Dans l'actualité des ...
Le président de la République a promis, hier matin, aux représentants de la Loire-Inférieure, de visiter le département au cours du voyage qu'il fera, en avril, dans la région vendéenne.
Par-contre, en raison de la session parlementaire, il ne pourra ouvrir, le mois suivant, le concours régional de Bourges.
Pour se guérir et se préserver des rhumes, toux, bronchites, catarrhes, grippe, asthme, pour se fortifier les bronches, l'estomac et la poitrine, il suffit de prendre à chaque repas deux Gouttes livoniennes de Trouette-Perret.
MARSEILLE, 11 mars. De notre correspondant particulier. Cet après-midi, un mariage à bicyclette a eu lieu à notre Hôtel de Ville. Le fait est sans précédent ici.
A trois heures, le marié, Pécolle, arrivait on bicyclette, bientôt suivi de Mlle Lateurre, en bicyclette également, avec une escorte de témoins du invités, tous en culotte de soie blanche.
M. Bally, adjoint au maire, a procédé à l'union des deux fervents de la pédale, n'oubliant pas la formule que la femme doit suivre son mari, même à bicyclette.
Après la cérémonie, M. et Mme Pécolle ont quitté leurs bicyclettes et sont montés en tandem, suivis par toute la noce. Les machines, naturellement, étaient toutes ornées de fleurs d'oranger.
Encore plus de monde, hier soir, s'il est possible, que le 25 février, au dernier grand bal de la saison, à l'Élysée.
Le président de la République, Mme et Mlle Faure recevaient, suivant l'usage, les invités,, l'entrée du salon des aides de camp. Mme Faure portait une robe de soie brochée bien; celle de Mlle Lucie Faure était de moire blanche brodée de perles.
Comme d'habitude; un salon et un buffet spéciaux avaient été réservés au corps diplomatique. Le haut personnel des ambassades et des légations était à peu près au complet.
M. Boudenoot vient de saisir la Chambre d'une proposition tendant à compléter la loi du 15 mars 1891, qui a substitué l'heure unique de Paris aux heures locales diverses variant de l'est à l'ouest, par la disposition suivante :
L'heure légale, en France et en Algérie, est l'heure, temps moyen, do Paris, retardée de 9 minutes 21 secondes.
Le député du Pas-de-Calais rappelle les ennuis qu'on éprouve des changements d'heures aux frontières, et il fait ressortir qu'il suffirait de retarder, en effet, de 9 minutes 21 secondes notre heure légale ou, ce qui revient au même, de 4 minutes 21 secondes l'heure intérieure de nos chemins de fer, de manière à les mettre toutes deux en concordance de fait avec l'heure de l'Europe occidentale.
Avis vient d'être donné par le préfet de la Seine au conseil de fabrique de l'église Saint-Pierre-de-Montmartre d'abandonner l'édifice, l'un des plus vieux, de Paris, et dont l'état de délabrement constitue un sérieux danger pour la sécurité des fidèles.
Provisoirement, le service du culte sera assuré par l'agrandissement- et l'aménagement, à cet effet, de la salle du catéchisme.
Afin d'assurer la construction de la nouvelle église, le curé sera obligé de vendre le terrain du Calvaire.
Tous les admirateurs de Jules Simon voudront lire les Derniers Mémoires, des autres. Cet ouvrage posthume, qui parait aujourd'hui à la librairie Ernest Flammarion, fait suite aux deux volumes parus, il y a quelques années, sous les titres de Mémoires des autres et Nouveaux Mémoires des autres.
On continue à s'entretenir, en Russie, de la visite probable que le président de la République doit faire au tsar, l'été prochain.
A ce propos, il est question, dans les milieux militaires et administratifs de Moscou, de rendre à la France les affûts et boulets de canon pris en 1812 et conservés, depuis, au Kremlin.
Ce serait, là, affirment les promoteurs de ce nouveau témoignage d'amitié, la meilleure façon de reconnaître la restitution récemment faite par la France à la Russie de différents trophées militaires provenant de la guerre de Crimée, notamment des bannières de l'église d'Eupatoria.
