LONDRES, 12 novembre. Les délégués de l'administration
des postes françaises et anglaises, les représentants des Compagnies des chemins
de fer du Nord et London-Chatharnbouth Eastern se sont réunis, hier, à Douvres,
pour discuter les moyens d'accélérer le service entre Londres et Paris,
surtout en ce qui concerne 1a transbordement des bagages.
Sur la proposition
du représentant de la Compagnie du Nord et du délégué des postes françaises,
il a été décidé qu'à partir du 1er janvier les bagages seraient enfermés,
dans de grands paniers pouvant contenir de trente à quarante colis. Des grues
électriques seront établies à Douvres et à Calais pour embarquer ces paniers.
On espère gagner vingt minutes par ce moyen de transbordement.
On affirme que M. Scheurer-Kestner a chargé un avocat de lui rédiger un mémoire
juridique lui permettant de poursuivre, auprès du ministère de la justice, les
démarches nécessaires pour amener le garde des sceaux à user du droit qui lui
est conféré de demander la révision du procès Dreyfus conformément à la loi.
Ce mémoire serait remis lundi ou mardi au garde des sceaux.
Friedrichsruh, 12 novembre. Les bruits défavorables que l'on fait courir
au sujet de l'état de santé du prince de Bismarck sont dénués de fondement.
Le prince soufre, il est vrai, de douleurs faciales et d'un peu de rhumatisme,
mais il se porte d'ailleurs fort bien.
L'exposition internationale d'animaux de basse-cour et de faisanderie, organisée par le Jardin d'Acclimatation et la Société nationale d'aviculture, a ouvert ses portes hier. Elle comprend plus de deux mille lots d'oiseaux. Installée dans le palmarium, les promenoirs du jardin d'hiver et les galeries de chasse et de pêche, cette exposition présente le plus vif intérêt, non seulement par la variété et le haut mérite des sujets exposés, mais encore par le cadre unique dans lequel elle se développe. Cette exposition, ouverte gratuitement à tous les visiteurs du Jardin d'Acclimatation, ne durera que deux jours encore, aujourd'hui et demain. Le dernier jour, c'est-à-dire demain dimanche à trois heures, aura lieu un lâcher de six mille pigeons voyageurs.
Aujourd'hui à l'Odéon, à cinq heures précises, deuxième samedi populaire de poésie ancienne et moderne. Des poèmes de Voiture, Rotrou, Sainte-Beuve, Gérard de Nerval, Sully-Prudhomme, Léon Dierx, Georges Courteline, Victor Hugo, Albert Saint-Paul, Gabriel Vicaire, Émile Verhaeren, Ephraïm Mikimel seront lus par Mmes Segond-Weber, Devoyod, Lucy-Gérard, Chassaing, Rabuteau et MM. Philippe Garnier, Rameau, Janvier et Paul Franck.
Les savants ont longuement recherché en ces dernières années quelles étaient les causes et les origines de l'anthropophagie, dont les horribles coutumes subsistent encore puisque, il y a deux ou trois ans, un de nos compatriotes était dévoré par les indigènes de la côte de Guinée.
Les Américains ne se contentèrent jamais d'avoir des théories originales sur la vie, ils y ajoutent souvent encore des idées bizarres sur la mort. Depuis longtemps, ils se sont d'ailleurs préoccupés de ce problème macabre, mais intéressant comment il convient d'exécuter les condamnés a mort en leur imposant le minimum de souffrance, Et ils sont toujours la recherche du mode d'exécution le plus propre et le plus rapide.
Le Carnaval, heureusement restauré, a retrouvé son succès légendaire. Paris, sur un vaste espace, l'a acclamé dans son joyeux cortège. On a fait fête aux chicards flambants, aux pierrots roses si gracieux. Et ce fut un éclat de rire quand parut Messire Carnaval, ronde majesté, monté sur un vélo, en homme qui sait ce qu'il doit à l'automobilisme.
Un drame terrible vient de se passer, rue du Corbillon, à Saint-Denis.
Au n° 11 de cette rue, dans un petit logement composé de trois pièces habitait la famille Charmillon, composée du mari, Émile Charmillon, âgé de trente ans, employé à la Compagnie du Nord ; de sa femme, blanchisseuse, âgée de vingt-sept ans, et de leur fille Blanche, âgée de trois ans.
La grand'messe, que disait hier matin, à neuf heures et. demie au Sacré-Cœur, M. le chapelain Pierre Girard, a été troublée par la manifestation violente d'un déséquilibré, nommé Barthélemy Thomas, né à Paris en 1851, et demeurant à Colombes, 10, rue Jean-Goujon.