Dans l'actualité des ...
On annonce que sur la proposition de M. Delgeuch, sous-secrétaire d'état, M. Bouclier, ministre du commerce, a autorisé la publication d'une nouvelle liste des abonnés au réseau téléphonique de .Paris, avec leur numéro d'appel.
Une circulaire a été envoyée à chacun des abonnés; la circulaire en question contient des indications très précises sur les moyens à employer pour obtenir rapidement la communication téléphonique. On recommande tout particulièrement au public de désigner les personnes avec lesquelles on désire communiquer par leur numéro d'appel, numéro qui restera invariable tant que l'abonné conservera son domicile actuel.
A la suite de démarches faites auprès des compagnies de chemins de fer par de nombreux habitants de la banlieue, la Compagnie de l'Ouest a décidé de mettre en service, à partir du 1er février prochain, un certain nombre de trains arrivant à Paris la première heure.
Sauf le dimanche, ces trains partiront de Versailles (rive droite), à 4 h. 35, pour arriver à Paris à 5 h. 25. De Versailles (rive gauche), à 4 h. 57, pour arriver 5 h. 35. D'Argenteuil, à 5 h. 3, pour arriver à 5 heures 25. De Saint-Germain, à 4 h. 37, pour arriver à 5 h. 10.
Les billets d'aller et retour et les cartes d'abonnement hebdomadaires pour le transport des ouvriers et ouvrières donneront droit à ces trains de nuit.
La récolte de 1896 donnera 46 millions d'hectolitres de vin, malheureusement la qualité ne correspond pas à la quantité. Dès le début déjà campagne, les propriétaires-viticulteurs, qui forment le syndicat de la Grande Union Viticole de France, eurent la prévoyance de conserver dans leurs chais leur récolte de l'année 1895.
Ces excellents vins sont mis à la disposition de la clientèle sans augmentation de prix.
85 rue de Richelieu, on peut déguster.
Que les gourmets se rassurent ! Quoiqu’en ait dit un de nos confrères, il reste encore des huîtres savoureuses et bonnes. Le cas constaté par le docteur Chantemesse est tout à fait exceptionnel, et il est inexact de dire que les huîtres donnent la fièvre typhoïde.
Dans la note communiquée à l'Académie de médecine par M. Brouardel et qui a pour titre De la valeur alimentaire des huîtres mortes, MM. Girard et Bordes ont voulu-simplement mettre en garde le public contre certains marchands qui débitent à bas prix des huîtres-cadavres probablement maquillées.
Ces huîtres, qui ont été chauffées au bain marie pour leur enlever l'odeur, sont arrosées d'eau salée avec de mauvais sel provenant des caisses de maquereaux et de sardines. Des alcaloïdes peuvent se produire qui déterminent des troubles intestinaux.
Gourmets, méfiez-vous des huîtres à trop bon marché.
Les amis de Boum et de Balou n'apprendront pas sans une certaine satisfaction que la santé des deux intéressants pensionnaires du Jardin des Plantes n'offre plus les mêmes, inquiétudes que ces jours derniers. Boum, le chimpanzé mâle est désormais hors de danger. C'est la juste récompense de la docilité exemplaire qu'il a montrée au cours de sa maladie. Il ne s'est dérobé à aucune potion, si amère fût-elle et le voilà maintenant -rendu à ses chères habitudes.
Quant à Balou, .la compagne de Boum, elle fait preuve d'un déplorable entêtement. Les gardiens doivent se mettre à cinq pour lui faire ingurgiter une simple tasse de sirop. Et gare aux morsures ! car Balou est sans pitié pour ses bienfaiteurs. Néanmoins elle va mieux. « Voyez-vous, nous disait hier le gardien, je comprends bien que la pauvre bête n'est pas encore complètement guérie. Quand je lui demandera « Veux-tu- fumer, Balou ? »
elle détourne tristement la tête. Tout au plus accepte-t-elle quelques menues friandises. »
Ça c'est un signe car griller de temps à autre une cigarette était le péché mignon de Balou,
Hier, à trois heures après-midi, le président de la République, accompagné du général Tournier et du. lieutenant-colonel Ménétrez, a visité l'exposition annuelle de peinture et de sculpture du Cercle de la rue M. Paul Tillier, président du Cercle, les membres du bureau et de la commission .artistique ont reçu M. Félix 'Faure à son arrivée et l'ont conduit travers les salles. Le président, qui n'a pas ménagé ses félicitations aux' artistes, s'est surtout arrêté devant le Docteur Peyrot, de Bonnat; Lord Dufferin, de Benjamin Constant; le Portrait de Mme L. de Jules Lefebvre M. Brisson, de Weerts l'Yvonne, de Bouguereau; la' Nuit de Noël, d'Adrien Demont le buste de son père, par Alfred Boucher, et celui de Mme J. -de Denys Puech.
La Sainte-Agnès, qui tombe aujourd'hui, est une des fêtes du calendrier le plus impatiemment attendues par les jeunes filles.