Ce soir samedi, au Palais, de Glace des Champs-Élysées, grande soirée de gala, parée et costumée, pour les adieux de miss Mabel Davidson, avec concours de costumes originaux pour les dames patineuses ou non.
Huit prix, s'élevant à trois mille francs, seront décernés par un jury composé de MM. Forain, Caran d'Ache, A. Guillaume, Paul Renard et Jules Roques.
Le Tout-Paris élégant et mondain sera, ce soir, au Palais de Glace.
La plupart des salons et cabinets particuliers du restaurant Larue ont été retenus pour cette nuit par nos jolies patineuses qui, au sortir de la grande fête de gala parée et costumée que donne aujourd'hui le Palais de Glace, viendront joyeusement terminer leur soirée en cet élégant cabaret également réputé pour l'ordonnance de ses menus et l'excellence, de sa cave.
Les choses les plus abracadabrantes, si elles ont Oller pour auteur, nous paraîtront toujours vraisemblables.
Qui se serait imaginé, qu'un jour, parmi les nombreuses attractions déjà existantes dans le musée Oller, on établirait des courses de bicyclettes ?
C'est chose faite aujourd'hui et nos plus jolies mondaines ne dédaignent pas de matcher sur le cyclodrome du sous-sol de l'Olympia.
Mlle Jeanne Pierny, la gracieuse divette des Folies-Dramatiques, a été mordue, ces jours derniers, par son carlin favori. Il parait que l'animai était enragé.
Mite Pierny, en présence de cette affreuse révélation, s'est immédiatement rendue à l'Institut Pasteur pour y suivre le traitement antirabique.
Une péniche, chargée d'ordures ménagères, remontait la Seine, hier matin, remorquée par un vapeur. Au quai de Passy, une voie d'eau se déclara et le bateau fut aussitôt amarré mais pas assez solidement cependant pour qu'il ne coulât à pic quelques, instants après.
M. Paulin Foucher, patron de la péniche, a eu juste le temps de quitter son bord avec sa femme. Ils ont même dû regagner la berge à la nage.
La Reine d'Angleterre est arrivée, hier, à midi quarante-cinq, à Toulon. Des mesures d'ordre avaient été prises et le service de police était assuré par trois commissaires et par la gendarmerie.
Sur les quais de la gare, les agents des chemins de fer dont la présence était strictement nécessaire étaient seuls admis.
Le public était peu nombreux et tenu à distance quelques personnes, toutefois, avaient réussi à monter dans des wagons placés sur une voie de garage, en face du train royal.
Le vice-consul d'Angleterre s'est approché du compartiment où se trouvait la Reine, qu'il a saluée respectueusement. A son tour, le sous-préfet de Toulon a été admis à présenter ses hommages à la souveraine, bien que celle-ci voyageât incognito.
Plusieurs gerbes de Heurs ont été remises à !a Reine, qui a remercié en inclinant la tête. Après la manœuvre, qui s'est effectuée dans le plus complet silence, te tram est reparti pour Nice à midi cinquante. Il est arrivé en cette ville à trois heures quarante-cinq minutes.
Les employés de l'octroi de service à la gare de l'Est ont fait arrêter hier matin une femme nommée Eugénie J. venant de Chaumont, qui portait dans un volumineux paquet, dont elle ne voulait point déclarer le contenu, le cadavre d'un enfant nouveau-né.
Cette mégère, qui est âgée de quarante-six ans et possède une certaine situation de fortune, a avoué avoir étranglé son enfant elle-même, le lendemain de sa naissance. Elle a été envoyée au Dépôt par M. Walter, .commissaire spécial de police.
Le conseil municipal de Niort vient de décider d'inviter le président de la République à venir visiter Niort, lors de son voyage en Vendée et en Bretagne, et a voté, à cet effet, un crédit de cinq mille francs.
Loudéac, 13 mars. De notre correspondant particulier. On annonce que cette semaine, à Saint-Connec. (canton de Mur-de-Bretagne), à la suite d'une altercation dans une auberge, un sabotier, nommé Vincent Ribouchon, a tué d'un coup de couteau au cœur le boucher Briend, qui laisse une veuve enceinte et quatre jeunes enfants.
Le prétexte de la querelle était des plus futiles : Ribouchon reprochait à Briend de l'avoir laissé payer de suite deux bolées de cidre. Le meurtrier a été arrêté aussitôt et écroué à la prison de Loudéac.
