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 8 décembre

Mercredi
8 décembre 1897

Deux jours avant d'entrer dans le cabinet Méline, M. Milliard, qui ne se doutait pas qu'il deviendrait garde des sceaux, avait lancé des invitations pour un grand bal fixé au 18 décembre. Depuis l'année dernière, en effet, M. et Mme Milliard ont organisé des réceptions très brillantes à l'occasion de-rentrée dans le monde de leurs deux filles.
Malgré son changement de situation M. Milliard a maintenu ses invitations; le bal aura lieu non au ministère de la justice, mais au domicile personnel du nouveau garde des sceaux, 131, rue du Faubourg-Saint-Honore.


Quoique très assidu dans l'exercice de ses devoirs parlementaires, M. Paul Deschanel ne néglige pas ceux d'écrivain. L'éloquent député d'Eure-et-Loir se consacre à la fois à la politique, à l'économie sociale et aux lettres pures. M. Deschanel est en train de recueillir et de coordonner lès nombreux articles de journaux ou de revues qu'il a publiés sur ces différents sujets, en vue de les faire paraître en volumes. Il y aura même dans ces volumes quelques travaux littéraires inédits qui seront un vrai régal pour les lecteurs.


Le baron de Clumecky, conseiller intime de l'empereur d'Autriche, membre de la Chambre des seigneurs autrichiens, directeur des Chemins de fer du sud de l'Autriche, arrivé à Paris, est descendu à l'hôtel Vouillemont.


LA TRÊVE DES CONFISEURS

Dans les contes qui ont amusé notre enfance et dans les fééries qui nous amusent, grands ou petits, il y a toujours une méchante fée, oubliée dans les invitations du baptême et qui poursuit de sa rancune le pauvre prince ou l'innocente princesse. Pendant toute la durée du conte ou de la pièce, le bon génie combat la méchante fée et finit par avoir le dessus.

Il semble que, depuis quelques années, nous assistons à pareille chose, à propos de la légendaire « trêve des confiseurs ». La fée Rageuse s'évertue à susciter des évènements pour troubler la tranquillité de cette époque heureuse. Une année, c'est l'influenza une autre année, un krach, puis les bombes anarchistes, le Panama, l'affaire Dreyfus, toujours la mauvaise fée ennemie jurée des étrennes. Heureusement que le bon génie est là et ce bon génie c'est Pihan. Il entreprend la lutte, sûr de vaincre, car il a pour lui le bouclier magique qui défie tous les maléfices. Et grâce à son courage, à son intelligence, à ses merveilleux et artistiques tours de force, il gagne chaque année la bataille .et sauve, la trêve des confiseurs.

L'année dernière, tout Paris s'est arraché aux préoccupations politiques pour aller rue du Faubourg-Saint-Honoré, contempler et admirer les jolis sacs La Vallière, Richelieu, Mazarin, les bourses Colbert, les jardinières Montespan, les ombrelles Charmeuse, les corbeilles Olga, Tzarine, Princesse de Galles, et toutes ces adorables créations au milieu desquelles on était ébloui, ne sachant laquelle choisir. Cette année, on aura peine à le croire, c'est mieux encore. Oui, mieux. Car aux merveilles de l'année précédente, dont les dentelles et les plumes, dans leurs ingénieuses combinaisons, font le principal ornement, Pihan, artiste aux ressources inépuisables, a joint, pour l'exposition qui commence aujourd'hui, les applications de broderie et de passementerie d'or et d'argent sur les velours et les satins aux tons tendres ou vifs, harmonieusement associés ou opposés, reposant l'œil après l'avoir frappé, le charmant toujours et quand même.

Quand on entrera dans les magasins du faubourg Saint-Honoré, on pourra se croire dans cette fameuse grotte des Mille et une Nuits où les pierres précieuses de tous les pays du monde étincelaient à la lueur de la lampe d'Aladin. Mieux encore, car au lieu de la modeste et rudimentaire lampe, on aura les flots de lumière électrique.

Que les merveilles destinées à contenir les bonbons ne nous fassent, pas oublier les bonbons eux-mêmes, cet autre triomphe du grand chocolatier parisien. Mais pourquoi, essayer de les vanter ? Leur éloge n'est-il pas dans toutes les bouches ? Allons, rassurons-nous. Grâce à Pihan, nous aurons encore cette année, et quoi qu'il puisse arriver, une belle et bonne trêve des confiseurs.

C. Duhamel.

Le Figaro – 6 décembre 1897

Le café de la Paix vient d'inaugurer les nouveaux soupers-concerts que le Tout-Paris réclamait depuis longtemps. Une musique exquise, des menus excellents et variés, une cave irréprochable et des prix modestes, tel est le problème que M. Ledoyen, le nouveau propriétaire du café de la Paix, a résolu pour la plus grande satisfaction du public élégant.

Un grand banquet était donné le 2 août 1897 à l'hôtel Terminus, en l'honneur de sir Wilfrid Laurier, premier ministre du Canada.
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