La légende veut, en effet, que, dans la nuit qui précède cette fête, les jeunes filles votent en rêve le jeune homme qu'elles épouseront dans l'année. Lorsque Symphronius, préfet de Rome, traînait Agnès en prison et la menaçait des supplices les plus atroces si elle ne consentait point à épouser son fils, la vierge répondait «Je me suis déjà fiancée à un époux plus noble et plus beau que votre fils et qui m'a promis des présents plus magnifiques que les vôtres. Je me suis vouée à lui sans réserve et je lui garde ma foi. »
Cette foi que la sainte gardait au Seigneur, les jeunes filles, dit la légende, doivent également la garder au fiancé que le « rêve de sainte Agnès » leur a montré.
Allons, mesdemoiselles, dites à vos mères à qui vous avez rêvé cette nuit !
Le Grand Dictionnaire Universel de Pierre Larousse, en 17 volumes, dont la célébrité est proverbiale dans le monde entier et qui jouit d'une si légitime autorité», est le type par excellence des Dictionnaires encyclopédiques. Malheureusement, ses dimensions colossales et, par suite, son prix élevé, n'en permettent pas l'acquisition à tous ceux qui voudraient posséder ce répertoire des connaissances humaines.
Des ouvrages de moindre étendue ont été publiés, mais ils sont loin de satisfaire aux exigences de notre époque, et on peut dire qu'il n'existe pas jusqu'ici, en France, de Dictionnaire encyclopédique contenant, sous une forme concise, tout ce qui est du domaine d'un esprit cultivé ou simplement curieux.
Celui que la Librairie Larousse mettra prochainement en vente et que nous annonçons d'autre part répond donc à un impérieux besoin. Un immense succès lui est assuré. Les éditeurs ont d'ailleurs eu l'excellente idée d'en fractionner le paiement en mensualités très modiques, de manière à mettre ce magnifique ouvrage à la portée de toutes les bourses.
Un jeune homme de dix-neuf ans, M. Pierre Lobersky, traversait, hier matin, la place Saint-Michel, lorsque, eu voulant se garer d'un omnibus, il fut renversé par un bicycliste qui venait en sens inverse. M. Lobersky fit une chute si malheureuse qu'il se fractura la jambe. On a dû le transporter à l'Hôtel-Dieu.
Le procès-verbal d'usage a été dressé contre l'auteur de l'accident.
Le Président de la République a beaucoup admiré, on le sait, l'aquarelle de M. Édouard Detaille sur la Revue de Châlons, lorsqu'elle lui fut présentée à l'Élysée avant d'être expédiée à Saint-Pétersbourg.
Très sensible à l'admiration présidentielle, M. Édouard Detaille a voulu que M. Félix Faure possédât un souvenir de lui, et il lui a fait parvenir un magnifique « chasseur ».
Mais ce chasseur-là ne fera pas concurrence au Président de la République dans les tirés de Marly c'est un chasseur alpin, bien campé, martial, comme Detaille les sait faire.
Lutter contre la dépression des forces et la mollesse des fonctions, voilà le labeur ordinaire de l'art médical, surtout pendant la saison froide et humide. Les corps savants ont, actuellement, en grande faveur l'emploi du Vin Bravais, parce que ce vin n'est point un stimulant banal, à action fugace et transitoire mais un tonique à longue portée, dont le pouvoir reconstituant s'exerce à la fois sur le sang, sur la nutrition, sur les muscles et sur les nerfs.
De Nice
Grâce au Riviera-Palace, voilà Cimiez définitivement classé non seulement comme station climatérique, mais aussi comme station élégante. Et cette fois la mode est complètement d'accord avec la raison et l'hygiène. La situation du Riviera-Palace ni trop près de la ville ni trop avant dans la montagne et les innombrables ressources hospitalières dont il dispose font rechercher ce magnifique établissement de tous les hiverneurs intransigeants sur le chapitre du confortable.
Les services de luxe organisés par la Compagnie internationale des Wagons-Lits avec le concours du Nord, du P.-L.-M. ou des Compagnies étrangères tels le Calais-Méditerranée-Express, le Méditerranée-Express et le Vienne-Nice -Express sont dans leur pleine saison. A ajouter à cette liste le Marseille-Nice-Express, qui fonctionne depuis quelques jours pour la plus grande commodité des amis du littoral.
N°2 ― Le feuilleton du journal
M. Lefrançois baissa de nouveau la tête, non par humilité, mais par prudence. Il sentit la nécessité de dissimuler à Mgr Espérandieu la contraction atroce de ses mâchoires qui se serrèrent comme celles d'un loup. Ses mains nouées firent craquer leurs phalanges, et d'une voix qui s'enrouait de colère, il dit :
— Je vois bien. Monseigneur, que votre parti est pris, mais le mien aussi. Je ne me laisserai pas faire la guerre sans me défendre. Vous allez déchaîner le scandale. Le curé de Favières s'est jeté très imprudemment dans des affaires de construction, pour l'École libre, qui le mèneront loin s'il n'est pas aidé puissamment par vous... Car il est inutile qu'il compte sur la municipalité. Nous sommes comptables des deniers de nos commettants et nous ne les emploierons pas à subventionner des entreprises hostiles au gouvernement... Nous sommes républicains à Favières...