L'alcoolisme avait causé la veille, dans la même région, une mort non moins étrange : à la suite d'un pari stupide, un domestique de Clussulien, Pierre Boscher, âgé de vingt-cinq ans, but un litre d'eau-de-vie en une demi-heure. Quand il se leva de table, il chancela et tomba foudroyé.
Le conseil municipal vient de mettre un crédit de 1,000 francs à la disposition de l'administration de l'hôpital Bichat pour organiser dans le service de chirurgie l'examen des malades par les rayons x.
C'est la première fois que la ville de Paris intervient ainsi directement comme propagatrice des méthodes de Crooks.
Mais il existe déjà depuis plus d'un an des laboratoires d'études par rayons x dans différents hôpitaux.
Le docteur Lannelongue, à l'hôpital Trousseau, fut un des premiers enthousiastes de la nouvelle méthode, puis les photographies obtenues par M. Londe à la Salpêtrière firent naître dans l'esprit du corps médical tout entier l'espoir de résultats merveilleux.
A la Charité et à Tenon, des laboratoires s'installèrent à l'aide de subventions de l'Assistance publique.
Mais les faibles résultats obtenus tout d'abord firent renoncer au projet qu'avait conçu l'administration d'installer de semblables laboratoires dans tous les établissements hospitaliers.
On était à la période des tâtonnements et les expériences Roentgens ne semblaient pas tout d’abord, avoir l'intérêt semblaient pas, a reconnu depuis.
A l'heure actuelle, après les chirurgiens, les médecins eux-mêmes se préoccupent de l'étude des rayons x.
Certains espèrent — et pourquoi non ? — arriver un jour à découvrir ainsi les localisations de lésions tuberculeuses.
N°4 ― Le feuilleton du journal
Le prélat, sans répondre, fit quelques pas dans la bibliothèque, réfléchissant, puis sans dissimuler son ennuî :
— Le curé de Favières est trop ardent, ce n'est pas douteux, et pourtant je ne puis blâmer son zèle, puisqu'il ne s'exerce qu'au pro- fit de la Religion. Ah ! le tact ! Le tact ! Dans la situation où le clergé se trouve, c'est la première des qualités, la seule peut-être qu'il faille exiger d'un prêtre. Et voilà cet abbé Daniel qui met sens des- sus dessous tout l'arrondissement, à l'heure où nous avons besoin de temporiser, presque de nous effacer. Vous voyez ce qui se passe dans le monde politique. Les modérés sont aux prises avec les violents. Le socialisme, par son audace, essaie de donner l'illusion de la force. Soixante insurgés prétendent opprimer le pays tout entier et détruire les assises séculaires de la société française. Il ne s'écoulera pas deux ans, avant que le gouvernement débordé se voie obligé, pour se défendre, de recourir à l'influence de l'Église, qui ne lui marchandera pas ses oflices pour une œuvre de sauvetage. Il faudrait donc ne fournir aucun motif d'inquiétude, ne se prêter à aucun conflit, tout apaiser, tout calmer, tout endormir. Et c'est juste le moment que le curé choisit pour déchaîner la guerre !
— Mais, Monseigneur, ce n'est pas lui qui la déchaîne, c'est ce Lefrançois. L'abbé Daniel fait, dans son village, ce que Votre Grandeur fait dans son diocèse. Seulement, au lieu d'avoir affaire, comme vous, à des indifférents, il se heurte, lui, à des ennemis. La religion, croyez-le bien, n'a rien à voir dans l'hostilité du maire. Si vous voulez que je vous dise les raisons véritables de cette animosité, vous comprendrez que, sous peine de livrer une victime à son bour- reau, vous ne pouvez abandonner votre curé à son maire. Mais vous allez me reprocher encore de faire des cancans, aussi je m'abstiens...
L'évêque s'assit près de la table, et regardant son jeune secrétaire avec une spirituelle bonhomie :
— Il faut bien que je vous entende, maintenant, sous peine de paraître ne pas vouloir m'éclairer. Allons, parlez, puisque vous avez tant de choses à dire. Mais tâchez de n'être pas trop scandaleux.
