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 29 octobre

Vendredi
29 octobre 1897

LES ACCIDENTS DU TRAVAIL

Ceux d'entre nous qui ont protesté contre le mécanisme de la loi sur les accidents du travail et contre l'assurance obligatoire imposée aux patrons auront au moins obtenu ce résultat de barrer la route au système allemand.

La Chambre a voté hier la loi, et l'assurance obligatoire en a disparu au dernier moment. Les patrons pourront s'assurer où ils voudront. Mais n'illuminons point pour cela, car le gouvernement qui est intervenu pour faire aboutir les débats a introduit dans la loi une disposition qui sent son socialisme d'une lieue.

Il a imaginé de faire garantir la solvabilité des industriels par l'impôt. Les statistiques établissent, parait-il, que les patrons insolvables sont aux patrons solvables dans la proportion de 4%.

En conséquence, on augmentera de quatre pour cent les patentes des industriels.

Ce surcroît d'impôt, qui donnera, dit-on, 750,000 francs par an, servira de fonds de roulement à la Caisse des accidents du travail qui sera créée pour assurer le paiement des indemnités aux victimes et exercer le recours contre les chefs d'usine.

Il est douteux que le Sénat, qui a des traditions, adopte cette façon collectiviste de faire expier aux industriels, en augmentant leurs impôts, l'insolvabilité de quelques-uns d'entre eux. Et il est très probable que le projet devra revenir devant la Chambre, expurgé de la combinaison nouvelle, à peu près aussi tolérable que celle qui consisterait à répartir sur les locataires d'un immeuble les loyers qu'un de leurs colocataires serait hors d'état de payer.

D'ailleurs, cette pauvre loi porte bien l'empreinte de la vieillesse de ses parents. Elle est informe, rachitique, et presque tous ses paragraphes commencent par ces mots : Un règlement d'administration publique déterminera, etc. Cela signifie que la Chambre, incapable de dresser un texte, s'en remet au conseil d'État du soin de faire marcher le monstre qu'elle couve depuis de si longues années.


ÉCHOS POLITIQUE

La Chambre a tenu hier une longue séance et a liquidé la loi sur les accidents du travail. Il est probable, dès lors, qu'elle s'ajournera ce soir jusqu'à jeudi prochain. Son ordre du jour n'est pas chargé, et le Sénat l'a devancée en s'ajournant au 4 novembre. Un certain nombre de députés, d'ailleurs, désirent passer les vacances de la Toussaint dans leur département. Enfin, dimanche, lundi et mardi étant des jours de fête, il serait inutile de commencer demain samedi une discussion qui serait interrompue trois jours.


Le président de la République, accompagné du général Hagron, a inauguré, hier, à trois heures après midi, les nouveaux bâtiments de l'asile temporaire pour les enfants dont les mères sont à l'hôpital, construit. 39, avenue Villemain, par l'Œuvre de la chaussée du Maine.


CONSEIL DE CABINET

M. Hanotaux a entretenu ses collègues de la reprise des négociations avec l'Angleterre pour la délimitation des territoires situés dans la boucle du Niger.

A la suite d'un entretien qu'il a eu, mercredi, avec sir Edmund Monson, où l'ambassadeur de la Grande-Bretagne et le ministre des affaires étrangère» ont arrêté les lignes générales et l'ordre des travaux de la commission internationale de l'Afrique occidentale, il a été décidé que cette commission se réunirait aujourd'hui pour commencer son œuvre.

M. Barthou a fait connaître qu'il serait entendu aujourd'hui par la commission du Sénat saisie du projet relatif aux prestations. Le ministre doit appuyer le système voté par la Chambre, qui donne aux conseils municipaux la faculté de remplacer les prestations en nature par des centimes additionnels aux quatre contributions directes.


Un véritable tour de force que viennent de réaliser les ingénieurs américains en remplaçant un tablier de pont, de 250 pieds de long et pesant 1,700,000 kilos, sur le chemin de fer de New-York-Pensylvanie, sans interrompre le passage des trains de cette ligne, une des plus actives du monde.

Le- nouveau tablier, avait été construit à côté de l'ancien. Le moment venu de le mettre en place, des rouleaux ont été posés, sous les deux plates-formes. Des câbles attachés aux deux extrémités de celles-ci et tirés par deux puissantes machines a vapeur ont, en deux minutes, entraîné le vieux tablier et fait glisser a sa place te nouveau. Quatorze minutes après, un train passait dessus sans le moindre accident, en présence de milliers de spectateurs. 


LE BRUIT DU JOUR

On n'entend parler que des cures merveilleuses de l'anémie par la Confiture Saint-Vincent-de-Paul, que des guérisons inespérées d'anémiques par l'Élixir Saint-Vincent-de-Paul.

Ces deux produits, dont l'exploitation a été livrée à la pharmacie par les Filles de la Charité, par autorisation spéciale de la Mère générale supérieure de l'ordre, sont en effet les spécifiques absolus contre l'anémie, qu'elle qu'en soit la gravité.

Dépôt général Pharmacie centrale des Grands-Boulevards et toutes pharmacies.

Exiger la marque de fabrique pour éviter les contrefaçons.

Tout comme le Figaro quand il construisit son hôtel, « La New-York », compagnie d'assurances sur la vie, ouvre un concours pour les plans des bétiments qu'elle va faire élever au coin du boulevard des Italiens et de la rue Le Peletier. Ce concours part du 15 novembre ; trois prix (de 10,000, 7,000 et 5,000 francs), seront décernés aux auteurs des trois plans classés les premiers par le jury. « La New-York » veut faire grandement les choses ; elle va doter Paris, comme elle l'a fait pour plusieurs capitales d'Europe, d'un véritable monument. A Paris, la situation de l'hôtel de « La New-York » est admirable et les vrais Parisiens ne peuvent que s'en réjouir.
Le Café Riche, qui occupera une partie importante du nouvel immeuble, y retrouvera certainement son ancienne splendeur. Rien ne sera négligé pour qu'il redevienne, comme autrefois, l'un des premiers établissements de Paris.

Le premier numéro de l’Aurore été publié le 19 octobre 1897.
A TRAVERS PARIS

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