Il faut être le Parisien au coup d'œil exercé, condamné à l'asphalte forcé à perpétuité pour trouver déjà un petit changement dans la physionomie de Paris.
Comme ceux-là seuls qui soignent un être cher s'aperçoivent d'un léger mieux dans l'état du malade, ceux qui n'ont pas de la saison quitté un instant le boulevard sentent que le pouls de la capitale se remet à battre, faiblement encore, mais de façon appréciable.
Les étrangers y pullulent encore ; on trouve encore tous les types exotiques des tournées circulaires ; on entend encore tous les dialectes aux articulations improbables, mais on remarque des bâillements de persiennes depuis longtemps fermées et c'est aux gares un mouvement significatif « d'arrivées ».
Nombreux déjà les petits omnibus de familles qui sillonnent la capitale, surchargés des classiques bagages, des colis révélateurs des villégiatures les filets de pêche, les pelles et les râteaux des enfants, la bicyclette emprisonnée dans sa cage d'osier.
Dans ces véhicules, des familles bronzées par le grand air et par le soleil brûlant d'août aux fenêtres, des petits mulâtres tout rôtis, portant soigneusement l'inévitable panier où s'étale brodé un nom de plage et qui à chaque cahot révèle son chargement de coquillages.
Il faut dire que la pluie a ramené plus tôt quantité de campagnards dégoûtés de leurs lointaines petites prisons et préférant celle que bornent de tous côtés les fortifications.
Puis, c'est la chasse qui, momentanément, ramène ses fervents, pour les apprêts, les provisions, pour un changement de direction. Puis, d'autres raisons, les affaires du mari, les cours préparatoires du garçon, des raisons de ménage, des raisons de famille, etc.
Et, dans les artères vides du grand Paris, le Parisien sent petit à petit s'infuser le sang qui va lui rendre la vie !
C'est très pittoresque, bien que lamentable.
On marche parmi des fondrières, on traverse des flaques d'eau boueuse où trempent des loques d'andrinople, on butte dans des entassements de ferrailles aux tons de rouille, les bottines crépitent sur un sol mi-parti de sable et de verre brisé.
Et ces ruines paraissent très anciennes au milieu des verdures qui limitent le regard, entre les cloisons qui cachent la Ville.
Des charrois mettent dans l'air dès jurons et des claquements de fouet, des chevaux buttent, des chaines grincent, et des coups sourds résonnent que fait la tombée, sous les voitures à hautes roues, des arbres du Jardin de Paris; dénudés de leurs branches, grands cadavres étendus, ils sont dépouillés tout de suite, et ce tapis d'écorce où l'on passe dégage une saine odeur de forêt. L'on se croirait en un chantier de Fontainebleau après une coupe, ou un incendie.
Mais à côté voici un fragment de statue, les deux jambes d'un éphèbe qui a le torse rompu, ouvert, laissant voir l'armature :
« Ça restait du Salon ! » me dit un contremaître, le même qui, parlant de la verrière, juge « C'était pas la peine de la conserver, de l'art d'autrefois !... »
Néanmoins toutes les têtes manquaient au vitrail quand on le fit tomber hier, des collectionneurs avaient avisé.
Les treuils sont encore là, monstres noirs puissants; les câbles, endormis en rond, semblent énormes, et à quelques mètres devant ces outils de mort qui ont fini leur œuvre, des fers tordus s'enchevêtrent, des boulons saillent de leurs trous, des bouts de velours s'effilochent, une poussière multicolore couvre la terre, des ouvriers pygmées qui bruissent sur cette solitude classent, rangent, placent en tas les débris de même sorte, font des catégories de tout cela qui est destiné à la fonte, ossements qui serviront à de nouvelles anatomies de palais.
Le Concours hippique, le Salon, l'Exposition du théâtre, le Concours agricole, etc., etc., vieux souvenirs dont il ne reste plus trace et qu'on a peine à évoquer quand on regarde cet immense terrain de trente mille mètres carrés, où sont disséminés comme des vestiges d'incendie ou de cyclone, où déjà ce qui sera, commence, de naître, où des machines fument, où des grues travaillent, où des pierres de taille — neuves — s'accumulent, où des gens circulent avec des plans à la main.
Une seule chose remémore les fêtes sportives, industrielles ou autres qui, depuis 1855, se donnèrent là.
C'est le pavillon central encore debout, mais éventré à jour, avec au sommet le groupe de Régnault « La France offrant des couronnes à l'Art et à l'Industrie » pour protéger un peu la France, on lui a mis dans le dos des plaques de tôle qui font comme un fauteuil, du plus bizarre effet.