— Eh ! monsieur le maire, dit le prélat, on l'est aussi à l'Évêché... Vous savez bien que nous ne faisons pas d'opposition.
— Je sais, Monseigneur, que vous êtes très fin, et que vous conduisez très habilement votre barque...
— C'est celle de saint Pierre, qui était un pauvre pêcheur, et, comme tous les apôtres, un homme du peuple. Monsieur le maire, le clergé a pour premier devoir d'être humble et de se rapprocher des humbles. Les heureux de la terre n'ont pas besoin de lui, tandis que les déshérités, les souffrants, les désespérés sont ses clients habituels. Qui s'occupera des petits enfants et qui les instruira si les curés ne s'en chargent pas ?
— Nous, Monseigneur.
— Oui, mais vous ne leur apprendrez pas à faire leur prière. La culture de l'esprit est excellente, mais celle de l'âme est indispensable. Quelle douleur pour nous de voir que l'éternel malentendu persiste et que vous et vos amis vous demeuriez convaincus qu'il est impossible d'être bon républicain tout en allant à la messe ! Voyons, mon cher monsieur Lefrançois, vous qui avez une véritable supériorité intellectuelle, ne donnerez-vous pas l'exemple de la modération et de la conciliation ? Ce serait un beau rôle à jouer, et digne de vous tenter.
— Que diraient mes électeurs ?
— Est-ce donc uniquement pour satisfaire votre parti que vous pensez, que vous agissez ? Ah ! monsieur le maire, vous voulez être conseiller général, puis député... Et c'est mon pauvre curé de Favières que vous méditez d'offrir en holocauste à vos sectaires de l'arrondissement... pour, sa tête à la main, demander ce salaire !... Non ! Vous ne l'aurez pas !
L'évêque riait, mais une émotion savamment dissimulée faisait trembler sa voix. Il leva sa main fine, ornée de l'anneau pastoral, et menaçant le maire avec un geste gracieux
— Prenez garde ! Je recruterai des alliés contre vous, dans votre propre maison. La charmante Mme Lefrançois ne fera pas cause commune avec tous vos affreux radicaux. Je la mettrai dans mes intérêts, et je la crois très puissante...
— Ma femme ne sera pas si sotte que de se mêler à ces affaires, grogna le maire. Elle sait à quoi s'en tenir sur mes sentiments à l'égard du curé, et tout ce qu'elle pouvait tenter en sa faveur elle l'a essayé. Elle le connaît de longue date... Elle sait qu'il me hait. Si vous comptez sur son appui. Monseigneur, vous vous trompez singulièrement. Au fond, je crois qu'elle ne serait pas fâchée de voir partir l'abbé Daniel...
— Comment ! les femmes elles-mêmes le lapideraient, ce pauvre enfant ? Voyons, monsieur Lefrançois, combien doit-il ? Vous devez connaître le chiffre, vous y avez intérêt.
— Monseigneur, le curé de Favières a répondu pour quarante-deux mille francs, sur lesquels il n'a pas le premier sou... Si vous connaissez un banquier qui les lui prêtera avec sa soutane comme seul gage, indiquez-le-lui, il en est temps...
— Quarante-deux mille francs ! Et qui sont dus ?
— A de petits entrepreneurs : maçons, menuisiers, peintres...
— Ces braves gens attendront...
— Ils attendent déjà, depuis deux ans... Voulez-vous, Monseigneur, voir saisir votre curé ? Ce sera un spectacle édifiant !
— Monsieur le maire, dit Mgr Espérandieu avec gravité, si j'avais la somme nécessaire, l'abbé Daniel la recevrait demain pour faire face à ses engagements; mais je suis pauvre. Cet argent a été dépensé pour la gloire de Dieu, soyez sûr que Dieu y pourvoira.
— Amen ! dit le maire, avec un ricanement.
Il se leva, ramassa son chapeau, frappa le tapis de son bâton, et se courbant ironiquement devant l'évêque :
— Monseigneur, vous vous rappellerez, un jour, que j'étais venu vous apporter la paix et que vous l'avez repoussée.
— Parce que vous me l'avez offerte au prix d'une injustice.
— Vous regretterez votre refus, mais il sera trop tard.
— Monsieur le maire, ma conscience sera toujours en repos. Je souhaite qu'il en soit de même de la vôtre.
Il se leva, fit à son dur interlocuteur un signe de tête, pour indiquer que l'audience était terminée, et svelte, dans sa robe violette, glissant plutôt que marchant, il le reconduisit jusqu'à la porte. Là, comme le maire radical lui lançait un dernier regard de marchandage, il sourit, et de ses doigts évangéliquement réunis, il lui envoya sa bénédiction. Lefrançois se secoua, comme s'il avait été chargé d'un mauvais sort, il grommela quelques paroles, qui n'étaient ni bienveillantes ni révérencieuses, et hors de la présence de l'évêque il descendit l'escalier de l'Évêché, et regagna son cabriolet qui l'attendait dans la cour.