— Monseigneur, dit l'abbé de Préfont en riant, je n'ajouterai pas aux faits, ils suffiront. Mais votre curé Daniel, comme son glorieux patron, a eu affaire aux lions dévorants, et il les a domptés par la pureté de son regard. Il a été plongé dans la fournaise et il l'a traversée sans dommage, incessit per ignés, et il ne s'est pas brûlé.
— Allons ! Vous ne prêchez pas. Épargnez-moi les citations, interrompit gaiement Mgr Espérandieu.
— Donc, Monseigneur, l’abbé Daniel est né à Beaumont. Son père était ingénieur des ponts et chaussées. Il mourut jeune encore, lorsque son fils venait de faire sa première communion, ne laissant aucune fortune à sa veuve. Mme Daniel prit des résolutions très promptes et très fermes. Elle mit le petit Paul interne au collège de Beauvais, et se retira à Berthencourt, dans une modeste maison qui lui venait de ses parents, et où elle savait pouvoir vivre avec ses très faibles ressources. Pendant que Mme Daniel cultivait son jardin et se distrayait du binage des pommes de terre par la greffe des rosiers, son fils faisait de brillantes études. C'était un cerveau bien conformé que le travail échauffait sans le lasser. C'était aussi une nature ardente et très passionnée, incapable d'indifférence. Il aimait ou détestait, sans moyen terme. Vous voyez. Monseigneur, dès le début de sa vie, il se montrait tel qu'il devait être plus tard, avec ses larges enthousiasmes, ses répugnances obstinées, tout d'une pièce, et assurément déplacé dans le siècle d'opportunisme où nous vivons. Mettez ce tempérament d'apôtre et de martyr aux prises avec les convulsions religieuses et politiques du XVè siècle, vous avez un Savonarole, peut-être un Luther. Il s'était pris d'affection pour un de ses camarades de classe, Bernard Letourneur.
— Le fils de l'ancien Président du Conseil général de l'Oise ?
— Oui, Monseigneur, le grand éleveur de Sarmonville, celui qui possédait des trotteurs si extraordinaires et qui faisait courir. Ber nard était donc un gros garçon, beau, taillé en force, très paresseux, ayant beaucoup d'argent dans sa poche, car son père avait la main large avec lui. Tout l'opposé de Paul Daniel. Et peut-être ce contraste si complet entre l'insuffisance physique de l'un et la faiblesse intellectuelle de l'autre fut-il la raison déterminante de l'affection qui unit les deux écoliers. Dans toutes les circonstances on les trouvait unis. Quand il s'agissait de se battre, c'était Letourneur qui retroussait ses manches. Quand il fallait traduire une version ou débrouiller un thème, c'était Daniel qui fouillait le dictionnaire. Ils finirent ainsi leurs études. Seulement quand il s'agit de passer des examens, chacun dut s'y présenter pour son compte, et Daniel ne put aider Letourneur. Le beau garçon resta sur le carreau, pendant que son camarade triomphait. Mais il ne lui en voulut pas de cette différence de traitement. Ses puissants pectoraux et sa haute taille le consolèrent des succès scolaires de Paul. Et, à tout considérer, si on lui eût donné le choix entre les fortes connaissances acquises par son ami et la solide charpente dont l'avait doué la nature, il est plus que probable qu'il eût préféré rester un homme superbe que de devenir un savant remarquable. Mais l'existence qui s'offrait aux deux amis devait être si différente à raison de leurs tendances et de leurs aptitudes que l'intimité presque fraternelle qui les avait unis jusqu'à ce jour cessa brusquement. Daniel entra à l'École normale et Letourneur demeura auprès de son père, dans la large et plantureuse vie que menait le riche propriétaire de Sarmonville. Pendant que Paul continuait son labeur de bénédictin et se préparait à l'agrégation de philosophie, Bernard chassait, dépensait beaucoup d'argent, et obtenait de brillants succès auprès des dames. On connaît ses bonnes fortunes. Il n'était pas très discret. J'épargnerai ce dénombrement à Votre Grandeur pour arriver plus vite au point capital de mon récit, c'est-à-dire à l'entrée de Daniel dans les ordres et à ses différends avec M. Lefrançois.