A ces funérailles d'Alphonse Daudet, qui ont été d'admirables funérailles,
deux hommes, autour du char mortuaire, tenant chacun un des cordons du poêle,
formaient, aujourd'hui surtout, un contraste saisissant. C'étaient M.
Émile Zola et M. Édouard Drumont. Je ne prétends pas faire d'eux, en ces
courtes lignes, un portrait en pied, ni même une simple esquisse.
On les
connaît. Ce sont deux tempéraments de polémistes, des hommes qui se plaisent
dans la bataille. Plus d'une fois, ils se sont heurtés; sur aucun point
ils ne sont d'accord. Leurs idées sont toutes contraires; leurs cœurs ne
sympathisent pas. Et ces deux hommes, au milieu de ce grand deuil, se dirigeaient
ensemble vers le cimetière, séparés par le cercueil fleuri, par le corps inerte
et glacé de celui qui fut leur ami et pour qui sont finies désormais toutes
les émotions et toutes les batailles, les joies et les tristesses de la vie
Si chacun d'-eux, à ce retour d'enterrement, voulait écrire ses pensées,
elles seraient peut-être, cette fois, les mêmes. Sur le chemin où ils allaient
côte à côte, et au bout duquel tout se termine, il n'y a place que pour
des réflexions apaisées et de tristes sentiments, très doux. On se bat, on se
déteste, on s'injurie et puis, un jour, en pleine lutte, une même tristesse
vous impose un armistice. La disparition d'un commun ami crée autour de
vous le même vide, vous fait toucher du doigt le même néant. Il faut alors,
des points les plus opposés, venir se pencher sur le même cercueil. Les tombes
sont les rendez-vous suprêmes, et la mort est la grande pacificatrice.
E.
Le Figaro – 21 décembre 1897
Quand feront-elles leur apparition les jolies petites pièces toutes neuves gravées par Roty ? Combien de temps se passera-t-il avant qu'on nous en rende en omnibus ?
Lundi, douze mille de ces pièces ont été livrées par la Monnaie au ministère des finances. Hier, la Monnaie a fait au Trésor une seconde livraison de 12,000 piécettes du nouveau modèle. Elles vont être envoyées aux caisses du Sénat, de la Chambre des députés et à quelques autres caisses publiques. La Monnaie gardera quelques centaines de pièces qui ont été patinées pour être remises à des personnes munies d'autorisations spéciales.
Un petit jeu tout indiqué, mesdemoiselles Faire un vœu à la première petite pièce nouvelle qui passera dans votre porte-monnaie !
Rencontré sur le boulevard beaucoup de gens à la recherche d'un cadeau original, inédit et séduisant pour offrir en étrennes à une damé. Solution du problème : Aller faubourg Saint-Honoré, chercher Au Grand Frédéric la mignonne boîte contenant une paire de bas « d'un seul brin de soie », la merveille du jour, dont toute mondaine a envie et qu'elle sera bien heureuse de recevoir comme cadeau du nouvel an.
La trêve des confiseurs n'a qu'un temps ; la trêve des dyspeptiques peut être éternelle pour ceux de ces malades qui font de la source toni-alcaline de Pougues Saint-Léger leur eau de table favorite.
Pas une jolie femme ne passe devant le 38, boulevard des Italiens sans jeter un coup d'œil dans la glace monstre (elle détient le record) qui orne le nouveau Palais des Diamants de Bluze, « plus beaux que les vrais ». Boulevards des Italiens, 9, des Capucines, 35, Sébastopol, 92.
EXPOSITION D'ARTICLES D'ÉTRENNES aux Grands Magasins Dufayel, Paris et Versailles. II sera offert, demain jeudi, un étui de Suprêmes Pernot et un échantillon de Dentol à tout visiteur, à Versailles, des Grands Magasins Dufayel (maisons bleues) et, à Paris, à toute personne assistant à une séance du Cinématographe suivie de conférences et expériences sur les rayons X, au moyen de la Lorgnette humaine de l'ingénieur Séguy.
Un coin de Paris (du vrai Paris boulevardier) va être complètement modifié. C'est celui où est installé le café Riche, formant l'angle du boulevard des Italiens et de la rue Le Peletier.
Le docteur Laporte était poursuivi, hier, devant la neuvième chambre correctionnelle, pour homicide par imprudence. Nous avons publié, ici même, les articles les plus complets sur le cas du docteur Laporte, et chacun sait ce que le parquet lui reproche, c'est-à-dire des imprudences graves dans l'exercice de sa profession, des négligences coupables, une opération pratiquée avec des instruments qui n'avaient rien de chirurgical et qu'il n'avait pas pris la peine d'antiseptiser
Nous ne serons jamais assez reconnaissants à MM. Casella et Thomeguex de la promenade champêtre que nous fîmes hier.
La campagne était en or. Les arbres, des chandeliers d'église. Le soleil, un ostensoir. Jamais la tour de Villebon ne fut plus belle en son décor automnal du bois de Meudon. Les feuilles innombrables faisaient sur la terre des allées un vaste tapis rouge. Un tapis choisi « Le sang ne s'y voit pas. »
Un incendie considérable a éclaté, l'avant-dernière nuit, à Maisons-Alfort, détruisant une usine importante et faisant de nombreuses victimes. L'usine est une distillerie appartenant à M. L. Plasse, fabricant d'absinthe et d'amers, rue de Créteil, en face du pont de Charenton, derrière l'école vétérinaire.
Les locataires du n° 34 de l'avenue de Clichy entendaient hier soir mardi, à dix heures et demie, quatre coups successifs de revolver bientôt suivis de cris « Au secours au secours je meurs »