excellents artistes Harmand, Mlles Balfa, Déchamp, Nadine Delpierre, etc.,
complètent un ensemble parfait.
Fig. 8/01/97