Çà et là, sur le ciel, des restants de charpentes dessinent d'arachnéennes lignes, d'une sveltesse gracieuse, entre lesquelles les nuages du couchant se jouent; une brise arrive de la Seine, fraîcheur qu'on ignorait aux jours du vernissage.
Ce dernier aspect du palais de l'Industrie, aux Champs-Élysées, est très curieux. Car c'est bien fini maintenant.
La mort a même été avancée à cause du retour du Président de la République, et la démolition, hier, de la grande ferme du côté Est, qui entourait la fameuse verrière, est le dernier acte de ce vandalisme du Progrès. Ce qui reste à enlever dès lors est indifférent, déchets quelconques dont' l'Histoire n'a pas souci.
De profundis
Petite nouvelle de l'étranger...
Une jeune femme californienne vient de mettre sa peau en vente pour greffes
médicales. Il y a environ un an, elle permit à un ami d'en prélever un lambeau
pour une opération de ce genre ; ayant constaté qu'elle était capable de
résister à la douleur, résultat d'une pareille ablation, et que sa peau était
très saine et se reconstituait facilement, elle lança des circulaires à tous les
médecins de San-Francisco, les informant qu'elle avait de la peau humaine bien
saine à vendre. Elle a maintenant autant de commandes qu'elle peut en désirer, à
raison de 4 dollars par pouce carré.
Nous sommes devenus pratiques depuis
les temps de saint Barthélémy.
APL – 14 février 1897
Quelle est la température du soleil ? Je voudrais bien le savoir pour le dire. Les astronomes et les physiciens sont en complet désaccord sur ce point. Le P. Secchi, jadis, attribuait au soleil des millions de degrés. D'autres, plus modestes, tenaient pour quelques centaines de milliers de degrés. Les plus raisonnables firent descendre cette température phénoménale à 20,000, 10,000 et même 4,000 degrés. Il y a une dizaine d'années, on se montrait assez partisan des tout petits chiffres. 3,000 degrés était une limite inférieure ! Aujourd'hui, on tend à la dépasser sensiblement. Depuis que nous obtenons des températures voisines de 3,000 degrés au four électrique, on est dit avec raison que le soleil était autrement puissant qu'un four électrique et. on lui concède volontiers une température de 5,000 à 6,000 degrés. Est-ce assez ? Peut-être que non. Mais qui nous renseignera positivement à cet égard ?
Récemment encore on a essayé d'établir un chiffre en comparant la radiation d'un corps chaud à la radiation solaire, et, en tenant compte des distances, on est arrivé à une température voisine de 7,000 degrés. En attendant mieux, admettons que le soleil est à une température d'environ 6,000 degrés. L'erreur, si elle existe, ne fera de tort à personne.
Le soleil est cependant plus près de nous en décembre qu'en juin. Nous en sommes éloignés en ce moment de 146 millions de kilomètres, et nous ne l'aurons plus en juillet qu'à 151 millions de kilomètres. Différence en faveur de l'hiver : 5 millions de kilomètres. Alors on se demande toujours pourquoi il fait froid en hiver et chaud en été. On nous écrit sans cesse pour que nous expliquions cette anomalie apparente. Il ne faut donc pas se lasser de faire remarquer qu'un poêle qui chauffe 8 heures sur 24 h. est loin de donner la même température qu'un poêle qui chauffe 16 h. sur 24 h. Ainsi fait le grand calorifère solaire. Il nous envoie à peine de la chaleur pendant 8 heures et encore la chaleur reste souvent dans les nuages. En juin, avec beau ciel, il nous en donne pendant 15 heures 50 minutes : pendant un temps double. Il est tout simple que nous ayons plus chaud en été qu'en hiver.
En outre, les rayons solaires agissent d'autant plus qu'ils arrivent plus verticalement sur nous. Faites tomber sur une ligne horizontale deux lignes parallèles presque verticales et en même temps deux autres lignes très inclinées, il sera facile de constater que la surface comprise entre les deux droites presque verticales est autrement grande que la surface comprise entre les deux parallèles très inclinées. On saisit la différence presque d'un coup d'œil. Donc, les rayons solaires, tombant sur la terre moins inclinés en été qu'en hiver, nous apportent une bien plus grande quantité de calorique. Les physiciens disent: « La quantité de chaleur ou de lumière émanant d'un foyer est proportionnelle au cosinus de l'inclinaison des rayons et en raison inverse du carré de la distance. » Or, l'inclinaison agit ici beaucoup plus que la distance. Donc, finalement, le froid de l'hiver a pour origine la petite durée du jour et la grande obliquité des rayons solaires. Et voilà encore une fois, en deux mots, pourquoi nous avons froid en ce moment et pourquoi nous aurons chaud dans quatre ou cinq mois.
Enfin, comme on pourrait objecter que cependant, même' en hiver, il y a des jour- nées chaudes, et que le soleil nous envoie imperturbablement les mêmes rayons obliques à peu près pendant le même temps, nous ajouterons vite, pour faire cesser toute équivoque, qu'il existe d'autres causes secondaires d'échauffement ou de refroidissement, mais des causes toutes locales, qui influencent, hiver comme été, la température générale La principale, c'est le vent régnant. Il est certain que les vents du nord nous arrivent glacés et nous refroidissent encore, et d'autant mieux que sou- vent, avec eux, le ciel se dégage et le sol rayonne, sans obstacle, sa chaleur dans l'espace. Double raison pour que le thermomètre s'abaisse.
Au contraire, si les vents du sud qui viennent de l'Océan se propagent à nos latitudes, comme ils sont chauds, ils agissent comme le font les bouches d'un calorifère dans un appartement : ils nous enveloppent d'air chaud. L'air est chauffé par la mer, qui se refroidit relativement peu en hiver aux basses et moyennes latitudes. La température de l'atmosphère ambiante s'élève forcément sur le passage des vents marins du sud. Et ainsi, nous avons en hiver et en été des journées plus froides et des journées plus chaudes. Mais ces variations sont indépendantes du grand foyer calorifique qui est tout là-bas, à 150 millions de kilomètres, et dont la température reste constante. Telle est, brièvement, la genèse du chaud et du froid sur la terre.
Le Sirop et la Pâte de Pierre Lamouroux remplissent toutes les indications de la thépapeutique moderne et leur emploi est très efficace dans le traiteument des Rhumes, Grippe, Influenza et Bronchite simple. Ce témoignage n’est d’ailleurs que l’écho de la reconnaissance de beaucoup de malades pour deux préparations qui se recommandent, en dehors de leur valeur thérapeutique, par leur préparation irréprochable, leur dosage toujours identique, leur goû agréable et leur prix modéré. Leur administration aux enfants en est très facile et présente toute sécurité.
(Avenir Médical.)
AVIS.—
Le Sirop et la Pâte de P. Lamouroux
se vendent au Dépôt Général, 45 Rue Vauvilliers, Paris
ET DANS LES PRINCIPALES PHARMACIES.
Exiger les véritables
préparations.
Relevez l'éclat de votre teint avec le Duvet de Ninon, poudre de la Parfumerie Ninon,31,r.du 4-Septembre. Evitez contrefaçons
Phtisie, bronchite.
Des milliers de guérisons, même dans les cas les plus désespérés, de phtisie et bronchite chronique, expliquent le succès du traitement préconisés par le docteur Jules Boyer et la rapidité avec laquelle se sont écoulées les vingt-cinq premières éditions de son ouvrage, dans lequel le savant praticien met à la portée de tous le moyen de se soigner comme aussi de se guérir. 1,50 fr. franco, Librairie Médicale, 8, rue des francs bourgeois, Paris.
La recoloration des cheveux est l’objet de grandes recherches et les
personnes qui arrivent au moment du blanchiment essaient de bien des produits
qu’elles ne tardent pas à rejeter bien loin, soit qu’ils ne produisent aucun
résultat.
Très facile d’emploi, inoffensive et d’une réussite certaine est la Poudre
Capillus que l’on trouve à la Parfumerie Ninon, 31, rue du Quatre-Septembre, par
boîtes de 5 fr. , 8 fr. et 12 fr. et que l’on reçoit franco chez soi en envoyant
un mandat-poste de 5 fr. 50, 8 fr. 50 12 fr. 85. La Poudre Capillus recolore à
sec et rend aux cheveux leur couleur naturelle.
Les vieilles fausses dents sont en vérité encombrantes, car elles ne peuvent servir ni à leur ancien propriétaire, ni à personne autre. On ne peut pas les donner et on hésite à les jeter, vu qu'elles vous ont coûté fort cher. A cette difficulté, une maison anglaise a trouvé une solution. Vous n'avez qu'à expédier par la poste ces intimes mises à l'écart à MM. R. D. et J. B. Fraser, 5, rue Jehan-Véron, à Dieppe, ils vous remettront soit un chèque du montant le plus élevé que l'on pourra donner, ou l'estimation, et si le prix offert ne vous convient pas, les objets vous seront retournés. Pourquoi conserver de telles choses quand vous pouvez en faire de l'argent si facilement ?